Mitzpe Ramon: la Gay Pride déplacée pour laisser place à une contre-manifestation
Les organisateurs ont déposé une requête auprès de la Haute Cour, dénonçant les menaces présumées de la yeshiva Midbara K'Eden ; la police s’inquiète du maintien de l'ordre public
Les organisateurs d’une marche des fiertés LGBT à Mitzpe Ramon ont déposé une pétition dimanche auprès de la Haute Cour de Justice, la plus haute juridiction israélienne, contre une décision de la police de déplacer l’événement du centre ville vers sa périphérie et d’autoriser une contre-manifestation le long de l’itinéraire original de la marche des fiertés.
La Gay Pride, prévue vendredi, avait été approuvée par la police à la suite d’une demande déposée le mois dernier, selon le site web Ynet.
Mais la semaine dernière, la police a informé les organisateurs qu’elle modifiait l’itinéraire en raison de renseignements indiquant avec « quasi-certitude » que le défilé sur l’itinéraire original causerait « un préjudice grave et sérieux à la sécurité et à l’ordre publics ».
Selon les informations, la yeshiva locale Midbara K’Eden avait demandé la permission d’organiser une manifestation le long d’un tronçon de l’itinéraire initialement approuvé pour la Gay Pride – et l’avait obtenue.
En mai, le directeur de la Midbara K’Eden, le rabbin Tzvi Kustiner, s’est exprimé contre la communauté LGBT, qu’il a qualifiée de « maléfique » et qui regorge, selon lui, de violence et d’agressions sexuelles. Kustiner s’est adressé à ses fidèles : « Ne soyez pas gênés, soyez courageux ! Où que vous travailliez, dites ‘Partisans de la communauté LGBTs rentrez chez vous !’ ou encore ‘Les homosexuels, rentrez chez vous !' ».
Les organisateurs de la Gay Pride ont déclaré à Ynet qu’il « est important de souligner que ce combat a tout à voir avec la démocratie. En Israël, les droits humains fondamentaux sont bafoués ».
Ils ont déclaré que le nouvel itinéraire les conduit vers la périphérie de la ville plutôt que vers les rues du centre ville.
La pétition de la Haute Cour a été déposée au nom des organisateurs de la marche par l’organisation de défense des droits LGBT Keshet, et l’organisation libérale Be Free Israel, qui fait campagne pour un changement de politique sur la religion et l’État. Dans la pétition, les groupes ont écrit que la décision de modifier l’itinéraire de la Gay Pride en raison de la contre-manifestation était « incompatible avec le bon sens ou la loi ».
Les avocats des pétitionnaires ont déclaré dans un communiqué que la modification de l’itinéraire « s’écarte considérablement du devoir de la police de protéger l’ordre public » et que c’est la contre-manifestation qui aurait dû être déplacée.
« Malheureusement, les menaces à l’encontre de la communauté LGBT sont trop souvent utilisées pour justifier le fait de décentraliser la marche loin de l’espace public », ont déclaré les avocats.
Ils ont ajouté que la communauté orthodoxe locale s’efforce d’empêcher la marche d’avoir lieu et que les étudiants de la yeshiva incitent à la haine contre la communauté LGBT en distribuant des tracts, en tagguant des graffitis haineux et en affichant des bannières sur des propriétés privées.
La police a déclaré en réponse aux informations de dimanche que son jugement « est basé à la fois sur les faits et sur les évaluations de la situation, comme dans tout incident, et prend en comptes les activités policières ouvertes et secrètes avant et pendant l’événement. »
Ils ont déclaré que la police n’avait pas encore reçu la pétition et qu’elle ne manquerait pas de répondre au tribunal.
« Nous continuerons de soutenir la liberté d’expression et le droit à manifester, conformément à la loi », a déclaré la police.
L’année dernière, le maire de Mitzpe Rimon, Roni Marom, s’est également prononcé contre la marche annuelle – qui se tenait pour la première fois dans la ville – en affirmant que la communauté LGBT faisait une « erreur » en « externalisant sa sexualité ». La marche a tout de même eu lieu et 300 personnes y ont participé.
Les manifestations d’extrême droite et les groupes religieux s’opposent souvent aux événements LGBT en Israël, notamment à la marche des fiertés de Jérusalem, l’une des plus importantes du pays. L’événement de cette année à Jérusalem s’est déroulé sous haute sécurité après que des menaces ont été proférées à l’encontre de l’un des organisateurs et de législateurs qui avaient déclaré vouloir y participer.
L’intimidation a entraîné l’annulation de la Gay Pride de cette année à Netivot, après qu’une balle a été envoyée à la mère de l’un des organisateurs.
Des Gay Pride sont organisées chaque année dans plusieurs endroits du pays. Tel Aviv organise la plus grande marche, à laquelle participent généralement des dizaines de milliers de personnes. Cette année, elle a eu lieu le 10 juin.
La Midbara K’Eden et son directeur ont récemment été mêlés à une autre controverse lorsque des étudiants qui servent dans Tsahal ont demandé à être dispensés d’un exercice majeur parce qu’une femme officier y participait. Les étudiants auraient consulté Kustiner, qui leur aurait dit de demander la permission de ne pas participer à l’exercice, ce qu’ils ont fait. Leur commandant les y a autorisé.
Bien que les médias aient affirmé que Kustiner avait dit aux soldats de refuser tout ordre de participation, la yeshiva a souligné par la suite qu’il leur avait seulement suggéré de demander la permission d’être exclus et ne leur avait, en aucun cas, dit de faire preuve d’insubordination.