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Netanyahu à l’ONU: « Les Juifs ne peuvent pas être des occupants sur leur propre terre »

Le Premier ministre a accusé l'ONU de "déformer les faits historiques" ; l'État juif ne sera pas lié par la résolution de soumettre le conflit à la Cour internationale de justice

Le nouveau Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à la résidence présidentielle, à Jérusalem, le 29 décembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le nouveau Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à la résidence présidentielle, à Jérusalem, le 29 décembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le nouveau Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a critiqué samedi l’Assemblée générale des Nations unies pour une résolution adoptée la veille visant à renvoyer « l’occupation (…) du territoire palestinien » par Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ), accusant l’organe mondial de « déformer les faits historiques » et a déclaré que « le peuple juif ne peut pas être ‘un occupant’ sur sa propre terre ».

La résolution promue par les Palestiniens a été adoptée par un vote de 87 voix pour, 26 contre et 53 abstentions.

La résolution intitulée « Pratiques et activités de colonisation israéliennes affectant les droits du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés », demande à la CIJ, dont le siège est à La Haye, de « rendre d’urgence un avis consultatif » sur « l’occupation prolongée, la colonisation et l’annexion des territoires palestiniens » par Israël, et semble ignorer les liens entre les Juifs et le mont du Temple, site le plus sacré du judaïsme.

Elle demande également une enquête sur les mesures israéliennes « visant à modifier la composition démographique, le caractère et le statut de la ville sainte de Jérusalem » et affirme qu’Israël a adopté « une législation et des mesures discriminatoires ».

Le dirigeant de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, brandissant un graphique à la 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies, au siège de l’ONU à New York, le 23 septembre 2022. (Crédit : Spencer Platt/Getty Images/AFP)

La résolution demande à la Cour de se prononcer sur le conflit conformément au droit international et à la charte des Nations unies.

La CIJ, également connue sous le nom de « Cour mondiale », est la plus haute instance de médiation des Nations unies pour les différends entre pays. Ses décisions sont contraignantes et influencent l’opinion publique, mais elle ne dispose d’aucun mécanisme d’exécution. La Cour est distincte de la Cour pénale internationale, qui se trouve également à La Haye.

La dernière fois que la Cour a rendu un avis consultatif sur le conflit israélo-palestinien, c’était en 2004, lorsque l’Assemblée générale lui a demandé de se prononcer sur la légalité de la barrière de sécurité.

Israël, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, l’Autriche, le Canada, l’Allemagne et l’Italie ont voté contre la résolution de vendredi.

« Nous ne pensons pas qu’un renvoi vers la Cour internationale de justice aide à ramener les parties prenantes vers un dialogue », a déclaré le diplomate britannique Thomas Phipps.

Eli Cohen, député du Likud, s’exprimant lors d’une conférence à Tel Aviv, le 8 décembre 2022. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

La Chine, l’Iran, l’Irlande, la Pologne, le Portugal, la Russie et l’Arabie saoudite ont voté en faveur de la résolution, ainsi que des États musulmans ou arabes avec lesquels Israël entretient des relations, notamment l’Égypte, la Jordanie, le Maroc, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et l’Azerbaïdjan.

La France, le Brésil, le Danemark, la Finlande, le Japon, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse se sont abstenus.

Le nombre total de votes contre la résolution et d’abstentions s’élève à 79 pays, ce qui signifie que la marge de soutien à une mesure anti-Israël à l’Assemblée générale est plus faible que d’habitude.

Dans une déclaration très ferme, Netanyahu, qui a repris ses fonctions de Premier ministre jeudi, a déclaré qu’Israël ne serait pas lié par la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) exigeant que la CIJ se prononce sur le conflit conformément au droit international et à la charte des Nations unies.

« Comme des centaines de résolutions tordues adoptées par l’AGNU contre Israël au fil des ans, la décision méprisable d’aujourd’hui ne liera pas le gouvernement israélien. La nation juive n’est pas un occupant sur sa propre terre et sa propre capitale éternelle, Jérusalem », a-t-il déclaré, ajoutant « qu’aucune décision de l’ONU ne peut déformer les faits historiques ».

« Nous continuerons à nous battre pour la vérité », conclut la déclaration.

Le ministre des Affaires étrangères nouvellement nommé, Eli Cohen, a également qualifié la décision « d’anti-israélienne » et a accusé l’adoption de la résolution d’apporter « un soutien aux organisations terroristes et au mouvement antisémite BDS ».

« Cette dernière initiative est une nouvelle erreur de l’Autorité palestinienne qui, pendant des années, a soutenu et incité au terrorisme et conduit son peuple d’une manière qui nuit directement aux Palestiniens et à toute fin potentielle du conflit », a déclaré Cohen.

« Cette décision ne changera rien sur le terrain et ne nous empêchera pas de combattre le terrorisme, de défendre les citoyens d’Israël et de faire avancer les intérêts du pays. »

L’ambassadeur israélien aux Nations unies, Gilad Erdan, a dénoncé les Nations unies pour cette résolution, la qualifiant de « tache morale » pour l’organisation mondiale. Il a fait valoir que le vote délégitime et diabolise Israël, notamment en désignant le mont du Temple uniquement par son nom arabe, Haram al-Sharif.

Le mont du Temple abrite la mosquée Al-Aqsa, le troisième lieu saint de l’islam. Pour les Juifs, il s’agit de l’emplacement historique des deux temples juifs, ce qui en fait le lieu le plus important du judaïsme.

Erdan n’a pas assisté au vote car il a eu lieu après le début du Shabbat. Un représentant américain a voté contre la résolution au nom d’Israël.

« Aucune instance internationale ne peut décider que le peuple juif est un ‘occupant’ dans sa propre patrie. Toute décision émanant d’un organe judiciaire qui reçoit son mandat de l’ONU moralement faillie et politisée est totalement illégitime », a déclaré Erdan dans un communiqué vendredi. « Les Palestiniens ont rejeté toutes les initiatives de paix tout en soutenant et en incitant au terrorisme. Au lieu de pousser les Palestiniens à changer, l’ONU fait le contraire : elle les aide à nuire à la seule démocratie dynamique du Moyen-Orient. »

« La décision de tenir un vote qui traite d’Israël le jour du Shabbat est un autre exemple de la déchéance morale de l’ONU, qui empêche la position d’Israël d’être entendue dans un vote dont les résultats sont prédéterminés », a-t-il ajouté.

L’ancien envoyé d’Israël à l’ONU, Danny Danon, a déclaré à la Douzième chaîne que la tactique palestinienne consistant à « embarrasser » Israël sur la scène mondiale faisait partie de la stratégie de « terreur diplomatique » du dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas.

« A mon avis, c’est un test pour notre nouveau gouvernement, pour faire payer à [Mahmoud] Abbas le prix de son refus de parler à tout gouvernement et [au contraire] l’embarrasser de l’extérieur », a déclaré Danon.

L’envoyé palestinien auprès de l’ONU, Riyad Mansour, s’adressant à l’Assemblée générale au siège de l’ONU, à New York, le 30 décembre 2022. (Crédit : ONU)

Le représentant palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, a applaudi la résolution après son adoption.

« Ce vote intervient un jour après la formation du nouveau gouvernement israélien, qui s’est engagé à accélérer les politiques coloniales et racistes contre le peuple palestinien », avait déclaré Mansour à l’Assemblée générale.

« Nous sommes convaincus que, quel que soit votre vote aujourd’hui, si vous croyez au droit international et à la paix, vous respecterez l’avis de la Cour internationale de justice lorsqu’il sera rendu et vous vous opposerez à ce gouvernement israélien en ce moment même, car la liberté, la justice et la paix doivent prévaloir », avait-il ajouté.

Anne Bayefsky, avocate et professeure des droits de l’Homme pro-Israël qui surveille les Nations unies, a déclaré que les commentaires de Mansour immédiatement après le vote, avant l’examen des faits ou du droit, indiquaient que le résultat était probablement prédéterminé.

« Il ne s’agit pas du tout d’un droit. C’est un coup politique », a-t-elle déclaré. « Il est certain à 100 % que le résultat ira dans son sens. L’Assemblée générale s’est moquée de la Cour. »

L’ONG Monitor, basée à Jérusalem, a déclaré que le vote « représente une nouvelle étape dans la guerre politique contre Israël, basée sur l’utilisation cynique des Nations unies et des organes juridiques internationaux ».

Avant le vote de l’Assemblée générale, la résolution demandant l’intervention de la CIJ a été adoptée par la 4e Commission de l’ONU le mois dernier par 98 voix pour, 17 contre et 52 abstentions.

Israël a critiqué la résolution, la qualifiant de partiale et de méprisante pour ses préoccupations en matière de sécurité. Le Premier ministre sortant, Yair Lapid, avait mené une campagne diplomatique, contactant plus de 50 dirigeants mondiaux, pour rassembler l’opposition à cette initiative.

Nabil Abu Rudeineh, porte-parole du dirigeant de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas (Crédit : Flash90/Dossier)

Nabil Abu Rudeineh, porte-parole du chef de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas, a appelé Israël à respecter la décision concernant ses « crimes ».

« Le temps est venu pour Israël de respecter la loi et d’assumer la responsabilité des crimes commis contre notre peuple », a déclaré Abu Rudeineh, selon le site d’information Ynet.

« Nous pensons qu’une justice fondée sur l’absence d’impunité et des décisions légitimées sur le plan international est l’unique moyen de parvenir à une paix permanente et durable en Palestine, en Israël et dans toute la région », a déclaré Abu Rudeineh.

Un haut conseiller d’Abbas a félicité le président de l’AP pour cette « victoire », affirmant qu’il avait refusé de céder à la pression.

« Le vote de l’Assemblée générale des Nations Unies et le soutien de 87 pays demandant un avis consultatif juridique à la CIJ sur la nature de l’occupation dans les territoires palestiniens concernés constituent une victoire pour la diplomatie palestinienne, dirigée par son président, en dépit des pressions pour retirer ou reporter la décision, auxquelles il a résisté », a publié sous Twitter le secrétaire général du Fatah, Hussein al-Sheikh, potentiel successeur d’Abbas.

« Merci à nos frères et amis qui nous soutiennent », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’entretient avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors d’une cérémonie de signature à la suite de leurs entretiens à Kiev, en Ukraine, le lundi 19 août 2019. (Crédit : AP Photo/Efrem Lukatsky)

Le cabinet du Premier ministre a par ailleurs annoncé, samedi, que Netanyahu s’était entretenu avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, peu de temps avant l’abstention de l’Ukraine lors du vote à l’Assemblée générale de l’ONU.

Selon une publication de Zelensky sur Twitter, les deux hommes « ont évoqué la coopération bilatérale entre les deux pays, y compris en matière de sécurité et dans le cadre des enceintes internationales ».

Le journaliste d’Axios et Walla, Barak Ravid, a indiqué que des responsables israéliens et ukrainiens lui avaient dit que Netanyahu avait demandé à Zelensky de voter contre la mesure.

Il a ajouté que Zelensky souhaitait savoir si Netanyahu était prêt à apporter une aide défensive à l’Ukraine pour intercepter les frappes russes à l’aide de drones et de missiles, ce à quoi Netanyahu aurait répondu sans prendre d’engagements.

Cela aurait contrarié Zelensky, qui aurait décidé de ne pas voter contre la résolution, mais de s’abstenir « afin de laisser une chance à la relation avec Netanyahu », a déclaré Ravid, citant un responsable ukrainien.

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