Netanyahu et Yaalon rejettent l’appel de Bennett visant à attaquer les tunnels du Hamas
Les dirigeants du Hamas se sont vantés ces derniers jours que des tunnels d’attaque, détruits par l’armée en 2014, peuvent maintenant rejoindre Israël
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Moshe Yaalon ont rejeté un appel du ministre de l’Education Naftali Bennett pour une action préventive d’Israël afin de détruire le réseau de tunnel du Hamas à Gaza, a annoncé la Deuxième chaîne lundi.
Bennett, le chef du parti de droite HaBayit HaYehudi et membre clef du cabinet de sécurité qui prend les décisions, a déclaré lors d’une discussion dans ce forum il y a plusieurs semaines qu’Israël devrait prendre des actions contre les tunnels avant que le groupe terroriste ne lance d’autres offensives.
Le bureau de Bennett a refusé de commenter l’information, a-t-on expliqué sur la Deuxième Chaîne.
Une déclaration lundi du Bureau du Premier ministre n’a pas confirmé ou démenti qu’une discussion sur le sujet avait eu lieu, mais contenait une pointe de critique qu’un tel sujet ait pu fuiter, et insinuait que la fuite venait du personnel même de Bennett.
« Nous ne souhaitons pas commenter les discussions du cabinet en général ni les plans d’opérations de l’armée en particulier. Tous les ministres devraient agir avec responsabilité sans essayer de gagner des voix avec des informations politiques superficielles, qui ne reflètent pas les discussions sérieuses et responsables ayant lieu dans le cabinet », pouvait-on lire dans la déclaration.
De nombreuses informations au cours des derniers jours ont indiqué que le Hamas a reconstruit une bonne partie de son infrastructure de tunnels de terreur à travers la frontière qui avaient été détruits par l’armée israélienne dans la guerre de 2014.
Les dirigeants du Hamas, qui ont vu plusieurs de leurs hommes tués dans une série d’effondrement de tunnels le mois passé, se sont vantés du fait que plusieurs tunnels vont maintenant jusqu’en Israël. Des résidents israéliens habitant à proximité de Gaza ont affirmé avoir entendu des bruits de creusage, et l’armée israélienne a envoyé des équipements lourds vers la zone de la frontière pour chercher les tunnels.
La semaine dernière, le Général Yoav Mordechai, coordinateur des activités du gouvernement dans les territoires (COGAT), a refusé de dire si Israël était impliqué dans les effondrements de tunnels lorsqu’il a été interrogé par l’agence de presse palestinienne Maan.
« Dieu seul le sait, a-t-il répondu. Je conseillerais aux résidents de la bande de Gaza de ne pas s’occuper des tunnels et de s’en éloigner, tout particulièrement après les résultats des derniers jours », a-t-il ajouté.
Les positions de Yaalon et de Netanyahu sur la question de savoir s’il faut cibler les tunnels pourraient maintenant facilement être reprises de leurs déclarations publiques des semaines passées, a noté Udi Segal, un commentateur de la Deuxième chaîne, lundi.
Sur les ondes de la radio publique le 1er février, le ministre de la Défense a déclaré : « Je crois que la menace des tunnels nous est bien connue, personne n’a pensé qu’ils arrêteraient de creuser ou de s’armer ». Il a expliqué que depuis la fin de l’opération Bordure protectrice de l’été 2014, l’armée avait « investi fortement dans des capacités tenues secrètes, à la fois pour la défense et l’attaque ».
Il y a deux semaines, Yaalon a tourné en ridicule une proposition similaire formulée par le chef de l’opposition et de l’Union sioniste Isaac Herzog. Yaalon avait alors déclaré qu’Israël ne se préparait pas à une confrontation violente contre le Hamas, tout comme il ne se préparait à une opération pour détruire l’arsenal de missiles du Hezbollah et le programme de missiles ballistiques de l’Iran.
Bennett a un historique de tentatives de prendre le gouvernement à revers sur des questions sécuritaires, même s’il est membre du cabinet de sécurité restreint. Tout au long du conflit de 2014 entre Israël et le Hamas, il a appelé à engager des actions plus dures contre les terroristes contrôlant Gaza.
Il y a trois semaines, Bennett a déclaré lors d’une conférence tenue par l’Institut de Etudes pour la Sécurité Nationale à Tel Aviv que « la menace principale à la sécurité d’Israël vient non du nord ni du sud, ni des roquettes du Hamas ou du Hezbollah, et même pas de l’Iran. L’impasse diplomatique ne constitue pas non plus la menace principale, mais une impasse dans notre pensée ».
Une source proche de Netanyahu avait alors fustigé ses commentaires déclarant : « Il semble que certaines personnes ne font toujours pas la différence entre un poste de ministre au cabinet et celui d’un commentateur de l’opposition sur Internet ».
« Alors que l’armée, la police et le Shin Bet luttent contre le terrorisme chaque jour et partout, on attend des membres du cabinet qu’ils prennent leur responsabilité et contribuent à un effort partagé, au lieu de supplier afin d’obtenir des votes en lançant des slogans et des attaques populistes contre un gouvernement où ils siègent eux-mêmes », a ajouté la source.
Avi Issacharoff, journaliste au Times of Israel, a souligné ce week-end, dans un article évaluant les capacités et les intentions du Hamas : « L’hypothèse principale à Gaza et en Israël est que le Hamas ne veut pas d’escalade du conflit pour le moment. Pourtant, avant la guerre de 2014, on trouvait dans l’aile militaire du Hamas des partisans d’une « frappe préventive » à travers les tunnels ; les dirigeants à l’étranger, avec Khaled Meshaal à leur tête, les ont arrêtés. Meshaal et ses collègues manquent probablement d’autorité pour arrêter actuellement l’aile militaire, dirigée par Muhammad Deif avec Yahya Sinwar, la météore dans le ciel du Hamas ».