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Netanyahu et Zelensky évoquent le pèlerinage d’Ouman lors d’un entretien

Quelques jours avant l'arrivée de dizaine de milliers d'Israéliens sur le lieu de pèlerinage ukrainien, Israël a demandé à Kiev de garantir que les fidèles auront accès au site

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à gauche, serrant la main du président ukrainien Volodymyr Zelensky au cours d'une conférence de presse conjointe, dans la capitale ukrainienne de Kiev, le 19 août 2019 (Crédit :  Sergei Supinsky/AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à gauche, serrant la main du président ukrainien Volodymyr Zelensky au cours d'une conférence de presse conjointe, dans la capitale ukrainienne de Kiev, le 19 août 2019 (Crédit : Sergei Supinsky/AFP)

Dans un contexte de tensions entraînées par le prochain pèlerinage d’Ouman et par les relations d’Israël avec la Russie, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se sont entretenus pas téléphone, jeudi en fin de journée.

Selon le Bureau du Premier ministre, les deux hommes ont parlé de l’aide apportée par Israël à l’Ukraine et du système d’alerte civile que l’État juif est en train de mettre au point pour le pays qui a été envahi par la Russie.

La livraison du système, qui avait été promis par le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen, a progressé plus lentement que Kiev l’aurait voulu. Il pourrait être initialement déployé, au mieux, au mois d’octobre.

Netanyahu a aussi évoqué l’importance de permettre aux pèlerins juifs désireux d’aller à Ouman pour la fête de Rosh Hashana de se rendre dans la ville pour aller prier sur la tombe du rabbin Nachman de Breslev, un leader hassidique vénéré qui s’était éteint en 1810. Des dizaines de milliers de fidèles devraient faire le déplacement jusqu’à Ouman.

Netanyahu et Zelensky s’étaient entretenus pour la dernière fois à la fin du mois de décembre, alors que Netanyahu reprenait les rênes du pays.

Les mises en garde aux voyageurs du ministère des Affaires israélien, qui déconseillent aux citoyens d’aller en Ukraine, sont toujours en vigueur.

Mais aucune décision définitive n’a été prise concernant la politique de l’Ukraine à l’égard des pèlerins.

Quelques heures avant l’appel téléphonique entre les deux hauts-responsables, l’Ukraine avait critiqué Israël pour la signature d’un accord sur le cinéma qui avait été signé la veille avec la Russie, accusant Jérusalem de « collaboration » et d’aider Moscou à répandre sa propagande.

Au mois d’août, les autorités israéliennes avaient balayé d’un revers de main ce qui ressemblait à une menace formulée par l’ambassadeur ukrainien en Israël qui avait déclaré que Kiev pourrait fermer ses frontières aux pèlerins israéliens se rendant à Ouman en représailles à l’expulsion d’Ukrainiens au sein de l’État juif. Ils avaient estimé que cette menace était sans fondement.

Ces expulsions concernaient, non pas les réfugiés, mais les Ukrainiens venant dans le pays avec un visa de tourisme – lorsqu’Israël soupçonnait qu’ils pouvaient chercher à rester ou à trouver un travail au noir.

Des fidèles sur la tombe du Rabbi Nachman à Oman, en Ukraine. Illustration. (Crédit : Nahoumsabban/CC BY-SA/Wikimedia Commons)

« Il n’y a aucun fondement aux menaces proférées par l’ambassadeur d’Ukraine en Israël au sujet de la fermeture des frontières de l’Ukraine avant le pèlerinage d’Ouman à Rosh Hashana », avait déclaré une source diplomatique non-identifiée, des propos qui avaient été repris par le site d’information Ynet. « Des supérieurs de l’ambassadeur, au sein du gouvernement ukrainien, l’ont dit très clairement aux officiels israéliens. »

Toutefois, un responsable ukrainien a indiqué au Times of Israel que certains, à Kiev, prônaient une réponse plus agressive à l’égard de l’État juif.

Il a ajouté que la déclaration faite par le ministre de l’Intérieur et de la Santé, Moshe Arbel, qui a indiqué que les Ukrainiens seraient protégés, aiderait à apaiser les officiels ukrainiens désireux d’adopter certaines mesures de rétorsion à l’égard d’Israël.

Une source diplomatique israélienne avait accusé, le mois dernier, l’ambassadeur ukrainien Yevgen Korniychuk d’avoir gonflé les chiffres des expulsions de réfugiés ukrainiens présents sur le sol israélien, affirmant que « ce n’est pas la première fois qu’il tente de déclencher une tempête médiatique, portant par conséquence atteinte aux bonnes relations qu’entraînent les deux pays ».

Dans un discours hebdomadaire prononcé au mois d’août, Zelensky avait dit que « les droits des citoyens ukrainiens doivent être garantis » après avoir reçu des informations sur la manière dont ses ressortissants étaient traités dans certains pays étrangers – il n’avait toutefois pas explicitement mentionné Israël.

Le jour suivant, Korniychuk avait établi clairement, dans une déclaration, que le message de Zelensky était adressé à Israël.

L’ambassadeur ukrainien en Israël Yevgen Korniychuk, à son ambassade de Tel Aviv, le 22 mars 2022. (Crédit : Times of Israel)

« Le gouvernement ukrainien ne saurait tolérer l’humiliation de ses citoyens concernant l’entrée en Israël. Nous suspendrons nos programmes de dispense de visa bilatéraux, selon l’article 7 de l’accord intergouvernemental », avait averti Korniychuk.

« Cette possibilité est sur la table du gouvernement », avait-il ajouté. « Il est impensable que nous devions faire tout notre possible pour accueillir des dizaines de milliers d’Israéliens à Ouman, avec des risques sécuritaires élevés et des efforts de logistique considérables, alors que le gouvernement israélien violente nos citoyens qui viennent en Israël dans le cadre d’un traité conclu entre nos deux pays ».

« Si Israël veut être en capacité d’envoyer ses ressortissants comme touristes, notamment à Ouman, je crois que le Premier ministre Benjamin Netanyahu devra personnellement intervenir pour trouver une solution au problème actuel », avait-il continué.

En réponse, Arbel avait nié tout mauvais traitement des Ukrainiens sur le sol israélien.

« La politique d’immigration en Israël salue avec bonheur l’arrivée de touristes du monde entier, et les Ukrainiens en font partie », avait-il expliqué dans un communiqué. « Dans les cas où il y a des soupçons portant sur un éventuel usage d’un visa touristique pour s’établir ou pour travailler illégalement dans le pays, l’Autorité de la population, de l’immigration et des frontières intervient et agit conformément au mandat qui est le sien ».

Il avait fait remarquer que l’État juif avait envoyé des médicaments à l’Ukraine et que son ministère continuait à coopérer avec Kiev dans le secteur de la santé.

Des pèlerins juifs hassidiques se rassemblent devant les gardes-frontières ukrainiens au point de contrôle de Novaya Guta, près de Novaya Guta, en Biélorussie, le 18 septembre 2020. (AP Photo)

Dans le cadre d’un accord bilatéral, les Ukrainiens peuvent entrer sur le territoire israélien et y rester pendant trois mois. En raison de la guerre qui ravage actuellement le pays, Israël a décidé de prolonger les visas de trois mois des réfugiés non-juifs ; une limite qui avait été fixée sur le nombre de ressortissants ukrainiens autorisés à entrer avait été rejetée par la Haute-cour. Les Ukrainiens d’origine juive ont le droit automatique de devenir citoyens d’Israël, conformément aux dispositions de la Loi du Retour.

Selon les données transmises par l’ambassade ukrainienne, dans les six premiers mois de 2023, Israël a expulsé 2 037 citoyens ukrainiens contre 2 075 pour toute l’année 2022, a annoncé le site d’information Ynet.

Korniychuk a confié au Times of Israel qu’environ 10% des Ukrainiens entrant dans le pays avec un visa touristique avaient été expulsés.

Illustration : Un militaire ukrainien du Service des gardes-frontières occupe un poste à Bakhmut, le 9 février 2023, face à l’envahisseur russe. (Crédit : Yasuyoshi Chiba/AFP)

Mercredi également, l’ambassade américaine de Jérusalem a partagé un message du département d’État américain déconseillant aux citoyens des États-Unis de se rendre à Ouman – une ville qui, a-t-il dit, « a connu de multiples attaques russes – au mois de juin encore ».

Cette mise en garde aux voyageurs du département d’État, qui concerne toute l’Ukraine, est de niveau 4 : Ne pas voyager.

« Le département d’État recommande aux citoyens américains de ne pas se rendre en Ukraine », dit l’avertissement. « Cette recommandation s’applique également aux citoyens américains qui envisagent de se rendre à Ouman pour Rosh Hashana, à l’occasion du pèlerinage sur la tombe du rabbin Nachman. »

« L’ambassade américaine de Kiev continue ses activités avec un personnel réduit et elle n’a que des capacités limitées s’agissant de venir en aide aux citoyens américains en Ukraine », précise le message.

Ouman se situe à 200 kilomètres au sud de la capitale de Kiev et attire des milliers de pèlerins à l’occasion de Rosh HaShana, la nouvelle année juive.

Malgré les mises en garde émises en direction des voyageurs, l’année dernière, plus de 20 000 Israéliens avaient fait le déplacement pour le Nouvel An juif.

Des mises en garde qui sont encore en vigueur mais qui ne devraient pas décourager les fidèles.

En 2020, au plus fort de la pandémie de COVID-19, Kiev avait fermé ses frontières au mois de septembre pour éviter une épidémie en amont de Rosh HaShana. Des milliers de pèlerins s’étaient rendus en Biélorussie, un pays voisin, pour tenter de traverser la frontière vers l’Ukraine. Ils avaient été bloqués par les autorités.

Kiev et Jérusalem ont aussi connu des tensions avec la politique mise en œuvre par l’État juif pour soutenir l’Ukraine et acheminer des aides. Même si le pays a fourni de l’aide humanitaire au pays assiégé et qu’il travaille également sur le système d’alerte anticipé qui préviendrait les Ukrainiens en amont des tirs de roquette russes, Israël a refusé de livrer des armes à l’Ukraine – même à des fins exclusivement défensives, comme avec des systèmes d’interception de missile. Une politique qui a été largement considérée comme une manière de ne pas froisser Moscou. La Russie contrôle actuellement une grande partie de l’espace aérien en Syrie, et Israël veut conserver une liberté d’action dans le ciel syrien de manière à empêcher l’Iran et ses groupes mandataires d’ancrer leur présence sur ce territoire.

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