Nasrallah reconnaît que le Hezbollah a subi un coup « sans précédent », promet de poursuivre les combats
Alors que Hassan Nasrallah entamait son discours, l'aviation israélienne a mené une série de raids à travers le pays, et a provoqué des détonations à Beyrouth en passant le mur du son
Le secrétaire général du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prononcé jeudi en fin d’après-midi son discours, annoncé et prévu depuis la veille. Il s’agit de sa première prise de parole publique depuis les explosions de moyens de communication du Hezbollah, survenues mardi et mercredi. Si le discours était attendu, les interventions de Nasrallah, prononcées depuis des lieux secrets et isolés, sont généralement longues, reprenant toujours la même réthorique belliqueuse et anti-Israël, mais peu riches en annonces précises. Celle-ci, d’une durée d’une heure, n’a pas fait défaut.
« Ce qui m’a poussé à parler aujourd’hui, ce sont les événements qui se sont déroulés au cours des deux derniers jours, et cela requiert des paroles, une évaluation et une prise de position », a-t-il lancé au début de son discours.
S’adressant aux blessés et leur souhaitant un bon rétablissement, il a ajouté : « Les hôpitaux sont surchargés par le nombre de blessés ces derniers jours. Je remercie tous ceux qui ont donné leur sang dans toutes les régions et tous ceux qui ont participé à transporter les blessés. »
« Nous avons assisté à un grand massacre dans tout le pays, un massacre sans précédent », a-t-il affirmé. « C’est une guerre, c’est un conflit. Nous savons que l’ennemi, non seulement Israël mais aussi les États-Unis et l’OTAN, possède une supériorité technologique », a-t-il dit.
« Nous remercions le gouvernement libanais, le ministère de la Santé, les hôpitaux, les centres de santé, les institutions de soins de santé, les médecins et les infirmiers. Nous remercions le gouvernement syrien qui nous a ouvert ses hôpitaux et aidés. »
« Les Israéliens ont enfreint toutes les règles d’affrontement » avec les opérations des moyens de communication piégés, estimant qu’en l’espace de deux jours et en à peine une minute à chaque fois, Israël a tenté de tuer plus de 5 000 personnes, « dont de nombreux civils » – bien que les appareils semblent avoir été distribués par le Hezbollah uniquement à ses membres.
« Ce qui s’est passé mardi […] constitue un dépassement de toutes les lois et lignes rouges, sans égard pour quoi que ce soit, ni sur le plan humanitaire ni sur le plan éthique », a-t-il accusé.
Il a déclaré que l’objectif d’Israël avait été « en grande partie entravé ».
« Nous avons constitué des commissions d’enquête techniques et sécuritaires, et nous étudions toutes les hypothèses. Nous avons presque atteint une conclusion, mais ce dossier est encore en cours d’investigation et de suivi minutieux, que ce soit au niveau de l’entreprise, de la fabrication, du transport, des procédures au Liban ou de la distribution. Lorsque nous parviendrons à une conclusion, des mesures appropriées seront prises en conséquence. »
« Oui nous avons reçu un coup dur et sévère », a-t-il reconnu.
« Nous adopterons les appellations ‘massacre du mardi’ et ‘massacre du mercredi’. Beaucoup de désastres ont été évités, car de nombreuses blessures étaient légères, et un certain nombre de ces bipeurs étaient éteints, tandis que d’autres n’avaient pas encore été distribués. »
« L’ennemi a utilisé un dispositif civil répandu dans différentes couches de la société et a réitéré cette action mercredi en faisant exploser des appareils de communication, sans se soucier des endroits où ils se trouvaient. Certaines explosions se sont produites dans des hôpitaux, des marchés, sur des routes publiques, dans des maisons, et dans des lieux principalement occupés par des civils. »
« Nous ne tomberons pas. Nous deviendrons plus forts et nous nous préparerons à affronter pire », a-t-il déclaré.
« Depuis le premier jour, l’ennemi tente de stopper le front de soutien libanais en utilisant tous les moyens d’intimidation. La tentative de séparer le front libanais de celui de Gaza, ainsi que les multiples menaces de guerre totale, sont récurrentes. Les opérations récentes s’inscrivent dans ce contexte. »
« Nous disons à l’ennemi [Israël] : le front libanais ne s’arrêtera pas avant la fin de la guerre à Gaza ! Cela fait bientôt douze mois qu’on le dit. Malgré tous ces massacres, ces blessés, ces sacrifices, je le dis : quels que soient les obstacles et les sacrifices, la résistance au Liban n’arrêtera pas son soutien à Gaza, à la Cisjordanie et à la Palestine ! »
« Les blessés manifestent leur force et leur envie de retourner sur le terrain une fois rétablis. Et ça, c’est une riposte à l’ennemi ! », a-t-il affirmé. « L’ennemi sait que ce qu’il a fait n’ébranle ni notre organisation, ni notre force, ni notre détermination. Au contraire, cela nous renforce davantage. »
« Il ne fait aucun doute que le Hezbollah, depuis qu’il a rejoint le combat, a enregistré des succès impressionnants dans le nord d’Israël », a-t-il ajouté, affirmant que les attaques « criminelles » contre les appareils du Hezbollah avaient été menées par Israël pour dissimuler une prétendue incapacité à réaliser une percée militaire contre le Hezbollah dans le nord, où il est « empêtré dans une guerre d’usure ».
« Nous disons au [Premier ministre Benjamin] Netanyahu, au [ministre de la Défense Yoav] Gallant et au peuple israélien : nous ne cesserons pas nos attaques tant que l’ennemi n’arrêtera pas sa guerre à Gaza. »
« Vous ne réussirez pas à ramener les citoyens du nord chez eux. Faites ce que vous voulez, vous n’y parviendrez pas. La seule solution est d’arrêter l’agression contre les habitants de Gaza. Ni l’escalade militaire, ni les meurtres, ni même la guerre totale ne ramèneront vos colons et vos habitants à la frontière ! Vous le savez. »
« Le commandant de la région nord, un imbécile, a proposé de créer une zone de sécurité […] Si vous pensez dresser une ceinture de sécurité autour de la résistance et vous croyez limiter les combats à cette zone, vos centres militaires seront visés dans le nord de la Palestine occupée [Israël]. Et même plus loin ! Ça sera pour vous un piège, un gouffre et un enfer ! »
Le chef du commandement du Nord, Ori Gordin, a recommandé en début de semaine la mise en place d’une zone tampon à ma frontière entre les deux pays.
« Il ne fait aucun doute que l’agression qui a eu lieu est une agression majeure et sans précédent, qui sera confrontée à des représailles sévères et à une punition juste, là où ils s’y attendent et là où ils ne s’y attendent pas », a promis Nasrallah. « Je ne vais pas parler ni de temps, ni de lieu, ni de type d’opération. Mais bien sûr que le châtiment viendra. Quand, où, comment ? Vous le saurez le moment venu. Nous n’en parlerons pas ici. »
Alors que Nasrallah entamait son discours, l’aviation israélienne a mené une série de raids à travers le pays, et notamment dans le sud, à la frontière entre les deux pays. Ces frappes ont notamment visé Jennata, Deir Kanoun el-Nahr, Mjadel, Markaba, Qabrikha, Bani Hayan, Mansouri, Deir Amess, Hasis, Deir Antar, Haniyé, Zebqine, Froun, et Rab el-Talatine, selon le journal libanais francophone L’Orient-Le Jour. Beyrouth a aussi été survolé à basse altitude, provoquant de fortes détonations au passage du mur du son.
Over Beirut Now https://t.co/Dzcd5Xz5ws pic.twitter.com/YkflrFEw4k
— ???????????????????????????????????????????? (@MarioLeb79) September 19, 2024
غارة تستهدف اطراف بلدة دير قانون النهر في قضاء صور pic.twitter.com/U8usxJCsob
— مصدر مسؤول (@fouadkhreiss) September 19, 2024
Au sujet de ces frappes, l’armée israélienne a déclaré : « L’organisation terroriste du Hezbollah a transformé le sud du Liban en zone de guerre et a armé pendant des décennies les maisons des citoyens, creusé des tunnels sous celles-ci et les a utilisées comme boucliers humains. L’armée israélienne s’efforce de créer la sécurité dans le nord qui permettra aux habitants de rentrer chez eux et d’atteindre tous les autres objectifs de guerre. »
Dans le même temps, le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant général Herzi Halevi, a procédé à une évaluation et approuvé les plans de bataille pour le front nord, a déclaré l’armée.
Suite au discours de Nasrallah, le commandant du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé de l’Iran, Hossein Salami, a dit au chef du Hezbollah, selon les médias d’État, qu’Israël devra faire face à « une réponse écrasante de l’axe de la résistance ».
L’Iran est le principal soutien du Hezbollah et l’appellation « axe de la résistance » fait référence aux mandataires terroristes de Téhéran dans la région, qui sont alignés contre Israël. L’ambassadeur d’Iran au Liban figurait parmi les blessés après que les bipeurs du groupe terroriste chiite libanais ont explosé mardi.