Occitanie : Un homme dépose 9 plaintes pour menaces antisémites et homophobes
Malgré les menaces et un lynchage, il a reçu un faible soutien de la part des habitants du village, qui ont largement voté pour le Rassemblement national à la présidentielle
Un citoyen français, Jean-Marc, 38 ans, habitant dans le village de Bizanet (Aude, Occitanie), a déposé neuf plaintes depuis un an et demi suite à de multiples injures et menaces à caractère antisémite et homophobe, a rapporté le journal local La Dépêche. L’homme se dit désespéré, ne sachant plus vers qui se tourner pour que s’arrête son calvaire.
Il a aujourd’hui un large dossier listant tous les faits subis depuis l’été 2021. Il a ainsi à sa disposition la copie des plaintes déposées à la gendarmerie, les lettres anonymes injurieuses, dans lesquelles il se fait insulter de « sale juif, sale pd, dégage », de photos de sa voiture recouverte de tags antisémites et homophobes, d’un certificat médical après un lynchage dans le village… Or, malgré tous ces éléments, les responsables de ce harcèlement n’ont jamais été arrêtés.
« J’ai l’impression que tout le monde s’en fout. Je subis un traitement odieux de la part de quelques-uns et personne ne bouge ! », a-t-il expliqué au journal La Dépêche.
Les faits ont commencé le 14 juillet 2021 quand, « avec l’autorisation de la mairie », l’homme a organisé une fête en bas de chez lui, avec une trentaine de personnes. Après un premier SMS invitant à cesser le tapage, il en a reçu un second plus véhément. Les invités sont alors partis, a-t-il expliqué.
Quelques jours plus tard, lors d’un vide-grenier, il a été pris à partie par un homme identifié comme étant l’auteur des SMS. « Il m’a insulté, traité d’homosexuel, de sale juif… » Il a ainsi déposé une première plainte à la gendarmerie.
Cet homme, rencontré par La Dépêche, a nié les accusations. L’individu est lui-même au cœur d’un conflit de voisinage avec d’autres habitants, ce qui a entrainé des dépôts de plaintes à la gendarmerie suite à des violences et des agressions subies. Il explique ainsi que l’épisode du vide-grenier était un accès de colère, « sans violence physique », en lien avec les protagonistes de son propre dossier. Selon lui, les véritables agresseurs de Jean-Marc profiteraient du litige entre les deux hommes pour faire passer leurs messages haineux.
En juin dernier, après qu’il a accroché sur son balcon le drapeau LGBT, Jean-Marc explique avoir reçu aussitôt des lettres anonymes d’insultes et des menaces de mort et de décapitation. Agressé en septembre, il a reçu trois jours d’ITT. Malgré ces faits, il a reçu un faible soutien de la part des habitants du village, qui a largement voté pour le Rassemblement national à la dernière présidentielle. Il est aussi accusé de se « victimiser » et d’entretenir ce climat haineux.
Contacté pour s’exprimer sur ce dossier, le maire du village a refusé de répondre.
Récemment, Jean-Marc a vu sa période d’essai dans un fast-food se terminer, le responsable ayant voulu éviter que les problèmes de son employé ne puissent ternir l’image de son commerce.
Face à ces déboires, Jean-Marc a tout de même reçu le soutien de la Ligue des droits de l’Homme et de la Licra.
Installé à Bizanet depuis plus de 6 ans, il n’attend plus que de pouvoir quitter le village et fuir ses agresseurs.