New York : Une croix gammée sur l’affiche de campagne d’un candidat juif au Congrès
Le Démocrate Max Rose dit ne pas vouloir "répondre à la haine par la haine “, alors que les attaques contre les Juifs de la ville se multiplient
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
NEW YORK – Une affiche de campagne du candidat juif au Congrès, Max Rose, a été vandalisée et recouverte d’une croix gammée, mercredi à New York, sur fond d’attaques antisémites quasi quotidiennes.
La croix gammée et le mot « Non ! », en noir, barrent le nom de Rose sur l’affiche découverte à Staten Island.
« Cette haine, ce vitriol, c’est un message pour moi et ma famille, un déversement de haine parce que je suis Juif, l’expression de leur haine pour tous les Juifs et, bien au-delà, le fait qu’ils souhaitent me voir mort », a-t-il dit. « Face à cela, tout ce que je peux dire, c’est que je ne répondrai pas à cette haine par la haine. Ni aujourd’hui, ni jamais. Notre politique, notre nation n’y survivraient pas. »
« Je sais que si nous sommes unis, ce pays pourra tenir ses promesses, comme il l’a fait pour mes ancêtres venus ici pour échapper à l’antisémitisme et la haine », a-t-il déclaré. « Des jours meilleurs sont devant nous. »
Rose, Démocrate modéré, a représenté le 11e district du Congrès de Staten Island de 2019 à 2021. Il a perdu le siège, dans cet arrondissement conservateur, au profit de la Républicaine Nicole Malliotakis mais a annoncé se porter à nouveau sur les rangs en fin d’année dernière.
Malliotakis a condamné le graffiti, déclarant : « Il n’y a pas de place à Staten Island ou ailleurs dans notre pays pour toute forme d’antisémitisme. Je suis profondément choquée que quelqu’un ait osé dessiner une croix gammée sur une affiche de campagne de mon adversaire, qui est de confession juive. »
A yard sign for my campaign was found defaced with a Swastika. All the division, hate and vitriol is sick – but I am not going to respond with the same. I’m going to continue to give everything I have for this city and this country.
— Max Rose (@MaxRose4NY) September 22, 2022
Rose est un ancien militaire et un fervent partisan d’Israël et des causes juives.
Cet acte de vandalisme antisémite est le dernier en date d’une série d’attaques contre les Juifs à New York qui ont mis la communauté sur le qui-vive et préoccupent grandement les dirigeants juifs et leurs soutiens.
Année après année, il est vrai que les Juifs sont invariablement le groupe le plus ciblé par des crimes de haine à New York, indépendamment du référentiel – par habitant ou en termes absolus- et l’Anti-Defamation League a signalé un nombre record d’incidents en 2021.
La police new-yorkaise a enregistré pas moins de 149 crimes haineux anti-juifs entre le début de l’année et le 28 juin, ce qui représente un incident toutes les 29 heures en moyenne. Ces incidents vont des dommages matériels aux agressions violentes en passant par les insultes raciales, et il est probable que beaucoup ne soient tout bonnement pas signalés.
En août, la police a enregistré 24 crimes haineux anti-juifs, bien davantage que pour tout autre groupe, en hausse de 118 % par rapport à août 2021.
Lors d’un autre incident survenu lundi, un homme a pointé son arme sur quatre étudiants de yeshiva à Brooklyn en leur criant de « courir ».
Dimanche, le maire de New York, Eric Adams, a condamné cette série d’attaques après la diffusion d’une vidéo montrant une femme, dans la rue, en train de s’emporter contre un homme juif, avant de lui retirer kippa et shtreimel (ce chapeau traditionnel porté par les hommes haredim pour Shabbat et les jours de fêtes). Un incident presque identique s’était produit, quelques jours avant, dans le même quartier, le Boro Park de Brooklyn.
Beaucoup d’attaques visent des Juifs aisément identifiables à Brooklyn.
Les communautés haredim du secteur se sentent également mises à l’index en raison d’un tollé autour de l’enseignement laïc au sein des yeshivot et certains dirigeants communautaires alertent sur le risque que le problème ne fasse qu’attiser davantage l’antisémitisme.
Le chef de l’Anti-Defamation League, Jonathan Greenblatt, a déclaré la semaine passée qu’un article du New York Times sur les yeshivot pourrait avoir contribué au problème.
« Il est vraiment regrettable que le New York Times se soit emparé d’une question qui mérite enquête et en ait parlé d’une manière inutile, pour ne pas dire totalement contre-productive », a confié Greenblatt.
Il a ajouté que l’éducation laïque au sein des yeshivot devait être examinée de près, mais que d’autres devaient le faire « et différemment du Times, d’une manière totalement impartiale, de nature à freiner l’antisémitisme, plutôt que de l’alimenter ».
La plupart des attaques antisémites ne donnent pas lieu à sanctions graves, au grand dam des défenseurs juifs qui demandent des modifications des lois sur la remise en liberté sous caution afin que les sanctions soient plus sévères.
Trois hommes ont écopé d’une peine avec sursis, cette semaine, après avoir plaidé coupable de crimes haineux dans le cadre d’une violente attaque contre des Juifs en 2021, au grand dam des dirigeants juifs qui souhaitaient une peine de prison.
Jeudi, le Représentant Ritchie Torres a invité le FBI et le procureur général des États-Unis à enquêter sur la manière dont la ville de New York lutte contre l’antisémitisme, soulignant le faible nombre de sanctions graves suite à des crimes de haine anti-juifs.
Dans un cas qui demeure isolé, un tribunal fédéral américain a accusé un militant pro-palestinien de crime de haine pour avoir frappé un homme juif, en marge d’une manifestation à Manhattan en avril dernier. Une enquête a révélé que l’accusé avait attaqué deux autres Juifs lors d’agressions non provoquées en 2021.
Ce mois-ci encore, un homme juif a reçu plusieurs coups de poing au visage lors d’une attaque non provoquée dans le Queens, des graffitis pro-nazis ont été découverts sur une fontaine à Manhattan et un individu a tiré avec une arme à feu sur une femme juive à Brooklyn.