Netanyahu fustige Eliyahu qui traite le gouverneur de la Banque d’Israël de « sauvage »
Le ministre du Patrimoine est vivement critiqué pour ses propos accusant Amir Yaron de "salir le nom d'Israël à l'étranger et de nuire à la cote de crédit"
Les propos du ministre du Patrimoine, Amichai Eliyahu (Otzma Yehudit) dimanche matin, traitant le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, de « sauvage », qui portait préjudice à l’État d’Israël et devait être licencié ont été condamnés par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Lors d’une interview à la radio, Eliyahu, a accusé Yaron de « salir le nom d’Israël à l’étranger et de nuire à sa cote de crédit, de nuire à l’économie d’Israël – il devrait être mis à la porte, c’est un sauvage ».
Eliyahu a ajouté lors de son intervention à la station de radio Kol Barama que « cette personne ne continue à exercer ses fonctions que parce que la réforme judiciaire n’a pas été menée à bien ».
Le lien établi par Eliyahu entre le plan de réforme judiciaire du gouvernement et le gouverneur de la Banque d’Israël, nommé par le Premier ministre et approuvé par le cabinet, n’est pas clair. Contrairement à ses affirmations, la cote de crédit d’Israël n’a pas baissé, même si Moody’s a revu à la baisse les perspectives de crédit de l’État hébreu en avril.
Netanyahu a rapidement réagi à ces propos et a tweeté qu’il « condamne catégoriquement les propos du ministre Amichai Eliyahu contre le gouverneur de la Banque d’Israel, un fonctionnaire dévoué qui fait son travail loyalement pour le bien de l’économie israélienne et des citoyens israéliens. »
Quelques heures plus tard, Eliyahu s’est excusé pour sa formulation mais a réitéré ses critiques à l’égard de Yaron. « Le style était inapproprié et je m’en excuse – je n’avais pas encore bu mon premier café du matin », a-t-il déclaré à la radio Reshet Bet de Kan. Le ministre a néanmoins tweeté qu’à son avis, le gouverneur agissait de manière « irresponsable » et essayait de « subvertir la volonté démocratique ».
En réponse à ses critiques, la Banque d’Israël a publié un communiqué indiquant qu’elle et Yaron « continueront à agir de manière professionnelle et à protéger l’économie israélienne ».
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a également condamné les propos d’Eliyahu, les qualifiant « d’inappropriés et déplacés. »
Smotrich a déclaré que « même s’il est légitime d’émettre des critiques, il est important qu’elles soient pertinentes et respectueuses », et a indiqué que son ministère continuait à soutenir pleinement le travail du gouverneur de la banque centrale.
Les remarques d’Eliyahu ont également été largement condamnées par plusieurs personnalités de l’opposition.
Le chef de file de l’opposition, Yair Lapid, a tweeté : « Le legs du ministre du Patrimoine : la grossièreté, l’ignorance et des coups de gueule que personne ne comprend ».
Peu avant la condamnation de Netanyahu, le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a appelé le Premier ministre à « condamner pleinement ces propos honteux et qui sèment la discorde » et l’a accusé de rester silencieux « face à l’incitation de la coalition. »
La chef du parti Avoda, Merav Michaeli, a fait l’éloge de Yaron pour son dévouement à son travail, et a critiqué les législateurs du gouvernement pour l’avoir attaqué « au lieu de s’atteler à faire baisser le coût de la vie. »
Eliyahu est le dernier d’une série de responsables gouvernementaux qui ont fustigé publiquement Yaron, une personnalité nommée à titre apolitique. Yaron s’est retrouvé sous le feu des critiques après avoir averti à plusieurs reprises, y compris dans des interviews en langue anglaise, que les projets de réforme judiciaire du gouvernement nuiraient à l’économie.
Le mois dernier, le député de Yahadout HaTorah, Yisrael Eichler, a demandé la démission de Yaron en raison de la hausse répétée des taux d’intérêt qui n’est pas parvenue à endiguer l’inflation. Il a aussi affirmé que le pouvoir du gouvernement était entre les mains de bureaucrates non-élus.
Eichler avait alors décrété que Yaron devrait être « jugé par le peuple » pour son incapacité à mettre fin à la flambée des prix.
Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, et le député David Bitan, tous deux membres du Likud, ont également critiqué la banque en février, Cohen allant jusqu’à demander l’intervention du gouvernement.
Au mois d’avril, le ministre des Communications, Shlomo Karhi, avait fait savoir que le chef de la Banque d’Israël devait être remplacé par un robot – ce qui avait semblé être une tentative visant à critiquer la hausse des taux d’intérêt par la Banque, une solution qui a semblé préférable à cette dernière face à une autre alternative, celle d’une pause qui aurait permis de constater l’impact de ces augmentations sur l’inflation.
Pour sa part, le gouvernement a été très critiqué pour son absence d’action face à la crise du coût de la vie – choisissant d’accorder sa priorité au projet de réforme controversé du système judiciaire israélien.