Nucléaire : L’Iran affirme que ses délégués ne reçoivent pas d’ordres de Bennett
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Téhéran déclare qu'Israël montre son vrai visage en s'opposant à la reprise des négociations à Vienne
L’Iran s’est emporté contre Israël jeudi après que le Premier ministre Naftali Bennett a demandé l’arrêt immédiat des pourparlers à Vienne visant à rétablir l’accord nucléaire de 2015.
Un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a accusé Israël de montrer sa « vraie nature » en s’opposant aux négociations visant à relancer le plan d’action global conjoint (JCPOA), qui impose des restrictions au programme nucléaire iranien en échange d’un allègement des sanctions. Les pourparlers ont repris cette semaine après une pause de plusieurs mois.
« Ce n’est pas surprenant. Le dialogue est toujours méprisé par le régime dont la genèse est basée sur la guerre, la tension et la terreur », a écrit Saeed Khatibzadeh sur Twitter.
« Les délégués à Vienne ne recevront pas d’instructions de Beit Aghion », a-t-il ajouté, en référence à la résidence officielle du Premier ministre à Jérusalem. Khatibzadeh a accusé Israël de « claironner des mensonges pour empoisonner » les pourparlers de Vienne.
Interrogé sur cette requête israélienne, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, ne s’est pas prononcé directement.
« Nous saurons très très rapidement, d’ici un jour ou deux, si l’Iran est sérieux ou pas », a-t-il seulement dit. « Dans un avenir très proche », « nous pourrons juger si l’Iran entend désormais dialoguer de bonne foi », a-t-il ajouté.
Khatibzadeh a lui affirmé que des progrès avaient été réalisés dans les pourparlers.
De leur côté, les Etats-Unis ne sont pas très optimistes sur la volonté de l’Iran de revenir dans l’accord sur le nucléaire iranien, malgré la reprise des négociations à Vienne, mais « il n’est pas trop tard » pour y parvenir, a déclaré jeudi le chef de la diplomatie américaine.
« Je dois vous dire que les récentes mesures, les récentes déclarations, ne sont pas de nature à nous rendre optimistes », a-t-il dit.
« Mais même si l’heure tourne, il n’est pas trop tard pour que l’Iran change d’attitude et dialogue de manière significative dans un effort » pour sauver l’accord de 2015 censé l’empêcher de se doter de la bombe atomique, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Stockholm, en marge d’une réunion de l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE).
Conclu en 2015 entre la République islamique et des grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Allemagne, Royaume-Uni), le pacte est moribond depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis en 2018 sous la présidence de Donald Trump et le rétablissement de sanctions américaines, qui ont poussé Téhéran à s’affranchir de la plupart de ses engagements.
L’accord offrait à Téhéran la levée d’une partie des sanctions étouffant son économie en échange d’une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous strict contrôle de l’ONU.
Le président américain Joe Biden s’est dit prêt à revenir dans l’accord si l’Iran renoue avec ses restrictions nucléaires.