Nasrallah prévient qu’une guerre contre l’Iran s’étendra au-delà du pays
Le chef du Hezbollah a qualifié "l'accord du siècle," de "crime historique"; Les Etats-Unis prêts à parler à l'Iran "sans conditions préalables"

Le chef du mouvement terroriste chiite libanais du Hezbollah a prévenu vendredi que toute guerre contre l’Iran affecterait l’ensemble du Moyen-Orient, alors que les tensions grandissent entre Washington et Téhéran.
Le président américain Donald « Trump, son administration et ses services de renseignement savent très bien que toute guerre contre l’Iran ne restera pas confinée aux frontières de l’Iran », a mis en garde Hassan Nasrallah.
« Toute guerre contre l’Iran signifiera que toute la région s’embrasera », a ajouté le chef du mouvement terroriste soutenu par l’Iran lors d’un discours télévisé. « Et toutes les forces américaines et intérêts américains seront sanctionnables ».
Créé au début des années 1980, le Hezbollah a mené plusieurs guerres contre Israël dans le sud du Liban.
Dans son allocution, Nasrallah s’en est également pris au plan de paix proposé par les Etats-Unis pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, que M. Trump a qualifié d’ « accord du siècle ».
« Notre devoir est de nous opposer à ‘l’accord du siècle’ « , déjà rejeté par les Palestiniens, a lancé le chef du Hezbollah. « C’est un accord vide (…), un crime historique ».
Des milliers d’Iraniens ont participé à des manifestations anti-Israël vendredi pour soutenir la cause palestinienne et rejeter le plan américain.
Le sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a apporté samedi son soutien aux Palestiniens avant la présentation d’un plan de paix américain jugé favorable à Israël et réconforté l’Arabie saoudite après des attaques qui ont ravivé la tension dans la région.
Dans un communiqué à l’issue de ses travaux dans la ville sainte de La Mecque, en Arabie saoudite, le sommet a dénoncé le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem reconnue par les Etats-Unis comme capitale d’Israël.
La rencontre de l’OCI a également appelé ses 57 membres à « boycotter » les pays qui ont ouvert des ambassades à Jérusalem. L’OCI a d’autre part souligné, dans son communiqué, que « la paix et la stabilité dans la région du Proche-Orient ne seront atteints qu’avec le retrait d’Israël des territoires occupés en 1967 ».

C’est le gendre et conseiller du président américain, Jared Kushner, qui a ébauché le plan de paix longuement attendu. Ses aspects économiques doivent être présentés le mois prochain lors d’une conférence à Bahreïn, ses éléments politiques restant pour l’instant inconnus.
Jared Kushner avait confirmé début mai que « l’accord ultime » ne devrait pas faire référence aux « deux Etats » pourtant au coeur de la diplomatie mondiale depuis des années.
Les Nations Unies ont annoncé vendredi qu’elles ne prendraient pas part à la conférence prévue les 25 et 26 juin à Manama.
Les dirigeants palestiniens, eux non plus, ne feront pas le déplacement, estimant que Washington n’est pas un interlocuteur crédible à cause de son soutien sans faille à l’Etat hébreu.
La conférence de Manama est une occasion d’ « encourager le soutien à des investissements et initiatives économiques potentiels qui pourraient être rendus possibles par un accord de paix », selon Washington.
Ces investissements seraient financés par les pays arabes du Golfe alliés des Etats-Unis et qui s’opposent, comme Israël, à l’Iran.
Jusqu’ici, seuls l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis parmi les pays de la région ont annoncé leur intention de participer à cette conférence.
Le processus de paix israélo-palestinien est au point mort depuis 2014. Et les dirigeants palestiniens boycottent l’administration Trump depuis qu’elle a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017.
Les Etats-Unis de Donald Trump ont de leur côté fait dimanche un nouvel appel du pied en direction de l’Iran, assurant être prêts à entamer un dialogue « sans conditions préalables » mais sans toutefois renoncer à leurs sanctions.
C’est en Suisse, pays qui représente les intérêts américains en Iran en l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays ennemis, que le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, réputé être un faucon sur ce dossier, a semblé assouplir légèrement la position de Washington après des semaines d’escalade des tensions.
« Nous sommes prêts à engager une discussion sans conditions préalables. Nous sommes prêts à nous asseoir autour d’une table avec eux », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse avec son homologue suisse Ignazio Cassis dans l’impressionnant site médiéval de Castelgrande, niché dans les Alpes à Bellinzone, chef-lieu du canton italophone du Tessin.
Il répondait au président iranien Hassan Rouhani, lequel a affirmé samedi que des négociations avec les Etats-Unis ne pourraient se tenir que dans le « respect » et pas en réponse à un « ordre » américain.
Mike Pompeo a toutefois aussi prévenu que « l’effort américain visant à stopper radicalement les activités néfastes de la République islamique et de sa force révolutionnaire » se poursuivrait. Autrement dit, Washington n’entend pas alléger sa campagne de « pression maximale » sur Téhéran.
De même, il a réitéré que cette « discussion » avec les dirigeants iraniens ne pourrait en fait avoir lieu que s’ils décident de « se comporter comme une nation normale ».
« Les vrais défis en Iran ne sont pas provoqués par nos sanctions économiques, ils sont provoqués par 40 ans de régime islamique qui ne prend pas soin de sa population mais qui préfère utiliser ses ressources pour détruire des vies », a-t-il martelé.
C’est néanmoins la première fois que l’administration Trump, qui s’est retirée il y a plus d’un an de l’accord international sur le nucléaire iranien et multiplie depuis les sanctions économiques et la pression diplomatique et militaire pour faire plier son ennemi numéro un, dit aussi clairement qu’elle est prête à engager le dialogue sans conditions préalables.