Pays-Bas : Pegida veut défiler le jour des 77 ans de la grève anti-nazis
Un député recommande de "choisir une autre date que celle commémorée par Amsterdam en l’honneur de ceux qui se sont battus pour la tolérance lors de la Seconde Guerre mondiale"
AMSTERDAM – Un groupe anti-islam des Pays-Bas a annoncé une marche lors de l’anniversaire d’une célèbre manifestation anti-nazis.
La marche du 25 février de Pegida doit avoir lieu à Amsterdam le jour du 77e anniversaire de la grève appelée « la grève de février », un acte de désobéissance rare sous l’occupation nazie, réclamé par le Parti communiste néerlandais, alors illégal.
Les dockers d’Amsterdam s’étaient mis en grève en solidarité avec 425 Juifs arrêtés par les Allemands et déportés au camp de concentration autrichien de Mauthausen.
Reinier van Dantzig, qui dirige la faction du parti libéral des Démocrates 66 au Conseil municipal d’Amsterdam, a appelé les organisateurs à trouver une autre date.
« Enervant, pourquoi ce jour-là ? », a écrit Van Dantzig sur Twitter. « Le droit de manifester est sacro-saint à Amsterdam, même pour ces xénophobes, mais choisissez une autre date, quand Amsterdam ne commémorera pas ceux qui se sont battus pour la tolérance pendant la Seconde Guerre mondiale. »
La branche hollandaise de Pegida, un mouvement de protestation né en Allemagne contre les immigrants des pays musulmans sur le continent, n’a pas précisé si elle avait choisi la date en raison de son importance historique, selon un article du quotidien Het Parool.
Le mois dernier, van Dantzig a lui-même été dénigré sur les réseaux sociaux après avoir critiqué le président américain Donald Trump à l’occasion de l’attaque d’un restaurant casher à Amsterdam par un Syrien de 29 ans qui a brandi un drapeau palestinien alors qu’il brisait les vitrines du restaurant.
C’était un jour après que Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël. Les détracteurs de Dantzig l’ont accusé de justifier une agression antisémite.
La grève à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, probablement la plus grande manifestation de désobéissance publique sur le sort des Juifs dans l’Europe occupée par les nazis, s’étendait de la compagnie de tramway à d’autres départements municipaux, ainsi qu’aux chantiers navals du nord, l’entreprise de textile Hollandia-Kattenburg et la chaîne de magasins De Bijenkorf.
Après la rafle des 22 et 23 février, le mouvement de résistance néerlandais a publié un pamphlet intitulé « La grève ! La grève ! La grève ! Abandonnez la vie industrielle d’Amsterdam pour une journée : les usines, les ateliers, les bureaux, les banques, les unités municipales et la main-d’œuvre ! »
La grève s’est élargie les jours suivants pour inclure cinq autres municipalités.