Les critiques de l’UNRWA sceptiques alors que des experts présentent un rapport
Même si des éléments témoignent d'une glorification du terrorisme et d'une intolérance de longue date au sein de l'agence chargée des réfugiés palestiniens, un rapport intermédiaire avait échoué à prôner des mesures substantielles pour changer les choses
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Un groupe indépendant d’experts, qui avait été chargé d’enquêter sur les graves accusations qui avaient été lancées à l’encontre de l’Agence controversée des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA), devrait faire connaître ses conclusions lundi – et il devrait sans doute se contenter de prôner des changements superficiels dans le fonctionnement de l’organisation.
Ce réexamen avait commencé au mois de février, après que 15 pays au moins ont gelé les fonds qu’ils versaient à une UNRWA alors plongée dans la tourmente. Les problèmes de l’UNRWA dans le Proche-Orient avaient commencé quand Israël avait fait savoir qu’au moins 12 employés de l’agence avaient été directement impliqués dans les atrocités perpétrées par le Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre ; qu’une trentaine avait aidé ou facilité ces crimes et qu’au moins 12 % du personnel de l’UNRWA entretenaient des liens avec des organisations terroristes.
Un rapport intermédiaire préparé par le panel, qui avait été finalisé au mois de mars – il n’avait pas été rendu public mais le Times of Israel avait pu avoir accès à une synthèse – avait identifié des problèmes déterminants dans les opérations de l’UNRWA en général et à Gaza de manière plus spécifique.
Toutefois, le rapport n’appelait pas au renvoi des 1 500 à 2 000 employés de l’UNRWA à Gaza qui, selon Israël, appartiendraient au Hamas et au Jihad islamique palestinien. Il ne recommandait pas non plus de solution à apporter à l’exploitation des structures de l’agence à des fins terroristes de la part des factions du territoire et il n’apportait pas de réponse à la problématique des incitations au terrorisme au sein des établissements scolaires gérés par l’agence.
Le rapport final, qui sera publié à New York, lundi, vers midi, devrait également faire l’impasse sur les questions les plus difficiles et recommander des solutions bureaucratiques et administratives pour répondre aux problèmes de personnel, tout en demandant un financement accru pour pouvoir mettre en œuvre ces mesures.
Ce panel est dirigé par l’ex-ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, et son travail s’est effectué en collaboration avec trois organisations de recherche : l’Institut Raoul Wallenberg, en Suède, l’Institut Chr. Michelsen, en Norvège et l’Institut danois pour les droits de l’Homme. Tous les trois ont été mis en cause par le groupe de veille UN Watch, qui a estimé qu’ils cherchaient à exonérer l’UNRWA de façon à préserver son financement international.
Dans le cadre du processus d’examen actuel, l’Institut de recherche et de politique IMPACT-se, qui analyse les programmes d’enseignement du monde entier pour vérifier leur conformité aux normes établies par l’UNESCO, a présenté un dossier de 245 pages entrant dans le détail de la glorification du terrorisme et de l’antisémitisme qui, apparemment, continuent à s’exprimer sans entrave dans les écoles de l’UNRWA. L’organisation a été la seule à témoigner devant le panel.
L’organisation a indiqué que les nombreux éléments présentés devant le panel venaient contredire les déclarations et les promesses faites par l’UNRWA et par les nations qui lui donnent de l’argent. Tous s’étaient engagés à prévenir l’enseignement de la haine et la glorification du terrorisme dans les établissements scolaires, affirmant que « les agents de neutralité » empêchaient de tels apprentissages et que les programmes scolaires problématiques seraient pris en charge.
IMPACT-se a aussi noté que le rapport intermédiaire écrit par le panel avait ignoré les preuves visuelles obtenues dans les écoles et dans les classes de l’UNRWA dans tous les districts de Gaza, avec des images montrant des contenus antisémites et violents produits par le département d’éducation de l’agence lui-même. Ainsi, des photos présentées par l’organisation montraient des contenus très problématiques portant le logo de l’agence, les noms des écoles particulièrement incriminées et la liste des employés administratifs qui avaient ratifié ces enseignements pédagogiques problématiques.
« Il y a, parmi eux, des directeurs d’école, des experts du secteur de l’éducation et des contrôleurs de contenu qui sont impliqués dans l’élaboration, dans la supervision, dans l’approbation, dans l’impression et dans la distribution de contenus pédagogiques haineux aux élèves », avait déclaré IMPACT-se.
Parmi les exemples montrés par l’organisation, un manuel de lecture arabophone adopté au collège Al-Maghazi de Gaza, une école pour garçons gérée par l’UNRWA, avec un texte proposé aux élèves qui célébrait l’attentat commis contre des Israéliens qui se trouvaient à bord d’un bus, le qualifiant de « barbecue ». Le livre était encore utilisé par les professeurs en 2022.
Dans le dossier d’IMPACT-se, il y avait aussi des documents de l’école élémentaire Al-Zaytun de Gaza, gérée elle aussi par l’UNRWA, montrant comment la terroriste palestinienne Dalal al-Mughrabi était glorifiée en classe, avec sa photo placardée dans la salle et un texte rendant hommage à ce qu’ils appellent « une cheffe de guerre » et qui faisait également référence à ses complices, des « héros ».
Al-Mughrabi et huit de ses complices avaient commis le massacre de la Route côtière en 1978. 38 personnes avaient été assassinées dont 13 enfants.
Autre exemple de glorification de la violence, des contenus pédagogiques en arabe utilisés au Collège pour filles Asma, à destination des petites élèves de 6e, qui comprenait un exercice intitulé « Aimer sa Terre » et qui faisait la promotion du sacrifice de sa vie – « ce qu’une personne a de plus précieux » à donner pour « nourrir la terre de son sang ».
Dans d’autres exercices de grammaire figurant dans le même manuel, les phrases « Je commettrai le Jihad pour libérer ma terre » ; « nous, Palestiniens, avons résisté à l’occupation » ou « Je n’abandonnerai pas un centimètre de ma terre ».
De plus, d’autres contenus pédagogiques encore utilisés au collège Tel Al-Hawa accusent Israël de polluer l’environnement en jetant des déchets toxiques à Gaza et en Cisjordanie, donnant des cancers aux Palestiniens.
L’IMPACT-se avait aussi soumis un rapport en novembre 2023 – un rapport qui avait révélé qu’au moins 100 membres du Hamas qui avaient perpétré des attentats terroristes anti-Israéliens, ces dernières années, étaient des diplômés du système de l’éducation de l’UNRWA. Le groupe faisait également part d’événements organisés dans les écoles qui avaient célébré le 7 octobre et il avait mis l’accent sur des posts écrits par les enseignants et les personnels de l’agence qui rendaient hommage à l’assaut barbare commis sur le sol israélien.
« Les éléments catastrophiques présentés par IMPACT-se sur cet enseignement institutionnalisé de la haine dans les manuels et dans les écoles de l’UNRWA suffirait à convaincre n’importe quel panel d’enquête, en quête de justice, de la complicité inacceptable de l’agence » en matière de terrorisme, avait indiqué le directeur-général de l’organisation, Marcus Sheff, dans un communiqué qui évoquait les preuves soumises au groupe indépendant.
« Et si le réexamen interne de l’ONU ne devait pas tirer la même conclusion, alors il faudra que des investigations extérieures soient immédiatement lancées de manière à garantir que l’UNRWA ne continuera pas à tenir le même rôle », a-t-il continué.