Plus de 700 morts et 100 personnes kidnappées. Israël frappe le Hamas
Plus de 2 200 blessés et proches de disparus ont lancé des appels à l'aide. L'armée lutte pour déloger les terroristes des communautés israéliennes, plus de 36 heures après le début de l'attaque
Israël a officiellement déclaré l’état de guerre, dimanche, alors que le bilan de l’attaque sans précédent menée par le Hamas, la veille, dépasse les 600 morts et que le sort de plus d’une centaine de personnes, enlevées et emmenées dans la bande de Gaza, n’est toujours pas clair.
Des avions israéliens ont mené des frappes aériennes « intenses » sur des cibles à Gaza, dimanche après-midi, peu après que le cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé que le Conseil des ministres dédié aux questions de sécurité avait voté samedi soir pour placer officiellement le pays en situation guerre, ce qui l’autorise à mener des « activités militaires importantes ».
Les combats se sont poursuivis dimanche dans au moins trois communautés situées près de la barrière de sécurité avec Gaza, envahies par des hommes armés du Hamas la veille. Les tirs de roquettes se sont eux aussi poursuivis, au grand dam des communautés israéliennes, au moment où le pays se prépare à ce qui pourrait être une campagne de longue durée contre l’organisation terroriste dont le siège se trouve à Gaza.
Lors d’une attaque d’une ampleur particulièrement choquante, des hommes armés du Hamas ont pénétré en 22 endroits du sud d’Israël samedi matin, parmi lesquels des villes et communautés situées jusqu’à 24 kilomètres en retrait de la barrière de sécurité avec Gaza. En certains endroits, ils ont erré pendant des heures, abattant des civils et des soldats alors que l’armée israélienne s’organisait pour réagir. Par ailleurs, des milliers de roquettes ont été tirées sur des villes du sud et du centre d’Israël.
Les scènes de chaos et de souffrance, doublées de l’incapacité prolongée des autorités à reprendre le contrôle de la situation, ont choqué et indigné la nation qui exige aujourd’hui des réponses sur les raisons des nombreuses failles des services de renseignement, de l’armée et de la politique qui ont rendu possible une telle catastrophe nationale, avec des centaines de terroristes s’en prenant à des civils à bord de convois armés.
Les autorités ont estimé dimanche à plus de 700 le nombre des personnes tuées lors de l’assaut massif lancé par les terroristes du Hamas au sein de communautés israéliennes près de Gaza ou par les milliers de roquettes tirées sur Israël, ce qui en fait le jour le plus sanglant de toute l’histoire du pays, selon les informations rendues publiques.
Un porte-parole de ZAKA, organisation de bénévoles chargée de rassembler les restes humains après les attentats terroristes et autres catastrophes, a expliqué aux médias israéliens que le bilan des victimes s’était considérablement alourdi à mesure de la progression des équipes israéliennes, de l’évacuation des hommes armés du Hamas des communautés situées le long de la barrière de sécurité et du secours aux victimes.
Le ministère de la Santé a déclaré que le nombre de blessés hospitalisés était de 2 156, dont 20 dans un état critique et 338 dans un état grave.
Au-delà des personnes tuées et blessées, un nombre inconnu de civils et soldats ont été enlevés par des hommes armés du Hamas qui les ont conduits à Gaza suite à l’invasion de plusieurs bases et communautés militaires.
La libération de communautés et d’autres zones tenues par le Hamas a révélé des scènes extrêmement choquantes de rues, champs et autoroutes recouverts de corps, véhicules abandonnés et effets personnels. De nombreuses personnes ont par ailleurs été tuées dans leur maison.
Reut Karp a partagé sur Facebook le témoignage bouleversant des enfants de Dvir Karp sur l’assassinat de leur père et de sa partenaire Stav, au kibboutz Reim.
« A 8h20, des terroristes sont entrés dans la maison de Dvir : il s’est jeté sur eux avec une hache, tentant de protéger mes deux enfants qui étaient avec lui. Il a été assassiné sous leurs yeux », a-t-elle écrit. Sa partenaire Stav a également essayé de les protéger : elle a elle aussi été assassinée. Le terroriste a calmé mes enfants Daria et Lavi, les a recouverts d’une couverture, a pris du rouge à lèvres et a écrit sur le mur : « Les gens des Brigades al-Qassam ne tuent pas les enfants. »
« Pendant trois heures, je suis restée au téléphone avec Daria pour la calmer. Je l’entendais respirer très fort : elle était morte de peur. Elle entendait encore des bruits à l’intérieur de la maison alors je lui ai demandé de se taire », a déclaré Reut Karp, qui vit à Yehud. Finalement, un civil armé a trouvé les enfants qu’il a fait sortir par la fenêtre – pour éviter de passer à côté des corps – et les a emmenés dans une maison plus sûre, mais toujours assiégée dimanche.
Mor Bayder a raconté l’histoire du meurtre brutal de sa grand-mère dans le kibboutz Nir Oz.
« Ma grand-mère, mon monde, celle qui a illuminé ma vie, notre rocher – à moi et toute ma famille – qui a toujours vécu à Nir Oz, a été violemment assassinée hier par un terroriste chez elle », a écrit Bayder sur Facebook. « C’est à 7 heures du matin que le cauchemar s’est produit. Un terroriste est entré par effraction chez elle, l’a assassinée, a pris son téléphone, a photographié ce qu’il avait fait et a publié la photo sur son compte Facebook. C’est comme ça que nous l’avons découvert. »
Dans certains cas, les terroristes du Hamas ont mis le feu à des bâtiments, à Nir Oz, pour forcer les familles à sortir de leur cachette, avant de les abattre ou de les kidnapper.
En plus des personnes tuées et blessées, des hommes armés du Hamas ont emmené un nombre inconnu de civils et de soldats captifs à Gaza après avoir envahi plusieurs bases et communautés militaires.
Les réseaux sociaux regorgent de vidéos épouvantables d’hommes, de femmes et d’enfants conduits dans la bande de Gaza, nombre d’entre eux donnant des signes manifestes de mauvais traitements. Des vidéos d’Israéliens morts – parmi lesquels des soldats – ont également été publiées. Les dépouilles de certains d’entre eux ont été exhibées dans les rues.
L’armée israélienne a déclaré dimanche la mise en place d’une cellule de crise dédiée à la collecte d’informations précises sur les otages israéliens détenus par l’organisation terroriste du Hamas dans la bande de Gaza.
Elle a précisé que cette cellule aurait pour objet de construire une « image de la situation » afin de localiser les captifs, soldats comme civils.
« Face à toute cette complexité et ces incertitudes, il est nécessaire de communiquer des informations fiables le plus rapidement possible. Certaines familles ont déjà reçu des messages concernant leurs proches », a fait savoir Tsahal.
La police et le Commandement du front intérieur de Tsahal ont également mis en place une cellule spéciale pour identifier les personnes tuées dans les attaques en utilisant des échantillons d’ADN fournis par les familles.
Une longue file d’Israéliens dont les proches sont portés disparus s’est formée devant un poste de police, dans le centre d’Israël, pour fournir aux enquêteurs des échantillons d’ADN et autres éléments susceptibles d’aider à identifier les membres de leur famille.
Sur X, le chef de l’opposition Yair Lapid a demandé au Premier ministre Benjamin Netanyahu de nommer incessamment un coordinateur chargé de la recherche des Israéliens disparus et captifs « afin que quelqu’un fasse le lien avec les familles ».
Peu de temps après, Netanyahu a nommé Gal Hirsch, brigadier-général réserviste qui commandait la 91e division lors de la deuxième guerre du Liban en 2006, référent au sein du gouvernement pour les questions liées aux Israéliens disparus ou kidnappés.
Le service de presse du gouvernement, qui relève du cabinet du Premier ministre israélien, a déclaré dimanche dans un message sur Facebook que le nombre d’otages à Gaza dépassait la centaine.
Parmi les personnes enlevées figurent de jeunes enfants, des personnes âgées et des ressortissants étrangers, parmi lesquels 11 Thaïlandais travaillant dans des fermes près de la barrière de sécurité. Le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que le Département d’État tentait de confirmer les informations selon lesquelles des Américains avaient été tués ou enlevés.
En Israël, une femme a posté un appel déchirant sur les réseaux sociaux illustré d’une photo de sa grand-mère, âgée de 85 ans, aux mains des terroristes du Hamas à Gaza.
« C’est ma grand-mère, elle a été capturée et emmenée à Gaza », a écrit Adva Adar sur les réseaux sociaux. « Elle s’appelle Yaffa Adar et elle a 85 ans !! »
« Ma grand-mère a établi le kibboutz de ses propres mains : elle croyait au sionisme, dans ce pays qui l’a abandonnée, laissée prendre en otage », a-t-elle écrit. « On l’a sans doute jetée quelque part, elle qui souffre de douleurs intenses, sans médicaments, sans nourriture et sans eau, morte de peur, seule. »
« Et on ne nous dit rien, personne n’est capable de nous dire quoi que ce soit. »
Cet appel fait écho à ceux de bien d’autres familles dont des membres ont eux aussi disparu, et qui se disent abandonnés par les autorités.
Alin Atias, une mère désespérée, cherche sa fille Amit Buskila.
« Personne ne nous aide », a-t-elle dit. « Où est le gouvernement ? »
« J’implore le pays tout entier. Aidez-moi à retrouver ma fille ». « Benjamin Netanyahu, je vous en supplie, envoyez des hélicoptères. Trouvez-la, je vous en prie, s’il vous plaît. »
Ella Ben Ami pense que son père a été enlevé et conduit à Gaza depuis qu’elle a vu une photo de lui sur les réseaux sociaux. Elle dit ne pas savoir où se trouve sa mère.
La jeune femme a déclaré à la Douzième chaine qu’elle n’avait eu aucune nouvelle de la part du gouvernement ou des responsables de Tsahal.
« Nous regardons les infos toute la journée dans l’espoir d’avoir des nouvelles ». « C’est horrible, c’est horrible de se dire que nous n’aurons des nouvelles qu’aux infos. »
Un responsable égyptien a fait savoir qu’Israël avait demandé l’aide du Caire pour assurer la sécurité des otages, et que le chef du renseignement égyptien avait contacté le Hamas – ainsi que l’organisation plus petite mais plus radicale du Jihad islamique palestinien -, qui a également pris part à l’invasion, pour obtenir des informations. L’Égypte a souvent servi de médiateur entre les deux parties par le passé.
Israël et le Hamas ont nié l’existence de pourparlers concernant les otages.
« En ce moment, nous luttons pied à pied contre les terroristes qui se trouvent en territoire israélien. Nous ne prenons part à aucune forme de discussion sur les otages en ce moment », a déclaré un responsable au Times of Israel.
Le porte-parole en chef de l’Armée israéliennes, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré dimanche que plus de 50 avions de combat ont frappé 120 sites dans le quartier de Beit Hanoun, démolissant les zones de rassemblement du Hamas utilisées pour lancer des attaques contre Israël. Au total, Tsahal a frappé quelque 800 sites depuis le début des combats, a déclaré Hangari.
Il y avait encore des terroristes du Hamas en Israël, et les soldats israéliens font le nécessaire pour les retrouver et les tuer, a-t-il dit.
« Nous allons nettoyer le secteur et nous en prendre aux terroristes où qu’ils soient », a-t-il ajouté. « Le Hamas a infligé de grands malheurs aux habitants de la bande de Gaza. Le temps des questions et des enquêtes difficiles viendra, mais pour l’heure, nous sommes en guerre et nous sommes occupés à attaquer l’ennemi et à l’emporter sur lui. »
L’existence d’otages israéliens à Gaza a sans doute compliqué les projets israéliens de contre-attaque à grande échelle sur Gaza. Cela n’a pas empêché les avions israéliens de pilonner les positions du Hamas et du Jihad islamique dans toute la bande de Gaza, intensifiant sa campagne aérienne un jour après que Netanyahu a juré de « venger ce jour noir ».
Parmi les cibles des avions de combat et drones de l’armée de l’air israélienne, on relève le quartier général utilisé par les organisations terroristes pour organiser les combats.
La marine israélienne a pour sa part déjoué les tentatives d’infiltration des terroristes par mer, tuant des dizaines de terroristes.
Au total, plus de 500 sites ont été pris pour cible par Tsahal depuis le début de la guerre, samedi matin.
Le ministère de la Santé sous autorité du Hamas dans la bande de Gaza a déclaré que 370 Palestiniens ont été tués et 2 200 blessés dans la bande de Gaza, la plupart d’entre eux suite aux frappes de représailles israéliennes.
L’armée israélienne dit pour sa part avoir tué plus de 400 terroristes palestiniens, en Israël et lors de frappes à Gaza.
Mais à l’intérieur du territoire israélien, les forces de l’ordre luttent toujours pour éliminer les cellules terroristes retranchées au sein de communautés dévastées, et ce, plus de 34 heures après le début de l’assaut coordonné. Des échanges de tirs violents entre soldats israéliens et terroristes palestiniens ont été signalés à Magen, dans le sud du pays, non loin de la barrière de sécurité avec la bande de Gaza.
Selon les médias israéliens, Tsahal a également déployé des chars contre les terroristes dans le secteur.
Par ailleurs, des fusillades se poursuivent à Kfar Aza, où au moins 10 terroristes seraient toujours retranchés.
L’armée a dit avoir évacué les civils des villes proches de la barrière de sécurité avec la bande de Gaza, et fouillé la zone à la recherche de terroristes susceptibles de se trouver encore en territoire israélien.
Sont concernées les villes de Nahal Oz, Erez, Nir Am, Mefalsim, Kfar Aza, Gevim, Or Haner, Ibim, Netiv Haasara, Yad Mordechai, Karmia, Zikim, Kerem Shalom, Kissufim, Holit, Sufa, Nirim, Nir Oz, Ein Hashlosha, Nir Yitzhak, Beeri, Magen, Reim, Saad et Alumim.
« D’autres évacuations auront lieu suivant l’évoluation de la situation », a déclaré Tsahal.
De nombreux civils sont encore retranchés chez eux, craignant la présence de terroristes itinérants à la recherche de victimes.
Toutes les prises d’otages connues, avec des civils israéliens capturés par des hommes armés du Hamas dans leur ville, ont été rapidement réglées par l’intervention de l’armée et des forces de police, qui ont tué les terroristes et sauvé les otages à l’issue de plusieurs heures d’affrontements à Sderot, Ofakim ainsi que dans le kibboutz Beeri, sur lequel Tsahal a totalement repris le contrôle.
Mais la crainte que des terroristes puissent encore se trouver dans le pays demeure, et une grande partie du pays est sur les nerfs.
La police assure avoir « neutralisé » sur la Route 4 un véhicule avec à son bord des terroristes palestiniens en route vers le nord, depuis Gaza, avant de dévier dans un champ près d’Ashkelon. Mais des informations ultérieures ont indiqué que le conducteur était un Israélien et qu’il s’agissait d’un cas tragique d’erreur d’identité.
A Sderot, où des terroristes ont envahi un poste de police samedi, un riverain à bord d’un véhicule tout-terrain a été blessé par balle par les forces israéliennes après avoir refusé de s’arrêter, a fait savoir la municipalité.
En outre, des tirs de roquettes sporadiques ont eu lieu toute la journée, principalement en direction des communautés du sud, contrairement aux tirs de la veille qui visaient des zones éloignées comme Tel Aviv ou Jérusalem.
Quatre personnes ont été blessées, dont une grièvement, lors d’un tir de roquettes en direction de Sderot. La municipalité a fait savoir que pas moins de six bâtiments avaient été touchés, tandis que le Conseil régional de Sdot Negev ordonnait aux habitants de rester dans les abris jusqu’à nouvel ordre.
À la frontière nord entre Israël et le Liban, l’organisation terroriste du Hezbollah a bombardé des positions israéliennes, s’attirant une riposte israélienne et suscitant des inquiétudes quant à l’ouverture possible d’un deuxième second front.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a ordonné au Commandement du front intérieur de Tsahal de se préparer à une possible évacuation des villes situées à la frontière nord d’Israël, si des combats éclataient à cet endroit.
L’armée a rappelé ses réservistes dans le cadre de la préparation à ce que les dirigeants qualifient de riposte militaire sans précédent. D’importants effectifs ont été déployés le sud du pays comme dans le nord.
Israël reçoit un fort soutien de la part des gouvernements et chefs d’Etat occidentaux, nombreux à avoir condamné l’assaut du Hamas, l’assassinat et l’enlèvement systématique de civils.
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