Possible entrevue entre une ministre autrichienne d’extrême-droite et Netanyahu
Le cabinet du Premier ministre nie toute discussion ; Netanyahu aurait eu un "bref et amical échange de mots" avec Karin Kneissl, affiliée au parti d'extrême droite du FPÖ
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
La semaine dernière, le Premier ministre Benjamin Netanyahu est allé à la rencontre et s’est brièvement entretenu avec la ministre des Affaires étrangères autrichienne Karin Kneissl malgré un boycott formel, d’après un haut responsable à Vienne. Le cabinet du Premier ministre a réfuté toute rencontre dans un communiqué : « La politique d’Israël à l’égard de ce parti n’a pas changé. La ministre a surpris le Premier ministre et est venue à sa rencontre de façon inattendue. Il n’y a eu aucune conversation ou rencontre privée.”
Karin Kneissl a été nommée à son poste par le parti d’extrême-droite du FPÖ, que Jérusalem condamne en raison de sa proximité avec le milieu néo-nazi. Elle n’est pas officiellement membre du parti. Son cabinet a refusé de commenter la rencontre prétendue.
Si cette rencontre a vraiment eu lieu, jeudi, en marge de la conférence internationale à Varsovie, cela voudrait dire que le gouvernement israélien ne suit plus sa politique officielle concernant les contacts avec des responsables politiques affiliés au FPÖ.
Un haut responsable diplomatique autrichien a confirmé au Times of Israel une rapide entrevue et des « échanges de banalités », quelques minutes après une photo de groupe.
Netanyahu est allé à la rencontre de Karin Kneissl, et « un bref échange chaleureux s’en est suivi », a confié le diplomate au Times of Israel, s’exprimant sous couvert d’anonymat. « Je pense que cette rencontre est un signe supplémentaire que le boycott à l’encontre de Mme Kneissl pourrait bientôt prendre fin, » a-t-il ajouté.
Officiellement, l’État hébreu n’a pas changé de politique à l’égard du FPÖ et des responsables politiques affiliés au parti, même si, selon une rumeur tenace, Jérusalem envisage d’établir une relation avec la ministre, puisqu’elle est en charge des affaires étrangères et n’est pas membre de la formation officiellement.
La communauté juive d’Autriche continue d’appeler à un boycott total du parti — et de Karin Kneissl.
« C’est à Israël de décider comment se positionner face au FPÖ. Nous, la communauté juive autrichienne, avons un conseil d’administration démocratiquement élu composé de sept partis et de 24 membres au total. Ce conseil a décidé à l’unanimité de n’avoir aucun contact avec le FPÖ, pas en raison du passé du parti, mais à cause des incidents contemporains, » a fait savoir le leader de la communauté Oskar Deutsch au Times of Israel lors d’une interview récente.
« Je pense que le gouvernement israélien suit la situation de près, et sa politique est très responsable. Mais c’est à eux de voir », a indiqué Oskar Deutsch. « Je parle au nom de ma communauté — pour l’instant, nous n’avons aucune raison de revenir sur notre décision. »
La ministre participe à tous les grands événements du FPÖ et n’a pour l’instant pas condamné les attaques du parti contre la shehita, (l’abattage rituel cacher), et les nombreux scandales de nazisme dont sont responsables des membres du parti, a déploré M. Deutsch.
Les Juifs autrichiens seraient-ils déçus si Israël avait établi des contacts avec le FPÖ ou Mme Kneissl ?
« Les Juifs autrichiens sont très satisfaits de nombreuses décisions du gouvernement israélien, et moins satisfaits d’autres choix. Tout le monde ne peut pas être d’accord avec tout, » a répondu le responsable de façon diplomatique.
« Bien sûr, je suis satisfait du gouvernement israélien jusqu’à présent. Mais s’ils changent de politique par la suite, j’en prendrai note. Que faire d’autre ? Je ne vois pas pourquoi le gouvernement changerait de position aujourd’hui, » a-t-il ajouté.
Notant qu’il s’agit là d’une question hypothétique, M. Deutsch a laissé entendre qu’il ne critiquerait peut-être pas publiquement le gouvernement Netanyahu si jamais il adoptait une autre politique vis-à-vis du FPÖ ou de sa ministre.
« Il y a suffisamment de gens dans ce monde qui attaquent Israël. Je ne veux pas m’en prendre publiquement au gouvernement israélien, » a-t-il dit, ajoutant que sa position actuelle « faisait de sa politique étrangère une position profondément juive. Pourquoi Jérusalem abandonnerait une politique étrangère juive ? » s’est-il interrogé de façon rhétorique.
Le gouvernement a de « bonnes raisons » de suivre cette politique vis-à-vis des ministres sous étendard FPÖ, a-t-il poursuivi, en référence à Karin Kneissl. « Il s’agit d’un aspect du tempérament juif de cette merveilleuse démocratie de ne pas apposer d’hechsher [attestation de casheroute] à un parti comme le FPÖ. »