Obama évoque ses liens avec Netanyahu, Israël et Trump dans son nouveau livre
L'ex-président parle de ses liens tendus avec le Premier ministre et l'AIPAC, déplorant que toute critique du gouvernement israélien soit taxée d'anti-Israël
Dans une nouvelle autobiographie, l’ancien président américain Barack Obama dévoile des détails de ses relations souvent tendues avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le lobby pro-israélien de l’AIPAC, les critiquant pour avoir œuvré à rassembler l’opposition, dans le pays, autour de ses politiques concernant Israël.
Dans A Promised Land, qui sera à découvrir dès mardi sur les rayons des librairies, Obama décrit Netanyahu comme un homme « intelligent, rusé, dur, un communiquant de talent », qui aura utilisé sa connaissance de la politique américaine et des médias pour résister aux politiques de l’administration avec lesquelles il était en désaccord.
Obama écrit que « la vision de lui-même [de Netanyahu] en tant que premier défenseur des Juifs face au malheur lui a permis de justifier tout ce qui assurerait son maintien au pouvoir », selon des extraits du livre qui ont été publiés par le Jewish Insider.
Le 44e président des Etats-Unis se souvient que son premier chef de cabinet, Rahm Emanuel, lui avait dit lorsqu’il était entré à la Maison Blanche qu’il « n’est pas possible de faire des progrès vers la paix quand le président américain et le Premier ministre israélien viennent de sphères politiques différentes ». Obama note avoir commencé à comprendre ce qu’Emanuel avait voulu lui dire après avoir passé du temps avec Netanyahu et le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Concernant l’AIPAC, groupe de pression pro-israélien, Obama estime que son positionnement a glissé à droite en même temps que cela a été le cas de la politique en Israël, « même quand Israël a entrepris des initiatives contraires à la politique américaine ». Il déplore que les politiciens qui « critiquent la politique israélienne d’une voix trop forte prennent le risque d’être taxés ‘d’anti-Israël’ (voire antisémites), faisant face à un adversaire bien financé lors des scrutins ultérieurs ».
Obama affirme avoir été au centre d’une « campagne de rumeurs » qui avait cherché à le dépeindre comme « ne pas soutenant suffisamment – peut-être même hostile – à l’Etat d’Israël » au cours de la course à la présidentielle 2008.
« Le jour des élections, je finis par rassembler plus de 70 % du vote juif, mais pour de nombreux membres du conseil d’administration de l’AIPAC, je reste un suspect, un homme à la loyauté divisée ; quelqu’un dont le soutien à Israël, comme les amis [du manager de campagne David Axelrod] l’avaient dit d’une manière haute en couleurs – n’avait pas de tripes », explique-t-il.
Tout en affirmant que les Républicains s’inquiétaient moins de l’établissement d’un Etat palestinien, Obama note aussi que de nombreux membres démocrates du Congrès étaient réticents à l’idée de s’attaquer publiquement au sujet, préoccupés par la perspective de peut-être perdre l’appui des partisans et des donateurs de l’AIPAC.
Obama évoque aussi sa tentative d’obtenir le gel des constructions d’implantations de la part d’Israël dans le cadre de ses efforts visant à faciliter les négociations israélo-palestiniennes. Les pourparlers avaient repris brièvement après un gel de dix mois, en 2010, mais Abbas les avaient faits avorter et le moratoire n’avait pas été prolongé par Netanyahu.
L’ancien président américain estime qu’il avait été « raisonnable » de demander à Israël ce gel, l’Etat juif étant « la partie la plus forte ». Toutefois, « comme on pouvait s’y attendre », la réaction de Netanyahu avait été « profondément négative » et Obama ajoute que son administration avait alors subi les pressions des alliés américains du Premier ministre.
« Les téléphones de la Maison Blanche ont tous commencé à sonner », écrit Obama, les journalistes et les responsables juifs « se demandant pourquoi on s’en prenait ainsi à Israël ».
Il accuse Netanyahu d’avoir mené une campagne « orchestrée » contre son administration qui, déclare-t-il, avait souligné que « des différences politiques normales avec un Premier ministre israélien pouvaient finalement entraîner un coût politique national ».
Il se rappelle également d’une rencontre avec Netanyahu pendant la conférence de l’AIPAC à Washington, en 2010. Des informations avaient laissé entendre, à l’époque, qu’Obama avait « snobé » Netanyahu en quittant un entretien tendu entre les deux hommes.
Rejetant ce récit, Obama explique que la rencontre avait traîné en longueur et qu’il avait suggéré à Netanyahu de faire une « pause », ayant un autre rendez-vous qui avait été précédemment fixé. Il explique que Netanyahu lui avait dit qu’il serait « heureux d’attendre » et que la réunion s’était achevée dans la cordialité.
Quand Emanuel lui avait raconté, le jour suivant, le récit fait dans les médias de la fin de l’entretien entre les deux hommes, Obama se souvient que « cela a été une des rares fois que j’ai été plus grossier encore que Rahm », se référant au langage utilisé par le chef de cabinet qui était connu pour ne pas reculer devant une certaine vulgarité.
La publication des extraits du livre liés à Israël surviennent après la révélation, par certains médias, d’autres extraits consacrés à Donald Trump, successeur d’Obama à la Maison Blanche, qu’il accuse d’avoir alimenté la « panique » raciale pour en tirer un profit politique.
Il écrit aussi que son élection à la Maison Blanche a joué un rôle dans l’ascension au pouvoir de Trump en attisant les discordes raciales et que les divisions en Amérique « sont profondes ». Le départ de Trump ne suffira pas à les combler, estime-t-il.