Les États-Unis ne mèneront pas leur propre enquête sur le meurtre d’Abu Akleh
Un responsable de l'administration Biden a rejeté l'appel de 57 Démocrates à lancer une enquête du FBI, mais espère que l'AP partagera ses résultats avec Israël
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
WASHINGTON – Les États-Unis ne mèneront pas leur propre enquête sur le meurtre de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh, une citoyenne américano-palestinienne, a déclaré jeudi un responsable de l’administration Biden au Times of Israel.
Cependant, les États-Unis continueront à conseiller le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne dans leurs enquêtes respectives sur l’incident du 11 mai. « Nous les conseillons sur leur manière d’enquêter », a déclaré le fonctionnaire, refusant de s’étendre davantage sur la question.
Israël enquête sur l’incident mais affirme que seule une analyse balistique de la balle – détenue par l’AP – et des armes des soldats peut déterminer qui a tiré le coup fatal. L’Autorité palestinienne a refusé de remettre la balle, affirmant qu’elle ne faisait pas confiance à Israël et rappelant les cas précédents de meurtres commis par des soldats qui n’ont été que peu ou pas punis.
Néanmoins, les États-Unis espèrent que l’AP partagera ses « preuves » avec Israël, a déclaré le responsable de l’administration lorsqu’il a été interrogé au sujet de la balle.
L’AP a annoncé jeudi que ses enquêteurs avaient conclu que la balle mortelle avait été tirée délibérément par un soldat israélien. Le procureur général de l’AP, Akram Khatib, a déclaré lors d’une conférence de presse que les preuves médico-légales indiquaient qu’Abu Akleh avait été mortellement touchée par derrière alors qu’elle tentait de s’enfuir pour échapper à des rafales de tirs israéliens. Cependant, aucune preuve n’a été présentée ; Israël a immédiatement rejeté ces conclusions.
Tsahal devrait annoncer les résultats de sa propre enquête dans les prochains jours, a déclaré un responsable israélien, tout en précisant qu’ils ne seraient probablement pas définitifs étant donné que la balle est toujours en possession de l’AP. Quoi qu’il en soit, la police militaire n’ouvrira pas sa propre enquête car les procureurs ne pensent pas qu’il y ait de soupçon d’activité criminelle de la part des soldats, a confirmé le responsable israélien.
L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Mike Herzog, a déclaré au début du mois qu’Israël était prêt à mener une enquête conjointe avec l’AP et que les États-Unis pourraient s’y joindre en tant qu’observateur, étant donné qu’Abu Akleh était également citoyenne américaine.
Mais le porte-parole du département d’État, Ned Price, a indiqué mercredi que les États-Unis préféraient que les parties enquêtent chacune de leur côté et ne transmettent leurs conclusions que lorsqu’elles seront définitives.
« Nous avons clairement fait savoir aux autorités israéliennes et palestiniennes que nous attendons des enquêtes qu’elles soient transparentes et impartiales – un compte rendu complet et approfondi des circonstances du meurtre de Shireen Abu Akleh », a déclaré Price lors d’une conférence de presse. « Nous avons fait savoir à nos partenaires que nous attendons d’être informés de l’état de l’avancement de leurs enquêtes. Nous souhaitons que les responsables rendent des comptes. »
Le rejet par le fonctionnaire de l’administration Biden d’une enquête américaine risque de décevoir les membres progressistes du Congrès, dont 57 ont écrit une lettre au secrétaire d’État Antony Blinken et au directeur du FBI Chris Christopher Wray vendredi dernier pour demander à leurs bureaux d’ouvrir une enquête sur le meurtre d’Abu Akleh.
« L’armée israélienne a affirmé que les victimes avaient été prises entre deux feux, entre des tireurs palestiniens et les soldats israéliens. Cependant, des médias et des témoins oculaires ont fourni des informations contraires… [affirmant] qu’il n’y avait pas d’affrontements ou de fusillades en cours dans les environs », ont écrit les membres de la Chambre, affirmant que « la situation précaire dans la région et les rapports contradictoires entourant » la mort d’Abu Akleh justifiaient une enquête américaine indépendante.
En réponse à cette affirmation, l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Michael Herzog, a déclaré qu’elle était « le fait d’individus avec des priorités claires » et que des « preuves fiables » confirmaient « l’échange de tirs ».