Paris : Une chef offre des repas casher aux docteurs et infirmiers juifs
Après avoir appris que de nombreux soignants juifs parisiens, qui mangent casher, ne pouvaient pas profiter des repas offerts, la chef Ellie Balouka a décidé de remédier à cela

JTA — Quand elle ne s’occupe pas de ses quatre enfants, Ellie Balouka se trouve généralement dans la cuisine de son appartement parisien. Elle y prépare des salades colorées, des sandwich créatifs et des bols de poke qui sont très tendance parmi les résidents locaux qui mangent casher.
Cette chef, âgée de 33 ans et née aux Etats-Unis, est devenue tellement populaire, depuis qu’elle a lancé son activité de traiteur casher l’année dernière, qu’elle se prépare maintenant à ouvrir son propre restaurant casher dans la capitale française, où elle vit avec son mari et ses enfants.
Plus tôt ce mois, elle a appris que de nombreux médecins et infirmières juifs, qui respectent la casheroute et traitent des patients du COVID-19, se retrouvaient les mains vides alors que leurs collègues profitaient de la nourriture offerte par des restaurants locaux non-casher.
« Ils ont dit, ‘Nous avons des livraisons chaque jour, mais nous ne pouvons rien manger' », a expliqué Balouka, qui a grandi à Columbus, dans l’Ohio. Elle s’est installée à Paris il y a 14 ans.

Elle a décidé de remédier à cela.
Depuis Pessah, Balouka a préparé et livré environ 60 repas aux personnels soignants des hôpitaux dans et autour de Paris. Elle a levé environ 1 500 euros et a ajouté 500 euros de sa poche pour couvrir les frais des repas.
« Les repas sont gratuits, donc ils peuvent aller au travail et se dire ‘Aujourd’hui, je n’ai pas à préparer mon déjeuner. Je n’ai même pas à y penser. Je sais que quelqu’un va m’apporter un repas' », a-t-elle dit.
La France est confinée depuis la mi-mars et compte parmi les pays les plus durement touchés en Europe par le coronavirus, avec plus de 22 000 décès. Les hôpitaux ont eu des difficultés pour mettre la main sur suffisamment de respirateurs et de lits pour les patients du COVID-19.
Balouka livre elle-même les repas. Elle a roulé jusqu’à 45 minutes en dehors de Paris pour apporter la nourriture aux docteurs et aux infirmières.
Pour les livraisons dans les hôpitaux, elle s’est concentrée sur des repas « simples et délicieux » et qu’il ne faut pas réchauffer.
Elle a préparé des sandwichs avec du saumon fumé, de la pastèque, des radis, des oignons rouges et des câpres avec une pointe de mayonnaise. D’autres sandwichs se composaient de nombreux légumes grillées – poivrons, courgettes, de champignons et d’aubergines – avec du fromage de chèvre et du pesto. Elle a aussi préparé des bols de poke avec du saumon, du riz, de l’avocat, de la mangue et des patates douces.
Balouka a déclaré que les docteurs et les infirmiers qui ont reçu la nourriture ont été « choqués » par le geste et « vraiment impressionnés ».

Avant de commencer son activité de traiteur, Balouka, qui s’identifie comme une membre du mouvement orthodoxe Habad-Loubavitch, proposait des visites. Elle guidait des visiteurs américains dans les boutiques tendances à travers la ville. Elle a dû cesser de travailler après avoir eu son troisième enfant à cause de questions d’emplois du temps.
Il y a un an et demi, elle a décidé de se lancer dans la cuisine et de préparer des salades et des bols de poke chez elle. La demande s’est rapidement développée, passant de quelques commandes par semaine à une trentaine par jour, et un mois plus tard, elle a ouvert son propre service de traiteur, By Ella. Balouka cherche maintenant à ouvrir son propre restaurant, qui sera situé dans quartier de l’Opéra, entre le 9ème et le 2ème arrondissement. Il proposera de la cuisine casher de « style domestique », dont des sandwich et des salades.
Alors que Balouka n’a jamais pris de cours de cuisine, elle cuisine depuis son plus jeune âge aux côtés de sa mère, qui s’occupait aussi d’un service de traiteur.
« J’étais tout le temps dans une cuisine avec elle puisqu’elle était toujours au travail, donc j’ai surtout appris en observant », a-t-elle dit.
Balouka espère que plus de restaurants et de traiteurs, qui sont présents dans le secteur de la nourriture casher à Paris, rejoindront son initiative.
« Pour moi, c’est tellement normal d’aider, a-t-elle dit. Je ne pense pas que c’est quelque chose d’incroyable. Je crois que tout simplement c’est quelque chose à faire ».