Moins de meurtres dans les communautés arabes d’Israël depuis le 7 octobre
Une plus forte présence policière et une tolérance zéro en matière de troubles à l'ordre public expliquent cette moindre criminalité des gangs – qui pourrait n'être que temporaire
L’année 2023 a été tragique et sanglante pour la société arabe en Israël, en proie à une vague de crimes violents sans précédent et jusqu’à présent sans répit, qui a déjà coûté la vie à 216 personnes.
C’est à un rythme quasi-quotidien que les communautés arabes israéliennes ont été témoins de l’assassinat de leurs membres, victimes d’organisations criminelles et de leurs règlements de comptes et de guerres de territoire – sans compter l’élimination de chefs d’entreprises qui avaient refusé de verser de l’argent en contrepartie d’une prétendue protection. Des familles entières ont été abattues lors de représailles, devant des autorités manifestement impuissantes, incapables de protéger une population qui représente plus de 20 % de toute la population israélienne.
Mais depuis l’attaque choquante du Hamas du 7 octobre dernier, au cours de laquelle 1 200 personnes ont été massacrées dans le sud d’Israël, et la guerre de Tsahal contre le groupe terroriste à Gaza, le nombre d’homicides a significativement chuté au sein de la société arabe israélienne.
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Selon le groupe de défense contre les violences Abraham Initiatives, 198 Arabes ont été tués en Israël entre le 1er janvier et le 7 octobre 2023, soit plus de 22 par mois en moyenne. Au cours du mois et demi qui s’est écoulé depuis le 7 octobre, 18 personnes sont décédées dans des incidents criminels violents, soit une baisse de 54 % sur une base mensuelle.
Yoni Arie est directeur du projet Safe Communities [NDLT : Communautés sûres], pour Abraham Initiatives. Ce dernier met l’accent sur les relations entre Arabes israéliens et policiers dans le but d’en finir avec la criminalité au sein de leur communauté. Lors d’une interview, Arie a noté que 27 Arabes israéliens étaient morts dans des circonstances criminelles violentes dans les 30 jours précédant le 7 octobre, alors que dans les 30 jours suivants, le bilan s’élevait à 13.
Cette forte baisse ne semble pas être le produit du hasard. « Les périodes de crises sécuritaires, comme la guerre, s’accompagnent d’une baisse des taux de criminalité, du moins à court terme », explique le professeur Badi Hasisi, criminologue à l’Université hébraïque de Jérusalem.
Un scénario semblable s’est produit lors de la Seconde Intifada. Hasisi a contribué à la rédaction d’une étude montrant qu’un plus grand nombre d’affaires avaient été classées (c’est-à-dire qu’un ou plusieurs suspects avaient été identifiés et appréhendés) entre 2000 et 2004 au sein des communautés arabes en raison d’une surveillance accrue. Dans le même temps, les performances de la police s’étaient dégradées au sein des communautés à prédominance juive, les forces de l’ordre concentrant leurs efforts sur la lutte anti-terroriste.
Aujourd’hui, comme à l’époque, « la baisse de la violence au sein de la société arabe en Israël est probablement liée à une perception d’une plus grande dissuasion de la part de la police, ce qui signifie que les criminels craignent davantage d’être interpelés », précise Hasisi.
« On a le sentiment que les forces de l’ordre sont partout et que les criminels se sentent moins en sécurité. Ils se sont aperçus que la police appliquait une politique de tolérance zéro, en vertu de laquelle le moindre soupçon d’incident de sécurité est susceptible de donner lieu à une réponse musclée de la part des forces de l’ordre – ce qui est dissuasif. »
Arie, d’Abraham Initiatives, abonde en ce sens. « Les organisations criminelles sont à l’origine de la grande majorité des crimes et violences au sein de la société arabe », explique-t-il.
« La présence policière dans les rues a considérablement augmenté, en particulier dans les villes arabes, de sorte que les criminels ressentent un moindre sentiment d’impunité lorsqu’ils portent des armes et commettent des activités illégales.
« En raison de la guerre et de la situation d’urgence, ils craignent que la police ne soit plus prompte à réagir », ajoute-t-il. « Les meurtres liés à des querelles ou rivalités au sein des organisations criminelles ont également diminué. »
« Le pays tout entier, Juifs comme Arabes, est en état de choc depuis le 7 octobre. Mais il n’y a que l’argent qui intéresse les criminels : ils font des affaires, pour ainsi dire. À l’heure actuelle, ils sont probablement en train de s’adapter à la nouvelle réalité », souligne Arie.
Évoquant des magasins incendiés par des organisations entre autres actes d’intimidation ou de violence perpétrés depuis le 7 octobre, il ajoute que le crime organisé n’a pas cessé ses activités. « Le problème n’est pas réglé, mais les chiffres témoignent d’une nette différence entre avant et après le 7 octobre », souligne Arie.
Pour le criminologue Hasisi, il y a cependant des signes que les choses pourraient revenir à la situation d’avant-guerre, car le nombre des fusillades et des meurtres a repris ces deux dernières semaines.
« Les experts ne savent pas de quelle façon la situation va revenir à ce qu’elle était avant le 7 octobre, mais tout le monde est d’accord sur la question », conclut M. Arie. « Personnellement, je pense qu’il y aura une augmentation progressive des crimes violents, d’autres pensent qu’il va y avoir un sursaut brutal. C’est difficile à prévoir. »
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