Israël en guerre - Jour 423

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Nues et peintes en blanc, 200 personnes posent près de la mer Morte pour Tunick

Il s'agit du troisième projet de ce genre sur les bords de la mer Morte, menacée d'assèchement, pour le photographe de 54 ans, inquiet de l'avenir du site unique

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

  • Les 200 participants nus qui ont posé pour le photographe américain Spencer Tunick à la mer Morte, le 17 octobre 2021 (Crédit : Irit Eshet Mor)
    Les 200 participants nus qui ont posé pour le photographe américain Spencer Tunick à la mer Morte, le 17 octobre 2021 (Crédit : Irit Eshet Mor)
  • Les 200 participants nus qui ont posé pour le photographe américain Spencer Tunick à la mer Morte, le 17 octobre 2021 (Crédit : Irit Eshet Mor)
    Les 200 participants nus qui ont posé pour le photographe américain Spencer Tunick à la mer Morte, le 17 octobre 2021 (Crédit : Irit Eshet Mor)
  • Les 200 participants nus qui ont posé pour le photographe américain Spencer Tunick à la mer Morte, le 17 octobre 2021 (Crédit : Irit Eshet Mor)
    Les 200 participants nus qui ont posé pour le photographe américain Spencer Tunick à la mer Morte, le 17 octobre 2021 (Crédit : Irit Eshet Mor)

Quelque 200 personnes ont posé nues dimanche le corps peint en blanc pour le dernier projet du photographe américain Spencer Tunick, en Israël près de la mer Morte, menacée d’assèchement.

Il s’agit du troisième projet de ce genre sur les bords de la mer Morte pour le photographe de 54 ans, invité par le ministère du Tourisme israélien et la ville d’Arad (est), où s’est déroulée la séance.

Posté sur un camion, Tunick, connu pour ses compositions formées de foules nues, donnait ses instructions avec un mégaphone aux personnes posant sur les collines rocheuses surplombant la mer aux couleurs turquoise.

Cette installation photographique a été créée pour soutenir la création du futur musée de la mer Morte à Arad.

« La mer Morte est en train de disparaître », a déclaré Tunick. « Nous devons trouver un moyen de maintenir le niveau ou d’apporter de l’eau douce dans la mer Morte, mais en même temps, faire en sorte que tous les pays soient entourés d’eau. L’eau, c’est la vie. »

Tunick a déclaré que cette installation actuelle était plus petite et plus conceptuelle que sa dernière en 2011. Il a expliqué avoir recouvert de peinture blanche ses modèles pour évoquer l’épisode biblique de la femme de Loth, transformée selon la tradition en statue de sel à cet endroit.

« Je ne souhaite à personne de se changer en pierre, c’est une sacrée punition », a dit Tunick. « Pas de houmous pendant peut-être un an, mais pas la mort. »

Selon Tunick, les photographies des modèles peints en blanc évoqueraient plutôt les sources naturelles de la mer Morte qui créent des piliers de sel sous l’eau.

Il a fallu environ 10 minutes aux modèles pour se peindre en blanc, et il leur faudra trois jours pour se débarrasser de cette peinture, a déclaré l’un des assistants de Tunick.

La peinture corporelle est un effet fréquemment utilisé dans le travail de Tunick au cours de la dernière décennie.

« Spencer dit toujours que les vêtements sont l’art d’une personne », a expliqué Keren Bar Gil, la représentante de Tunick en Israël. « Il leur fait enlever leurs vêtements et la peinture est neutre », créant ainsi une allure commune au groupe.

Les photos de la mer Morte prises par Tunick en 2011 comprenaient des clichés des mannequins couverts de boue de la mer Morte.

L’azur profond de la mer Morte était visible au loin depuis ce plateau rocheux et venteux. Pendant cette séance photo d’une heure, l’attention s’est concentrée sur les participants, âgés de 19 à 70 ans, qui se tenaient pieds nus la plupart du temps sur la colline accidentée et jonchée de rochers.

Ils avaient l’air d’un groupe de gymnastes nus, se penchant et se redressant, enlevant les sandales brunes qu’ils portaient pour la brève marche vers le sommet de la colline. L’équipe de Tunick se glissait dans les rangées pour combler les espaces et les vides et redresser les rangées de modèles nus.

« Enlevez vos lunettes, baissez les mains, fermez la bouche, ouvrez les yeux », criait Tunick dans le haut-parleur. « Ne souriez pas ! »

Les mannequins nus ont obtempéré, faisant d’abord face au nord, puis à l’ouest et à l’est, et enfin au sud, tournant leur corps selon les instructions de Tunick.

Certains des mannequins les plus âgés tremblaient à force de rester debout si longtemps ; un homme s’appuyait sur ses deux cannes entre les prises de vue.

L’artiste américain Spencer Tunick à la mer Morte le 17 octobre 2021, lorsqu’il a photographié sa troisième installation de modèles nus. (Crédit : Jessica Steinberg/ Times of Israël)

« J’aime tous les participants qui sont venus et ont tout risqué, leurs corps, leurs réputations », a déclaré Tunick en riant, s’adressant aux journalistes après la première série de photos. « Ce sont de véritables guerriers de l’art et des aventuriers. »

Bar Gil a déclaré qu’elle était étonnée du nombre de « bourgeois », dont certains de sa propre ville de banlieue, inscrits à l’événement, y compris des collectionneurs d’art qu’elle connaît personnellement.

Lors de la dernière installation, alors qu’elle était présente en tant que bénévole et non en tant que modèle, Bar Gil a déclaré que le dentiste de ses enfants était l’un des participants, ce dont elle ne s’est rendue compte que lorsqu’il a émergé, nu, de l’eau.

« On ne sait jamais qui va être là », a-t-elle dit.

Eliaz Dandeker en est, pour sa part, à sa deuxième participation à une installation de la mer Morte, en tant que nudiste qui aime participer à des installations artistiques pour se reconnecter à lui-même et se débarrasser des masques de la vie quotidienne.

« L’art du nu donne l’impression d’un lien avec le monde antique », a déclaré Dandeker, s’exprimant plus tôt dans la journée au centre communautaire d’Arad où les participants se sont d’abord réunis.

Plus tard dans la journée, Tunick a déclaré que l’installation se déroulait bien, même s’il était préoccupé par certains des participants les plus âgés, dont certains ont choisi de ne pas participer à la troisième installation photo, qui nécessitait de descendre une colline rocheuse à pied.

« Je voulais que les gens soient sur le dos, mais je ne voulais pas qu’ils s’allongent sur des pierres dures », a-t-il déclaré.

Le projet a été réalisé en coopération avec le ministère du Tourisme, la municipalité d’Arad et le Dead Sea Revival Project. Il fait suite à deux installations antérieures de Tunick qui ont contribué à faire connaître Israël en tant que destination touristique.

Tunick a ajouté qu’il était dans la région pour attirer l’attention sur le musée virtuel de la mer Morte qui, « espérons-le, sera un jour un véritable musée à Arad », a-t-il déclaré. « La mer Morte est une huitième merveille vitale du monde. »

Lorsque la ville d’Arad analyse ses risques à long terme, a déclaré le maire d’Arad, Nisan Ben Hamo, elle se concentre sur la mer Morte.

« Si elle disparaît, si nous ne nous engageons pas maintenant avec un plan sur la façon de sauver cette perle, nous aurons un problème », a déclaré Ben Hamo, qui a travaillé en étroite collaboration avec l’équipe Tunick au cours des deux derniers mois de préparation. « Nous comprenons tous que nous avons besoin d’un plan à long terme. »

« Le fait que Spencer soit ici, pour moi, est un cadeau », a déclaré Ben Hamo.

La mer Morte a perdu un tiers de sa surface depuis 1960 et continue de baisser de plus d’un mètre par an.

A ce rythme, cette merveille de la nature, située au point le plus bas du monde (moins 420 mètres) entre Israël, la Jordanie et les Territoires palestiniens, pourrait avoir disparu d’ici à 2050, selon des experts.

L’assèchement a commencé dans les années 1960 avec l’exploitation économique des eaux du Jourdain, principale source d’approvisionnement de la mer Morte, la plus salée du monde.

L’AFP a contribué à cet article.

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