Mort d’Abu Akleh: Lapid déplore les enquêtes « biaisées » de CNN et de l’AP
Dans un entretien avec Anthony Blinken, le ministre des Affaires étrangères a aussi répété qu'Israël partagera les résultats de ses propres investigations avec les États-Unis
Le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid a dénoncé vendredi les enquêtes menées par l’Autorité palestinienne et par CNN sur la mort de la journaliste d’Al-Jazeera, Shireen Abu Akleh, évoquant des investigations « biaisées ».
Les deux chefs de la diplomatie ont parlé de l’escalade récente des violences au sein de l’État juif, qui a compris la mort d’Abu Akleh et l’indignation entraînée par les agissements de la police israélienne pendant les funérailles de la journaliste, le 13 mai 2022.
Lapid s’est opposé « à l’enquête biaisée sur sa mort qui a été effectuée par l’Autorité palestinienne, ainsi qu’aux dites ‘investigations’ qui ont été menées par CNN », selon un compte-rendu israélien de l’entretien téléphonique.
Lapid a aussi souligné qu’Israël partagera les résultats de sa propre enquête sur la mort de la journaliste avec les États-Unis, comme c’est la pratique standard entre les deux pays.
Le département d’État américain a indiqué, dans un communiqué consacré à l’appel téléphonique, que Blinken « a souligné l’importance de terminer l’enquête ouverte sur la mort de la ressortissante américano-palestinienne Shireen Abu Akleh. »
Ces protestations de Lapid surviennent alors que les enquêteurs palestiniens ont déterminé qu’une balle tirée par les troupes israéliennes avait tué Abu Akleh. Ils ont accusé les soldats de l’avoir tuée à dessein pendant des affrontements avec des hommes armés palestiniens à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.
Israël, de son côté, a déclaré qu’il était impossible de dire pour le moment si le tir fatal avait été israélien ou palestinien et le pays a rejeté avec force la possibilité que les soldats aient pris intentionnellement la journaliste pour cible.
« Toute affirmation laissant entendre que l’armée israélienne viserait délibérément des journalistes ou des personnes non-impliquées dans des activités de terrorisme est un mensonge à la fois grossier et flagrant », s’est insurgé le ministre de la Défense, Benny Gantz, dans un communiqué.
Gantz a ajouté que l’État juif regrettait mort d’Abu Akleh, notant que l’armée est actuellement en train de mener sa propre enquête, et il a répété la demande soumise par Israël qui réclame que la balle qui a tué la journaliste soit remise à ses services pour une analyse balistique de manière à ce qu’il soit possible de déterminer de manière définitive le tireur à l’origine du drame.
Tsahal a indiqué avoir besoin d’accéder à la balle, que détient d’Autorité palestinienne, pour déterminer si Abu Akleh a été tuée par une balle tirée par un soldat israélien ou par une balle tirée par un Palestinien armé. Une requête qui a été rejetée par l’Autorité palestinienne qui exclut toute collaboration dans ces investigations, citant la méfiance – le tout dans un contexte d’indignation internationale suite à la mort de la journaliste très populaire.
Abu Akleh a été tuée, au début du mois, alors qu’elle couvrait des heurts violents entre soldats et hommes armés palestiniens pendant un raid israélien dans la ville de Jénine, en Cisjordanie.
Les investigations menées par CNN, qui ont été publiées jeudi, ont suggéré que l’armée israélienne avait intentionnellement visé Abu Akleh. Le reportage de CNN a dit avoir analysé des enregistrements et des vidéos et avoir entendu les témoignages apportés par les personnes présentes à ce moment-là, et avoir ultérieurement déterminé que la journaliste avait été ciblée à 200 mètres de distance. Les témoins ont indiqué qu’ils pensaient que l’attaque avait été intentionnelle – l’armée a rejeté cette accusation, la qualifiant « d’entièrement infondée ».
Les États-Unis, de leur côté, ont fait savoir qu’ils n’ouvriraient pas leur propre enquête sur la mort d’Abu Akleh, qui avait la citoyenneté américaine, a confié un responsable de l’administration Biden au Times of Israel, la semaine dernière.
Les États-Unis continueront, à la place, à conseiller le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne dans leurs investigations respectives sur cet incident du 11 mai. « Nous les aidons à réexaminer la manière dont ils enquêtent », a ajouté l’officiel qui a refusé de donner davantage de détails sur l’incident.
Lapid et Blinken ont également évoqué les efforts communs à livrer pour relever les défis qui se posent à l’international – ils se sont notamment entretenus sur la menace posée par l’Iran et par ses groupes mandataires, a fait savoir le porte-parole du département américain Ned Price. Blinken a fait part encore une fois de l’engagement de l’administration Biden en faveur de la sécurité d’Israël et il a souligné le soutien apporté par les Américains à la solution à deux États.
Pour sa part, Lapid a fait part à Blinken de son « choc » après le massacre commis dans une école élémentaire d’Ulvade, au Texas, en date du 24 mai et il a transmis au nom de l’État d’Israël ses condoléances au peuple américain suite aux fusillades récentes qui ont eu lieu au Texas et à Buffalo, a expliqué le ministère des Affaires étrangères.
Les deux hommes ont aussi parlé de la prochaine visite du président Joe Biden en Israël et des possibilités de progrès régional dans les secteurs de la sécurité, de l’économie et dans les liens entre les différentes populations du Moyen-Orient, a continué le ministère. Ils ont aussi parlé des défis qui restent à relever et notamment de la menace iranienne et de celle posée par ses groupes mandataires.