Pour l’auteure de ‘Bridgerton’, la série culte est « ce dont nous avions besoin »
63 millions de foyers ont regardé l'adaptation du roman à succès de l'autrice juive Julia Quinn - et les créateurs de la série comptent bien ne pas s'arrêter là
LONDRES (Jewish News) — « Débutantes » éblouissantes, dandys délicieux, passions qui se consument à peine dissimulées sous les corsets serrés des dames de l’aristocratie londonienne : Il est inutile de se demander pourquoi la série de Netflix, « Bridgerton », est devenue la coqueluche d’un public ravi.
Alors qu’elle n’est diffusée que depuis quelques semaines, la plateforme de streaming prédit que sa dernière série à succès, née d’une collaboration entre Shondaland et le créateur Chris Van Dusen, aura été regardée par 63 millions de foyers avant la fin du mois – ce qui la classerait à la 5e place des séries les plus regardées sur Netflix depuis ses débuts.
Alors que je cite ces impressionnantes statistiques lors d’une rencontre amicale sur Zoom, l’autrice de romans d’amour historiques Julia Quinn, qui se trouve à son domicile de Seattle, secoue la tête avec une évidente incrédulité et elle sourit jusqu’aux oreilles.
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« Il y a des chiffres que je parviens à comprendre mais 63 millions – non, sincèrement, c’est trop gros pour que j’arrive seulement à le concevoir », s’exclame-t-elle en riant.
Et lui dire qu’il s’agit de presque la totalité de la population du Royaume-Uni ne l’aide pas.
Bridgerton, les romans très populaires de l’autrice juive, qui se déroulent entre 1813 et 1827, sont chacun consacrés à l’histoire de l’un des enfants (par ordre alphabétique) de feu le vicomte Bridgerton: Anthony, Benedict, Colin, Daphne, Eloise, Francesca, Gregory et Hyacinth.
Le premier livre, The Duke And I, qui a largement composé la base de l’adaptation Netflix, raconte l’histoire de Daphne (Phoebe Dynevor), aînée de la fratrie, et ses débuts sur le marché concurrentiel du mariage à Londres, sous la régence.
Même si elle a été qualifiée « d’incomparable » par la reine Charlotte (Golda Rosheuvel), Daphne ne reçoit aucune proposition d’union – ce qui amène la mystérieuse Lady Whistledown (qui a la voix de Julie Andrews), l’autrice d’un journal à scandale regroupant tous les potins de la haute société londonienne, à la dénigrer.
De son côté, Simon Bassett, alias le duc de Hastings (Regé-Jean Page), célibataire endurci qui ne connaît de plus grand bonheur que celui de « ratisser » le continent, est pourchassé par des mères ambitieuses et soucieuses d’assurer le meilleur mariage à leurs filles.
Les deux jeunes gens mettent alors en place un plan visant à simuler leur attraction mutuelle. Ainsi, considéré comme un cœur indisponible, Simon pourra être laissé tranquille tandis que Daphne deviendra plus désirable aux yeux d’autres courtisans potentiels.
Malgré leurs affirmations du contraire, il devient rapidement évident que Daphne et Simon sont faits l’un pour l’autre.
Pour Quinn — Julie Pottinger de son vrai nom — le succès énorme remporté par « Bridgerton » est non seulement « incroyable, mais aussi extrêmement surprenant ».
La quinquagénaire est bien connue dans le monde littéraire. Elle a écrit 18 best-sellers consécutifs pour le New York Times et elle a vendu plus de dix millions de livres aux Etats-Unis seulement.
Mais, explique-t-elle, ce genre littéraire du roman d’amour historique n’est que rarement adapté à la télévision.
« Il y a du romantisme dans les adaptations de Jane Austen, qui sont merveilleuses, ou dans la série formidable ‘Downton Abbey’, mais ce ne sont pas pour autant des films d’amour historiques », dit Quinn. « Ce que réussit à faire ‘Bridgerton’, c’est qu’à la fin des huit épisodes, vous ressentez la même chose que lorsque vous venez de terminer la dernière page d’un roman d’amour ».
Peut-être d’autres sociétés de production avaient-elles estimé que l’intrigue de ce type de roman était trop sirupeuse pour le public – mais force est de constater que « Bridgerton » a prouvé le contraire. En fait, l’échappatoire et la fiction romantique semblent être aujourd’hui les meilleurs des antidotes pour parvenir à traverser la pandémie.
« Je pense que le moment choisi pour la diffusion de la série était fortuit », reconnaît Quinn. « 2020 a été, pour la majorité d’entre nous, la pire année de notre vie – et si cela n’a pas été le cas au niveau individuel, cela l’a été au moins collectivement. Et ‘Bridgerton’, en fin de compte, s’est avéré être exactement ce dont nous avions tous besoin ».
Tout en restant proche du roman, qui avait été écrit il y a 20 ans, la version télévisée procède à certains changements – notamment en changeant les origines de certains personnages qui, dans le livre, étaient blancs, comme le duc et la douairière acerbe qui l’a élevé, Lady Danbury (Adjoa Andoh).
Pour sa part, la reine Charlotte – un nouveau personnage – l’épouse du roi George III, est interprétée par l’actrice britannico-guyanaise Rosheuvel.
« C’est génial », s’exclame Quinn. « La télévision est un média différent d’un livre et il est possible de rendre une œuvre plus diversifiée, plus inclusive. La série a décidé de créer un monde légèrement alternatif, sur la base de cette pépite historique qui est une possible origine africaine de la reine Charlotte ».
Quinn dit qu’elle-même n’est pas une autrice « très visuelle » et elle admet n’avoir jamais eu d’idée préconçue sur l’apparence de ses personnages.
Elle ajoute que « ce qui m’a époustouflée, c’est que lorsque l’équipe a commencé à faire les castings, c’est que j’ai pu identifier les visages des mêmes personnages que j’avais créés. Et dès qu’ils commençaient à ouvrir la bouche, je savais, oui, qu’ils étaient en train d’exprimer très exactement ce que j’avais moi-même voulu dire ».
Ce qui m’a époustouflée, c’est que lorsque l’équipe a commencé à faire les castings, j’ai pu identifier les visages des mêmes personnages que j’avais créés. Et dès qu’ils commençaient à ouvrir la bouche, je savais, oui, qu’ils étaient en train d’exprimer très exactement ce que j’avais moi-même voulu dire »
Quinn a grandi en lisant des romans d’amour et elle écrit depuis qu’elle a été diplômée en histoire de l’art à Harvard. Elle avait déjà été publiée quand elle avait commencé des études supérieures à la faculté de médecine de Yale – des études qu’elle avait finalement interrompues quelques mois plus tard pour revenir à sa passion de l’écriture.
Quinn rit lorsque je lui rappelle que, seulement la semaine dernière, le créateur Van Dusen a déclaré qu’il adorerait faire encore sept autres saisons.
« Tous les gens que je connais m’ont envoyé cette déclaration de Van
Dusen ! Cela serait formidable mais, avec un peu de chance, on verra revenir au moins une fois ‘Bridgerton’ sur nos écrans », dit-elle.
Nul doute que ses 63 millions de nouveaux fans espèrent très précisément la même chose.
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