Plus de 1 100 Palestiniens seraient détenus par Israël sans jugement
La hausse des détentions administratives, chiffre le plus élevé depuis 2003, survient alors que l'armée poursuit ses opérations en Cisjordanie suite aux attentats terroristes
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Israël détient actuellement plus de 1 100 Palestiniens sans procès ni inculpation, soit le chiffre le plus élevé depuis 2003, a déclaré dimanche un groupe israélien de défense des droits.
Le groupe HaMoked, qui recueille régulièrement des chiffres auprès des autorités pénitentiaires israéliennes, a déclaré que 1 132 personnes étaient placées en détention administrative, une pratique en vertu de laquelle les prisonniers peuvent être maintenus en prison sans inculpation presque indéfiniment et n’ont pas accès aux éléments de preuve retenus contre eux.
La grande majorité d’entre elles sont des Palestiniens. Seuls quatre des détenus sont des Israéliens juifs.
La dernière fois qu’Israël a détenu autant de prisonniers administratifs, c’était en mai 2003, lorsqu’au moins 1 140 d’entre eux ont été détenus sans inculpation au cours d’un violent soulèvement palestinien connu sous le nom de Seconde Intifada.
Le nombre de personnes placées en détention administrative n’a cessé d’augmenter au cours des dix-huit derniers mois, Israël ayant procédé à des arrestations quasi-quotidiennes en Cisjordanie en réponse à une série d’attentats terroristes meurtriers contre des Israéliens.
Israël affirme que la détention administrative est un outil qui permet de tenir les terroristes dangereux à l’écart des rues et qui permet au gouvernement de détenir des suspects sans divulguer de renseignements sensibles. Ses détracteurs affirment que cette politique prive les prisonniers d’une procédure régulière.
Les détentions doivent être renouvelées par un tribunal militaire tous les six mois, et les prisonniers peuvent rester en prison pendant des années dans le cadre de cette mesure.
Certains ont recours à des grèves de la faim qui mettent leur vie en danger pour attirer l’attention sur leur détention, ce qui accroît souvent les tensions entre Israël et les Palestiniens.
Ces dernières années, cette pratique a également été utilisée avec une poignée de Juifs israéliens soupçonnés de terrorisme, bien que les dirigeants d’extrême-droite se soient prononcés contre son utilisation dans de tels cas, notamment la semaine dernière, lorsque quatre résidents d’implantations ont été placés en détention administrative en raison de leur implication présumée dans une série de saccages dans des villages palestiniens.
Ils sont actuellement les seuls suspects juifs israéliens détenus en vertu de cette mesure controversée.
« Contre les Palestiniens, Israël recourt massivement à ce qui devrait être une mesure rare et exceptionnelle. Le gouvernement étend maintenant l’utilisation de la détention administrative aux Juifs israéliens », a déclaré Jessica Montell, directrice exécutive de HaMoked. « Tous les détenus administratifs doivent bénéficier d’un procès équitable ou être libérés. »
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.