Netanyahu : La CPI n’empêchera pas Israël de construire en Cisjordanie
Le Premier ministre salue la volte-face de Washington sur la légalité des villes israéliennes au-delà de la Ligne verte, et souhaiterait la victoire de Trump en 2020
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré mercredi que la décision de la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) de lancer une enquête sur les crimes de guerre qui auraient été commis en Cisjordanie, y compris la construction d’implantations dans cette région, n’empêchera pas Israël de poursuivre l’expansion de ces villes israéliennes.
« Cela ne nous dissuadera pas – pas le moins du monde », a-t-il dit, se référant à l’annonce faite par Fatou Bensouda le 20 décembre selon laquelle elle a trouvé « une base raisonnable pour procéder à une enquête sur la situation en Palestine ».
Dans sa déclaration, qui faisait suite à un examen préliminaire de cinq ans, la procureure a déterminé que les implantations israéliennes dans les territoires revendiqués par les Palestiniens pouvaient constituer un crime de guerre.
Netanyahu a fait ces commentaires lors d’une conférence de partisans des implantations en reconnaissance de la récente déclaration du Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo sur la légalité des implantations israéliennes.
« La déclaration de Pompeo est la réponse appropriée à la décision scandaleuse de la Cour pénale internationale de La Haye d’enquêter sur la politique des implantations en Judée et en Samarie, qui, de façon éhontée, est considérée comme un crime de guerre », a-t-il dit, en faisant référence à la Cisjordanie par son nom biblique.
« Contrairement à l’opinion de certains membres de la Communauté européenne qui considèrent la déclaration de Pompeo comme une étape qui éloigne la paix, je dis exactement le contraire : Cette déclaration fait avancer les chances de paix, car la paix doit être fondée sur la vérité et non sur le mensonge », a ajouté M. Netanyahu.
Netanyahu a ensuite promis qu’il ne permettrait pas qu’une seule implantation soit déracinée, dans le cadre d’un quelconque plan de paix. L’idée de « nettoyage ethnique » de la Cisjordanie des Juifs est inadmissible et doit être écartée, a-t-il soutenu.
« Nous n’avons jamais perdu notre droit de vivre en Judée et en Samarie », continua-t-il.
« La seule chose que nous avons perdue, temporairement, c’est la capacité d’assumer nos droits après 1948, entre la guerre d’indépendance et la guerre des Six Jours. Et quand nous y sommes retournés, nous ne sommes pas revenus sur une terre étrangère que nous avions volée à ses anciens propriétaires », a dit Netanyahu. « C’est une distorsion totale de la vérité historique. »
L’administration américaine actuelle et ses positions pro-Israël présentent de grandes opportunités, a déclaré le Premier ministre, qui a ensuite fait allusion à son désir de voir le président américain Donald Trump remporter un autre mandat à la Maison Blanche.
Une fenêtre d’opportunité est actuellement ouverte, a-t-il dit, mais elle ne restera ouverte que « pour une brève période – j’espère qu’elle ne sera pas si brève, mais je ne peux pas l’aborder maintenant », a-t-il dit sous les applaudissements du public.
Notamment, dans son discours de 25 minutes, Netanyahu n’a pas mentionné sa promesse d’annexer de grandes parties de la Cisjordanie, y compris toute la vallée du Jourdain et toutes les implantations. Il n’a pas non plus explicitement exclu la création d’un État palestinien sur certaines parties de la Cisjordanie.
L’envoyé spécial de Trump pour le processus de paix, Avi Berkowitz, était en Israël plus tôt cette semaine pour discuter du plan de l’administration de publier sa proposition de paix tant attendue. Ni Netanyahu ni l’ambassadeur américain en Israël David Friedman, qui a également pris la parole lors de la conférence, n’ont révélé de détails sur ce plan.
Le 18 novembre, Pompeo a déclaré que « l’établissement d’implantations civiles israéliennes en Cisjordanie n’est pas en soi incompatible avec le droit international ».
Dans un message vidéo enregistré pour la conférence de mercredi, qui a eu lieu au Menachem Begin Heritage Center de Jérusalem, le diplomate en chef américain a réitéré sa position sur les implantations, soulignant que l’administration rejette le soi-disant Mémorandum Hansell, qui sous le président Jimmy Carter a déterminé que l’établissement par Israël d’implantations civiles dans les territoires conquis en 1967 est « incompatible avec le droit international ».
« Il est important que nous disions la vérité quand les faits nous y conduisent, et c’est ce que nous avons fait », a dit Pompeo. « Nous reconnaissons que ces implantations ne violent pas intrinsèquement le droit international. C’est important. Nous désavouons le Mémorandum Hansell de 1978, qui est profondément défectueux, et nous revenons à une approche équilibrée et sobre de l’époque de Reagan, et ce faisant, nous faisons avancer la cause de la paix entre Israéliens et Palestiniens.
En 1981, le président Ronald Reagan a partiellement répudié le mémorandum, déclarant que les implantations ne sont pas nécessairement illégales, tout en soulignant qu’elles nuisent aux efforts de paix.
Le Kohelet Policy Forum, pro-implantations, qui a coparrainé la conférence, a salué le désaveu explicite de Pompeo à l’égard du mémorandum.
« La politique américaine est maintenant plus claire que jamais : Les Juifs vivant en Judée et en Samarie ne sont pas un crime », a déclaré Eugène Kontorovitch, qui dirige le département de droit international de Kohelet.
« Pendant des décennies, l’obscur mémo de l’ère Carter a été utilisé pour justifier des politiques anti-Israël malgré le fait que ses conclusions ont été rejetées par les administrations suivantes », a-t-il dit. « La déclaration du Secrétaire Pompeo à la conférence Kohelet aujourd’hui montre clairement le rejet total par les Etats-Unis de la théorie juridique qui soutient que le droit international empêche les Juifs israéliens de se rendre dans les régions dont la Jordanie les a ethniquement nettoyés en 1949 ».
Prenant également la parole à la conférence, le ministre de la Défense Naftali Bennett s’est engagé à faire avancer l’annexion de la zone C – les étendues de la Cisjordanie qui comprennent les implantations et qui, en vertu des Accords d’Oslo, sont sous le contrôle civil et militaire total d’Israël.
« Je tiens à expliquer qu’en tant que ministre de la Défense, je considère que la zone C appartient à l’État d’Israël », a-t-il déclaré. Pendant de nombreuses années, Jérusalem a aidé les Palestiniens à y construire des maisons, a-t-il affirmé, promettant de mettre fin à cette tendance.
« Nous ne sommes pas l’ONU, nous sommes l’État d’Israël, et notre intérêt politique est de récupérer et de peupler le territoire d’Israël », a-t-il poursuivi. Son objectif est d’appliquer la souveraineté israélienne sur la zone C « à très court terme », a-t-il ajouté. « Non seulement à quelques implantations, ni à un bloc ou autre ».
Bennett a ensuite ajouté ce qui peut être interprété comme une condition pour que son parti HaYamin HaHadash rejoigne la coalition qui pourrait être formée après l’élection à la Knesset du 2 mars. « La mission du prochain gouvernement est d’étendre et d’appliquer la souveraineté sur le Grand Jérusalem, Maaleh Adumim, le Gush Etzion, Givat Zeev, la vallée du Jourdain et tout ce qui se trouve entre les deux », a-t-il dit.
Le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a lui aussi pris la parole à la conférence, déclarant qu’Israël a le droit historique de peupler la Cisjordanie et demandant l’annexion de la vallée du Jourdain.
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