Pologne : le Congrès juif mondial dénonce un rituel de Pâques antisémite
Connu sous le nom de "jugement de Judas", ce rituel pascal remonte au 18e siècle et a été pratiqué jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale
Le Congrès juif mondial a condamné une ville polonaise après des informations de presse selon lesquelles des habitants y ont repris un ancien rite de Pâques en brûlant un mannequin censé représenter Judas, « fabriqué pour ressembler à la figure stéréotypée du Juif ».
Le vice-président de l’organisation Robert Singer a exprimé son « dégoût et (son) indignation devant cette nouvelle manifestation ouvertement antisémite », selon un communiqué diffusé dimanche.
« Les Juifs sont profondément inquiets de cet atroce renouveau de l’antisémitisme moyenâgeux qui a conduit à une violence et des souffrances inimaginables », a-t-il ajouté.
Des médias polonais ont diffusé des photos et des vidéos montrant des habitants de la bourgade de Pruchnik (sud-est), dont des enfants, en train de battre à coups de bâton vendredi un mannequin représentant Judas, doté de papillotes et d’un gros nez. Ils ont ensuite décapité le mannequin avant d’y mettre le feu et de le jeter dans une rivière, selon ces médias.
Connu sous le nom de « jugement de Judas », ce rituel pascal remonte au 18e siècle et a été pratiqué jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale. Il a depuis été abandonné, sauf dans quelques villages. Il n’était plus pratiqué à Pruchnik, selon le portail d’informations polonais oko.press.
Des inquiétudes se font jour sur un regain de l’antisémitisme en Pologne, pays qui a connu récemment de fortes tensions avec Israël.
Ulcéré par des propos du chef de la diplomatie israélienne, Yisraël Katz, sur « l’antisémitisme que les Polonais tètent avec le lait de leur mère », Varsovie a boycotté en février un sommet prévu à Jérusalem de quatre pays est-européens (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie). Une vague de commentaires violents et antisémites avait alors envahi les réseaux sociaux.
L’an dernier, une crise a opposé les deux pays après l’adoption d’une loi polonaise controversée, finalement amendée, perçue en Israël et aux Etats-Unis comme une tentative implicite d’empêcher les survivants de l’Holocauste d’évoquer les crimes des Polonais à leur égard.
Première terre d’accueil des Juifs jusqu’au 20e siècle, la Pologne envahie et occupée par l’Allemagne nazie a vu périr six millions de ses habitants pendant la Deuxième Guerre mondiale dont trois millions de Juifs. Aujourd’hui, la communauté juive de Pologne compte entre 8 000 et 12 000 membres, selon des estimations.