Pays-Bas : Le Parlement vote pour une réduction graduelle des financements à l’UNRWA
Le budget actuellement alloué par Amsterdam à l'agence onusienne devrait être redistribué à des organisations d'aide aux réfugiés palestiniens moins controversées
Le parlement néerlandais a voté jeudi 12 décembre en faveur d’un amendement visant à graduellement diminuer ses financements à l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, suite aux nombreuses accusations qui pèsent sur l’organisation dirigée par Philippe Lazzarini.
L’amendement, déposé par Chris Stoffer du Parti politique réformé (protestant traditionnaliste) et Joost Eerdmans du parti d’extrême-droite « Juste réponse 2021 », a été voté à 88 voix contre 49, selon The Jerusalem Post.
Dans l’exposé des motifs, il est précisé que « l’UNRWA en tant qu’organisation a été discréditée par des violations répétées de sa neutralité et par certains membres du personnel glorifiant la violence dans des groupes Telegram ».
« En outre, de graves allégations ont été formulées à l’encontre de membres du personnel ayant participé au 7 octobre ou aux organisations terroristes que sont le Hamas et le Hezbollah. Il y a aussi la question de l’antisémitisme dans les méthodes d’enseignement de l’UNRWA et des pays d’accueil [des réfugiés, c’est-à-dire principalement la Jordanie et le Liban], que le rapport Colonna a également relevée », poursuit le texte de loi.
Le rapport commandé par l’ONU et dont l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna était en charge avait conclu en avril 2024 à des problèmes de « neutralité politique » au sein de l’UNRWA.
Avec l’adoption de cet amendement, la contribution des Pays-Bas au budget de l’UNRWA devrait passer de 19 millions d’euros à 15 millions en 2025, puis diminuera progressivement chaque année jusqu’en 2029, date à laquelle seulement un million d’euros sera reversé.
« L’aide néerlandaise doit aller aux personnes dans le besoin, mais nous ne pouvons pas soutenir des organisations dont les employés ont des liens avec des organisations terroristes ou ont même participé aux attentats du 7 octobre 2023 », a déclaré Chris Stoffer au Jerusalem Post.
Il affirme par ailleurs que les fonds actuellement alloués à l’agence onusienne seront redistribués à d’autres organisations qui viennent en aide aux réfugiés palestiniens, sans préciser desquelles il s’agit.
L’UNRWA compte plus de 30 000 employés. Quelque 5,9 millions de Palestiniens dans la région (Gaza, Cisjordanie, Liban, Jordanie et Syrie) sont enregistrés auprès de l’agence onusienne.
Au moins douze de ses employés sont accusés par les Israéliens d’avoir été directement impliqués dans l’attaque sans précédent du 7 octobre 2023 menée par le Hamas sur le sol israélien, qui a fait 1 170 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, l’UNRWA a été accusée à plusieurs reprises par l’État hébreu d’avoir des liens ambiguës avec les groupes terroristes palestiniens.
Récemment, Tsahal a retrouvé des documents internes au Hamas qui identifient 24 employés de différentes écoles de la bande de Gaza comme des terroristes appartenant à ses rangs. La plupart d’entre eux occupe le poste de directeur.
L’UNRWA a réagi sur ses réseaux sociaux en accusant Israël de développer un « discours de haine » à son encontre dans le cadre d’une « campagne de désinformation » visant à discréditer l’agence onusienne.
The Government of Israel is running a global disinformation campaign targeting UNRWA, the largest humanitarian provider for people in war-torn #Gaza.
The act of Israel, a UN member state, to label UNRWA, a UN agency, as a terror organisation may amount to hate speech.
Using… pic.twitter.com/mjqK6MFVcR
— UNRWA (@UNRWA) December 4, 2024
Fin janvier, treize pays dont les Pays-Bas avaient annoncé suspendre leur financement à l’UNRWA après qu’Israël avait accusé pour la première fois certains de ses employés d’avoir été impliqués dans l’attaque du Hamas sur son sol le 7 octobre, des accusations qui avaient été jugées « hautement crédibles » par la diplomatie américaine.
À l’époque, le ministre néerlandais du Commerce et du Développement, Geoffrey van Leeuwen, avait déclaré : « L’accusation consiste à dire que l’attaque perpétrée le 7 octobre a été commise avec l’argent de l’ONU, avec notre argent ».
Depuis, la plupart de ces pays ont repris leur financement de l’UNRWA.