Pour les Palestiniens, le gel des fonds de l’AP est « une déclaration de guerre »
Les responsables ont fustigé l'adoption de la loi et accusent Israël d'avoir "franchi une ligne rouge", le porte-parole d'Abbas avertit d'un changement dans les relations

Les Palestiniens ont dénoncé mardi l’adoption par le Parlement israélien d’une loi permettant de geler le transfert à l’Autorité palestinienne du montant des allocations qu’elle accorde aux familles des détenus palestiniens et des terroristes tués pendant leurs attaques.
Saeb Erekat, secrétaire général de l’Organisation de libération de Palestine (OLP), a déclaré que cette démarche menaçait l’existence de l’Autorité palestinienne, déjà en difficultés financières.
Le texte approuvé lundi par le Parlement israélien prévoit que les sommes versées aux détenus palestiniens seront défalquées du montant des fonds qu’Israël prélève au titre de la TVA ou des droits de douanes sur les produits importés par les Palestiniens. Ces fonds sont ensuite reversés à l’Autorité palestinienne.
« C’est une décision dangereuse, un acte de piraterie, un vol qui revient à vouloir supprimer l’Autorité Palestinienne », a affirmé à l’AFP Saëb Erekat.
« Israël vole les terres et l’argent du peuple palestinien et tout cela résulte des décisions du président américain (Donald) Trump qui soutient Israël », a ajouté ce haut responsable.

Cette législation contrevient aux accords d’Oslo, a dit Nabil Abu Rudeineh selon l’agence de presse officielle de l’AP, Wafa. Il a ajouté qu’Israël « franchissait une ligne rouge » et que cette mesure était « une déclaration de guerre contre le peuple palestinien ».
Avertissant que ce projet de loi pourrait avoir « de graves répercussions », Abu Rudeineh a déclaré que les dirigeants palestiniens se réuniront prochainement pour formuler une réaction « qui changera la nature des relations existantes » entre Israël et l’AP.
Un autre responsable palestinien, Issa Qaraqe, directeur de la commission des prisonniers palestiniens, a indiqué au micro de la station de radio de la Voix de la Palestine que retenir les fonds qu’Israël s’est engagé à transférer sous les termes des accords d’Oslo équivaut à un « piratage ».
Mais l’AP, a-t-il affirmé, n’abandonnera pas ses « martyrs » et ses prisonniers.
« Cela fait partie de notre culture et de notre résistance », s’est-il exclamé. « Cette loi vise à délégitimer notre combat national en faveur de l’indépendance ».
Selon un des initiateurs de la loi, Avi Dichter, un député du Likud, le parti de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu, les sommes versées aux familles représentent 7 % du montant du budget de l’Autorité palestinienne, soit 330 millions de dollars par an.

Les responsables israéliens estiment que le paiement d’allocation aux familles de Palestiniens détenus pour des « raisons de sécurité » encourage la violence.
Les Palestiniens considèrent les prisonniers comme des « martyrs » de leur « lutte contre l’occupation israélienne ».
Aux Etats-Unis, le Congrès a approuvé en mars une loi gelant une partie de l’aide à l’Autorité palestinienne pour sanctionner le versement d’allocations aux familles de Palestiniens condamnés pour des attentats.
Selon les législateurs américains, ces paiements incitent à la violence et bloquent toute avancée dans le processus de paix, au point mort depuis 2014.
Raoul Wootliff et l’AFP ont contribué à cet article.