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Amichaï Eliyahu: « Atomiser Gaza est une option » ; Netanyahu le suspend des réunions

Le ministre du Patrimoine a demandé "pourquoi la vie des otages serait plus importante que celle des soldats" avant de tenter d’expliquer ses propos

Le ministre du Patrimoine Amichaï Eliyahu arrivant à une réunion au Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 29 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le ministre du Patrimoine Amichaï Eliyahu arrivant à une réunion au Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 29 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le ministre du Patrimoine Amichaï Eliyahu a déclaré dimanche que l’une des options d’Israël dans la guerre contre le Hamas serait de larguer une bombe nucléaire sur la bande de Gaza, dans des commentaires qui ont été rapidement désavoués par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a également suspendu le ministre des réunions du cabinet.

Interrogé lors d’une interview avec Radio Kol Berama sur l’opportunité de larguer une bombe atomique sur l’enclave, le ministre du Patrimoine Amichai Eliyahu a déclaré que « c’est l’une des possibilités ».

Eliyahu, du parti d’extrême-droite d’Itamar Ben Gvir, ne fait pas partie du cabinet de sécurité qui est impliqué dans la prise de décision en temps de guerre, et il n’a pas non plus d’influence sur le cabinet de guerre qui dirige la guerre contre le groupe terroriste du Hamas.

Lorsqu’on a fait remarquer au ministre que plus de 240 otages étaient actuellement détenus dans la bande de Gaza, Eliyahu est revenu sur ses propos.

« Je prie et j’espère qu’ils reviendront, mais il y a un prix à payer en temps de guerre », a-t-il déclaré. « Pourquoi la vie des personnes enlevées, dont je souhaite vraiment la libération, est-elle plus importante que celle des soldats et des personnes qui seront assassinées plus tard ? »

Eliyahu s’est également opposé à l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza. « Nous n’aurions pas fourni d’aide humanitaire aux nazis » et « il n’y a pas de civils non impliqués dans la bande de Gaza », a-t-il dit.

Des Palestiniens fouillant les décombres d’un bâtiment effondré à la recherche de survivants après une frappe de l’armée israélienne à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 4 novembre 2023. (Crédit : Mahmud Hams/AFP)

Il est également favorable la reprise du territoire de la bande de Gaza et au rétablissement des implantations qui s’y trouvaient avant qu’Israël ne se retire unilatéralement de la zone en 2005. Interrogé sur le sort de la population palestinienne, il estime qu’ils « peuvent aller en Irlande ou dans les déserts ; les monstres de Gaza devraient trouver une solution par eux-mêmes ».

Eliyahu a également déclaré que la partie nord de la bande de Gaza n’avait pas le droit d’exister, ajoutant que toute personne brandissant un drapeau palestinien ou du groupe terroriste palestinien du Hamas « ne devrait pas continuer à vivre sur la surface de la terre ».

Netanyahu s’est empressé de désavouer l’affirmation d’Eliyahu selon laquelle le largage d’une bombe nucléaire sur la bande de Gaza était une possibilité.

 » Les propos d’Amichaï Eliyahu sont détachés de la réalité « , a déclaré Netanyahu dans un communiqué.

« Israël et les forces de défense israéliennes agissent conformément aux normes les plus élevées du droit international afin d’empêcher que des personnes non impliquées ne soient blessées, et nous continuerons à agir de la sorte jusqu’à la victoire. »

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a également condamné les remarques « sans fondement et irresponsables » dans un post sur X, ajoutant qu’il était heureux que « ces personnes ne soient pas en charge de la sécurité d’Israël ».

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a appelé Netanyahu à renvoyer Eliyahu, qualifiant ses commentaires de « remarque horrible et insensée d’un ministre irresponsable. »

« Il a offensé les familles des otages [détenus à Gaza], offensé la société israélienne et porté atteinte à notre réputation internationale », a déclaré Lapid.

« La présence d’extrémistes au sein du gouvernement nous met en danger et compromet la réussite des objectifs de la guerre, à savoir la défaite du Hamas et le retour des otages. »

« Netanyahu doit le renvoyer ce matin même », a déclaré le chef de l’opposition.

Des Israéliens appelant le groupe terroriste du Hamas à relâcher les otages, à Tel Aviv, le 4 novembre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90

Le ministre et chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, a également attaqué les commentaires d’Eliyahu.

« La déclaration inutile et irresponsable d’Eliyahu nuit à la voie et aux valeurs d’Israël, cause de lourds dommages politiques et, pire que tout, ajoute à la douleur des familles de ceux qui ont été enlevés dans leurs maisons », a-t-il écrit sur X.

Le député Mansour Abbas, chef du parti arabe Raam, a déclaré que Eliyahu se faisait l’écho d’un sentiment exprimé par d’autres responsables, et a exprimé ses inquiétudes quant au fait que ses propos déshumanisent les habitants de Gaza.

« Les propos d’Eliyahu sur le bombardement de Gaza avec une bombe atomique ont été entendus dans différentes versions sur les écrans de télévision par d’autres personnes », a déclaré Abbas sur X.

« La déshumanisation et la punition collective sont la voie vers le génocide et les crimes de guerre. Il y aura un jour après la guerre – ce n’est pas la fin de l’histoire et ce n’est pas l’Armageddon », a-t-il écrit. « Je suis sûr et je crois du fond du cœur qu’il y aura toujours la paix et la réconciliation entre les deux peuples. »

Face à l’indignation croissante, le cabinet du Premier ministre a annoncé que Eliyahu était suspendu des réunions du cabinet pour une durée indéterminée. Il n’était pas clair s’il pourrait encore participer aux votes en distanciel.

Des ministres du gouvernement ont déclaré au site d’information Ynet que cette suspension n’avait aucun sens.

« C’est une blague, il n’y a pratiquement pas de réunions du cabinet de toute façon, et la plupart du travail se fait lors de tours de votes par téléphone », a déclaré un ministre sous couvert de l’anonymat.

Une réunion du cabinet prévue pour dimanche a été annulée et aucune autre date n’a été fixée.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprimant lors d’une conférence de presse au ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 28 octobre 2023. (Crédit : Dana Kopel/POOL

Plus tard, Eliyahu a tenté de revenir sur son affirmation, en tweetant « qu’il est clair pour toutes les personnes sensées que la déclaration sur la bombe atomique était métaphorique ».

« Cependant, une réponse forte et disproportionnée au terrorisme est absolument nécessaire, ce qui montrera clairement aux nazis et à leurs partisans que le terrorisme ne paie pas », a-t-il écrit.

« C’est la seule formule que les démocraties peuvent utiliser pour faire face au terrorisme. Dans le même temps, il est clair que l’État d’Israël s’engage à faire tout ce qui est en son pouvoir pour ramener les otages sains et saufs », a écrit Eliyahu.

Le ministre d’extrême-droite a l’habitude de tenir des propos incendiaires et offensants.

Au début de l’année, il avait qualifié le gouverneur de la Banque centrale d’Israël, Amir Yaron, de « sauvage » et a déclaré qu’il causait du tort à l’État d’Israël et qu’il devait être licencié, après que Yaron eut tiré la sonnette d’alarme au sujet du programme controversé de refonte du système judiciaire annoncé par le gouvernement.

En avril, il avait accusé les hauts responsables de la sécurité de s’être « rebellés » contre la coalition.

Le ministre du Patrimoine est le petit-fils du rabbin Mordechaï Eliyahu, ancien grand rabbin séfarade d’Israël, et le fils du rabbin Shmuel Eliyahu, rabbin de la ville septentrionale de Safed et idéologue d’extrême-droite de premier plan.

Le rabbin Mordechaï Eliyahu est connu pour ses déclarations et ses décisions controversées sur la loi juive orthodoxe – ou halakha – dont une qui interdisait la location ou la vente à des Arabes de biens appartenant à des Juifs dans la ville de Safed. Il avait également critiqué le mouvement réformé, la communauté LGBTQ et les femmes servant dans les unités de combat de Tsahal.

Parallèlement, le ministre d’extrême-droite des Finances, Bezalel Smotrich, a affirmé samedi qu’Israël « contrôlera Gaza après la guerre. »

« Je n’investirai pas un shekel dans le bouclier de la zone frontalière de Gaza », a déclaré Smotrich, laissant entendre que cela ne sera pas nécessaire après la fin de la guerre.

« Le plus important est qu’il n’y aura plus de Hamas, que la bande sera sous le contrôle opérationnel de Tsahal pendant des années, et que nous ne reviendrons pas aux mêmes fausses idées », a-t-il déclaré à la Douzième chaîne. « Nous serons là, nous gouvernerons là et nous maintiendrons la sécurité. »

Le ministre des Finances et chef du parti HaTzionout HaDatit Bezalel Smotrich dirigeant une réunion de faction à la Knesset, à Jérusalem, le 23 octobre 2023. (Crédit : Oren Ben Hakoon/Flash90)

Israël a lancé sa guerre contre le Hamas après que le groupe terroriste palestinien a mené un assaut sanglant contre des communautés du sud d’Israël, tuant plus de 1 400 personnes, pour la plupart des civils, et prenant plus de 240 otages, dont des enfants en bas âge et des personnes âgées.

En réponse à ces tueries, Israël a juré d’éradiquer le groupe terroriste et a depuis lors frappé des milliers de cibles du Hamas à l’intérieur de la bande de Gaza par des frappes aériennes et une incursion terrestre en cours, affirmant qu’il s’efforce de réduire au minimum les pertes civiles à Gaza.

Plus de 9 400 Palestiniens auraient été tués au cours de la guerre. Les bilans des morts publiés par le ministère de la Santé, dirigé par le Hamas, ne peuvent être vérifiés de manière indépendante et incluent à la fois des civils et des membres du Hamas tués à Gaza, y compris à la suite de tirs de roquettes ratés par le groupe terroriste lui-même.

On estime à 800 000 le nombre de Palestiniens qui ont fui la ville de Gaza et d’autres zones septentrionales vers le sud, à la suite d’appels répétés d’Israël à l’évacuation, mais des centaines de milliers de personnes restent dans le nord – beaucoup ayant quitté la ville pour ensuite y revenir. Israël mène également des frappes aériennes dans le sud de la bande.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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