Netanyahu avertit ses ministres de bien peser leurs mots pour aborder la guerre
Le Premier ministre met en garde le cabinet : "si vous ne savez pas, ne dites rien", car les remarques de certains élus semblent nuire à la légitimité internationale d'Israël
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a demandé dimanche à ses ministres de bien peser leurs mots dans leurs propos publics sur la guerre d’Israël contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« Chaque mot est lourd de sens sur le plan diplomatique. Si vous ne savez pas, ne dites rien », a déclaré le Premier ministre lors du Conseil des ministres de dimanche.
« Nous devons faire preuve de sensibilité », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre faisait référence aux récentes déclarations de ministres considérés comme ayant porté atteinte à la légitimité internationale d’Israël.
Le ministre de l’Agriculture, Avi Dichter, a déclaré samedi à la Douzième chaîne que la guerre était « la Nakba de Gaza » – le mot en arabe pour « catastrophe » que de nombreux Arabes ont utilisé pour décrire le déplacement des Palestiniens au cours de la Guerre d’Indépendance de 1948.
Ce terme a été largement utilisé par les commentateurs arabes pour décrire les ravages causés par la guerre, mais son utilisation par un ministre israélien alimente les allégations selon lesquelles Israël tente de chasser la population civile palestinienne de Gaza. Jérusalem insiste sur le fait qu’elle n’a pas de tels projets.
Lorsqu’on lui a demandé si les habitants de Gaza pourraient rentrer chez eux après la guerre, Dichter, ancien chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, avait répondu : « Je ne sais pas comment cela va se terminer. Il ne faut pas oublier que Gaza City occupe environ un tiers de la bande. La moitié de la population, mais un tiers de la bande ».
Le ministre du Patrimoine, Amichaï Eliyahu, avait fait des vagues dans les médias internationaux la semaine dernière lorsqu’il avait suggéré qu’une des options d’Israël dans la guerre contre le Hamas pourrait être de larguer une bombe nucléaire sur Gaza, des propos que Netanyahu a rapidement désavoués, avant de le suspendre des réunions du cabinet.
Eliyahu, membre d’Otzma Yehudit, le parti du ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’exprimait en réponse à une question posée lors d’une interview à la radio.
« Vous vous attendez à ce que nous lancions demain matin une sorte de bombe nucléaire sur l’ensemble de la bande de Gaza, en l’aplatissant, en éliminant tout le monde… », a déclaré l’intervieweur de la station de radio Kol Berama.
« C’est une option », avait répondu Eliyahu. « Une autre façon est de déterminer ce qui est important pour eux, ce qui les effraie, ce qui les dissuade. »
Par ailleurs, plusieurs ministres ont déclaré qu’Israël pourrait ou devrait envisager de reconstruire des implantations dans la bande de Gaza, contredisant une fois de plus la position officielle selon laquelle Israël n’a aucune intention de réoccuper Gaza à long-terme.
Les observateurs s’attendent à ce que les appels au cessez-le-feu s’intensifient au fur et à mesure que les semaines passent et que les pertes civils augmentent. Israël a déclaré la guerre au Hamas après que quelque 3 000 terroristes ont fait irruption à la frontière depuis Gaza et ont massacré 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et en ont enlevé au moins 240 otages, le 7 octobre.
Jérusalem considère le soutien mondial – et celui des États-Unis en particulier – comme crucial pour ses efforts visant à démanteler le Hamas dans la bande de Gaza, et a de plus en plus autorisé l’aide humanitaire et les corridors de circulation pour les civils au milieu des combats.
Samedi, le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que les forces terrestres, avec le soutien de l’aviation et de la marine, « approfondissaient » les opérations Gaza City. Il a déclaré que le Hamas perdait le contrôle du nord de la bande de Gaza, les civils évacuant la zone « contre les instructions » du groupe terroriste, et a noté que quelque 200 000 personnes avaient quitté le nord de la bande de Gaza au cours des trois derniers jours.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.