Israël en guerre - Jour 61

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Interview'Je ne peux pas imaginer un apartheid dans le monde moderne'

Pour un haut-responsable des implantations, la solution à un état n’en est pas une

Oded Revivi du Conseil de Yesha met en garde contre un 'apartheid' si Israël devait annexer la Cisjordanie et appelle les Israéliens à construire des ponts avec les Palestiniens

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Oded Revivi, le porte-parole à l'étranger du Conseil de Yesha, mouvement pro-implantation, lors de la Conférence sur la paix de Haaretz à Tel Aviv, le 12 juin 2017. (Crédit : Tomer Appelbaum)
Oded Revivi, le porte-parole à l'étranger du Conseil de Yesha, mouvement pro-implantation, lors de la Conférence sur la paix de Haaretz à Tel Aviv, le 12 juin 2017. (Crédit : Tomer Appelbaum)

Un haut-responsable du mouvement pro-implantations s’est exprimé lundi contre l’annexion de la Cisjordanie, avertissant qu’elle pourrait mener à un système « d’apartheid ».

« La solution à un état pose des questions très difficiles dont nous devons avoir conscience et auxquelles nous devons avoir la volonté d’apporter des réponses », a dit Oded Revivi, porte-parole du Conseil de Yesha.

« Je ne peux pas imaginer un état d’apartheid dans le monde moderne », a-t-il déclaré au Times of Israël en marge de la Conférence sur la paix organisée par Haaretz à Tel Aviv. « Et si cela signifie une égalité de droits pour tous les Arabes qui vivent entre le fleuve du Jourdain et la mer Méditerranée, alors nous devons en comprendre les implications. Je ne suis pas certain que ceux qui prônent actuellement une solution à un état comprennent ces conditions ».

Tout en n’approuvant pas une solution à deux états, la position adoptée par Revivi est toutefois en désaccord avec une grande partie de la droite israélienne pro-implantation, qui non seulement rejette un état palestinien mais soutient une annexion partielle ou totale de la Cisjordanie.

Les avocats de la solution à deux états affirment qu’Israël ne pourra être à la fois un état démocratique et Juif aussi longtemps que le pays détiendra la Cisjordanie où vivent plus de deux millions de Palestiniens. Les soutiens d’une solution à un état ont suggéré des modèles variés pour gérer cette question : Certains veulent promouvoir l’émigration palestinienne vers un pays tiers, tandis que d’autres veulent leur accorder une partie ou la totalité de la citoyenneté israélienne (ce qui, selon les opposants, viendrait à compromettre la majorité juive en Israël). Et d’autres encore voudraient accorder aux Palestiniens un statut de résident inférieur à une véritable citoyenneté.

Revivi, qui a été le maire pendant presque une décennie de la ville d’Efrat, en Cisjordanie, a paru favorable au maintien du statu-quo politique couplé avec des efforts de base pour améliorer les relations israélo-palestiniennes sur le terrain. Il a indiqué espérer qu’Israéliens et Palestiniens travailleraient sur le renforcement d’un climat de coexistence, avec notamment l’apprentissage de l’arabe par les Israéliens.

« J’espère que la réalité et l’atmosphère qui seront construites seront d’une nature telle que nous pourrons leur accorder l’égalité des droits. Mais nous devons réfléchir à cela », a-t-il déclaré, quelques minutes après avoir conclu un débat durant lequel il avait partagé la scène avec des politiciens de gauche, du centre et de droite, dont le législateur Bezalel Smotrich.

Prenant la parole lors de cette conférence annuelle, Smotrich, législateur du parti nationaliste HaBayit HaYehudi, a argumenté avec passion en faveur d’une solution à un état.

Les politiciens débattant du conflit israélo-palestinien à la Conférence sur la paix de Haaretz à Tel Aviv, le 12 juin 2017 (Crédit : Tomer Appelbaum)
Les politiciens débattant du conflit israélo-palestinien à la Conférence sur la paix de Haaretz à Tel Aviv, le 12 juin 2017 (Crédit : Tomer Appelbaum)

Depuis des décennies, le conflit israélo-palestinien a évolué autour de deux questions, a expliqué Revivi : Qui présente les meilleures revendications légales, historiques, bibliques et politiques sur ces terres ? Et quelle solution cherchons-nous – un état ou deux états ? « Et en même temps, il y a des gens, des individus qui souffrent, qui n’obtiennent pas ce qu’ils mériteraient d’avoir en tant qu’êtres humains ».

Les Israéliens comme les Palestiniens sont affectés de façon négative par le statu-quo, a-t-il souligné, recommandant donc vivement d’améliorer les conditions de vie de chacun en Cisjordanie.

« C’est très facile de débattre sur le fait de savoir s’il faut un ou deux états ou de qui a le plus de droits sur cette terre », a-t-il ajouté, tandis que l’essentiel dans la perspective d’un éventuel accord serait de coopérer sur les problèmes de base d’intérêt commun comme l’eau et les infrastructures. « Mais nous sommes à un moment où les leaders nous divisent et créent plus de haine au lieu de permettre à davantage de gens de se rassembler ».

Reconnaissant qu’il n’a lui-même aucun plan de paix qui répondrait à toutes les interrogations en suspens, Revivi a expliqué qu’il se consacrait à Efrat à tenter de construire de bonnes relations avec ses voisins palestiniens.

Après la conférence, Revivi s’est rappelé d’un épisode récent au cours duquel un enfant d’Efrat, qui apprend l’arabe à l’école, a raconté avec excitation à son enseignante avoir entendu une conversation entre deux Palestiniens, la veille au supermarché.

« L’enseignante a pris un stylo et un papier pour écrire l’information, pensant qu’il s’agissait d’une information importante », a-t-il poursuivi. « Et il lui a dit que les deux ouvriers dans le supermarché avaient fait remarquer que les tomates étaient très rouges ce jour-là. C’est ce niveau d’angoisse que nous devons parvenir à dépasser. Une fois que nous serons parvenus à le faire, il n’y aura plus aucune limite ».

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