Netanyahu pourra se rendre en Allemagne malgré le mandat d’arrêt de la CPI, dit Friedrich Merz
Le vainqueur des élections allemandes a promis de "trouver un moyen" pour que le Premier ministre puisse se rendre en Allemagne et en revenir sans être arrêté

Le vainqueur des élections allemandes, Friedrich Merz, a déclaré lundi qu’il veillerait à ce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu puisse se rendre en Allemagne malgré le mandat d’arrêt qui a été émis à son encontre par la Cour pénale internationale.
Merz, qui devrait devenir chancelier après la victoire de son bloc conservateur CDU/CSU lors du scrutin de dimanche, a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il s’était entretenu avec Netanyahu.
« Je lui ai dit que nous devrions nous voir peu après la formation du gouvernement », a indiqué Merz. « S’il prévoit de venir en Allemagne, je me suis engagé à trouver un moyen de faire en sorte qu’il puisse visiter l’Allemagne et repartir sans être arrêté ».
Merz a ajouté qu’il était « totalement absurde » qu’un Premier ministre israélien ne puisse pas se rendre en Allemagne.
Le bureau de Netanyahu a fait savoir qu’il avait félicité Merz et que le grand gagnant des élections allemandes avait invité le Premier ministre à se rendre en Allemagne.
« Merz a remercié le Premier ministre pour son appel et il a déclaré qu’il l’inviterait à l’occasion d’une visite officielle en Allemagne, défiant ouvertement la décision scandaleuse de la CPI de qualifier le Premier ministre de criminel de guerre », a noté le bureau du Premier ministre.
La CPI avait émis des mandats d’arrêt au mois de novembre dernier à l’encontre de Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, les accusant d’avoir pris pour cible la population civile et d’avoir utilisé la famine comme arme de guerre à Gaza. Israël rejette ces accusations et certains ont estimé que ces mandats d’arrêt étaient antisémites.

La CPI a également cherché à poursuivre les chefs du Hamas assassinés Ismail Haniyeh, Muhammad Deif et Yahya Sinwar, qui sont accusés de crimes contre l’Humanité – des crimes commis pendant et après le 7 octobre 2023, quand des milliers de terroristes placés sous la direction du Hamas avaient pris d’assaut le sud d’Israël. Ils avaient massacré plus de 1200 personnes et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande. Ce pogrom avait été à l’origine de la guerre au sein de l’enclave.
Les trois chefs terroristes avaient déjà été tués par Israël au moment où la CPI avait émis les mandats d’arrêt à l’encontre de Netanyahu et de Gallant.
Réagissant aux propos de Merz, la CPI a fait savoir que les États avaient l’obligation légale de faire appliquer ses décisions, et que toute inquiétude qu’ils pourraient avoir devait être adressée au tribunal international de manière opportune et efficace.
« Il n’appartient pas aux États de déterminer unilatéralement le bien-fondé des décisions juridiques de la Cour », a dit la CPI.
Le parti allemand de gauche dénonce l’invitation
Le parti allemand Die Linke a qualifié l’invitation de Merz de « catastrophe, » l’accusant de « deux poids, deux mesures ».
L’Allemagne a toujours insisté sur le fait que les mandats d’arrêt internationaux doivent être exécutés, a affirmé le co-dirigeant de Die Linke, Jan van Aken.

« Si Vladimir Poutine venait en Allemagne, ce mandat d’arrêt devrait être exécuté. Il en va de même pour Netanyahu », a estimé Aken, faisant référence à un mandat d’arrêt de la CPI émis contre le dirigeant russe.
Le gouvernement allemand avait précédemment déclaré qu’il « examinait » le mandat de la Cour pénale internationale contre Netanyahu et qu’il était « lié » par la cour.
Mais les responsables allemands ont depuis soigneusement évité de préciser s’ils allaient donner suite au mandat, invoquant la « grande responsabilité du pays envers Israël » après la Shoah.
Au début du mois, le président américain Donald Trump a imposé des sanctions à la CPI, l’accusant d’avoir « abusé de son autorité » en délivrant le mandat contre le Premier ministre israélien.
Merz doit encore trouver un partenaire pour former une coalition avant de devenir chancelier, ce qui pourrait être un processus long.