Plus d’un an de crise politique en Israël
Israël est en proie depuis plus d'un an à l'une de ses pires crises politiques qui perdure, en dépit de la pandémie du nouveau coronavirus

Israël est en proie depuis plus d’un an à l’une de ses pires crises politiques qui perdure, en dépit de la pandémie du nouveau coronavirus.
Annonce d’élections anticipées
Le 24 décembre 2018, le Likud (droite) du Premier ministre Benjamin Netanyahu annonce que tous les partis de la coalition au pouvoir sont tombés d’accord pour la tenue de législatives début avril 2019.
Une anticipation du scrutin prévu fin 2019 était dans l’air, notamment depuis la démission en novembre du ministre de la Défense Avigdor Liberman, chef du parti nationaliste laïc Yisrael Beytenu, en désaccord sur la trêve conclue à Gaza.
Avec le départ des cinq députés de ce parti, la coalition ne détenait plus qu’une seule voix de majorité (sur 120) au Parlement.

Le 26 décembre, la Knesset (Parlement) vote en faveur de sa dissolution.
Impasse
Le 9 avril 2019, les Israéliens votent lors de législatives au terme desquelles Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 2009 et sous la menace d’une inculpation pour corruption, espère se maintenir à son poste.
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Face à lui, Benny Gantz, ancien chef d’état-major et meneur de l’alliance centriste Kakhol lavan, entré en politique il y a moins de six mois.
Les deux formations, le Likud et Kakhol lavan, obtiennent chacune 35 sièges.
Le 17, le président israélien Reuven Rivlin charge M. Netanyahu de former le gouvernement.

Mais le 29 mai, devant l’incapacité de M. Netanyahu à former une coalition, le Parlement vote pour sa propre dissolution et de nouvelles élections le 17 septembre. Le Premier ministre a préféré provoquer un nouveau scrutin que de voir le président confier à un autre le soin de former une coalition.
Nouvel échec
Le 17 septembre, le Likud et Kakhol lavan sont au coude-à-coude à l’issue de nouvelles législatives.
Le lendemain, Benny Gantz plaide pour « un large gouvernement d’union ». De son côté, M. Netanyahu juge que le pays fait face à deux options : « soit un gouvernement que je dirige, soit un gouvernement dangereux qui repose sur les partis arabes ».
La Liste arabe unie, qui s’impose comme la troisième force politique du pays, recommande officiellement Benny Gantz comme Premier ministre.

Le 25, le président désigne M. Netanyahu pour former le prochain gouvernement. Benny Gantz refuse de « siéger dans un gouvernement dont le chef est sous le coup d’un grave acte d’accusation ».
Mais le 21 octobre, M. Netanyahu renonce et laisse la voie libre à Benny Gantz, que le président charge de former le gouvernement.

Le 21 novembre, celui-ci mandate le Parlement pour trouver un Premier ministre, ni Benjamin Netanyahu ni Benny Gantz n’ayant réussi à former un gouvernement.
Le même jour, le procureur général Avichai Mandelblit inculpe M. Netanyahu pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires. C’est la première fois qu’un Premier ministre en exercice est mis en examen dans le pays.
Celui-ci dénonce une tentative de « coup d’Etat ».
Le 11 décembre, après la date-butoir pour donner au pays un chef de gouvernement ayant l’aval de la majorité de la Chambre, les députés votent la dissolution de la Knesset et les modalités d’un scrutin, convoqué le 2 mars 2020.
Troisième scrutin en moins d’un an
Le 2 mars, à l’issue de nouvelles législatives, le Likud obtient le plus grand nombre de sièges : 36 sur les 120 du Parlement, contre 33 pour la formation de Benny Gantz.
Le 15, le tribunal de Jérusalem annonce le report du procès pour corruption de Benjamin Netanyahu, invoquant des craintes de propagation du nouveau coronavirus.
Le lendemain, Benny Gantz, qui a reçu au final le soutien de 61 députés, est chargé de former un nouveau gouvernement. Mais il n’y parviendra pas en raison notamment du morcellement du paysage politique.
Le 26, Benny Gantz est élu président du Parlement après s’être rallié, – dans un retournement inattendu, – au Premier ministre sortant. Il appelle à la formation d’un « gouvernement d’urgence et d’union » pour gérer la crise du nouveau coronavirus.

Dans la nuit du 13 au 14 avril, le président Rivlin accorde in extremis 48 heures supplémentaires à MM. Netanyahu et Gantz pour former un gouvernement « d’unité et d’urgence ».
Malgré cela, les deux hommes ne parviennent pas à s’accorder avant l’échéance, le 15 au soir, de ce nouvel ultimatum.
Le 16 avril, le président Rivlin charge les parlementaires de lui recommander un autre élu pour tenter de former un gouvernement et sortir Israël d’une crise politique sans précédent.
Parallèlement, les camps de MM. Netanyahu et Gantz annoncent la poursuite de leurs pourparlers.