Pourquoi Joann Sfar est la cible de la contre-propagande des militants de Mélenchon
Après avoir expliqué pourquoi, finalement, il ne votera pas pour le candidat 'insoumis', le dessinateur, à travers ses comptes Facebook et Instagram, a été la cible d'une contre-propagande très organisée

Joann Sfar a annoncé sur Facebook qu’il ne votera finalement pas pour Jean-Luc Mélenchon. Et il en explique les causes. C’est alors qu’une armée virtuelle de fans du candidat de « la France insoumise » ont déferlé sur les comptes Instagram et Facebook, tribunes habituelles du dessinateur qui s’immisce régulièrement dans les débats politiques.
Tout commence avec la découverte, par Joan Sfar comme du reste ou presque de la France, d’un point du programme de Jean-Luc Mélenchon passé jusque-là sous le radar des journalistes : le candidat de la France insoumise promet, s’il est élu, de quitter l’OTAN et de rejoindre l’Alliance bolivarienne « qui regroupe l’Iran, la Chine et le Vénézuela ».
Pèle-mêle, Sfar pointe aussi les alliances de circonstances de Mélenchon avec le Parti des Indigènes de la République, Tariq Ramadan, le soutien stratégique à Bashar el-Assad, et à Vladimir Poutine.
Malgré cela, « il y a 48 heures, écrit-il, j’étais encore prêt à voter Mélenchon », mais il a changé d’avis. Mais devant les milliers de commentaires donnant à Sfar le sentiment d’avoir à faire à « une secte » composée de gens voulant le « rééduquer », il avoue « flipper ».
« Depuis quarante-huit heures je flippe devant les fans de Mélenchon qui m’écrivent sur tous les réseaux sociaux et qui se comportent exactement comme un mouvement religieux. Et le pire c’est qu’ils n’en ont absolument pas conscience. »
Mieux, Sfar découvre qu’ils sont organisés, et « plus disciplinés qu’au FN, » note Romain Herreros qui a disséqué pour le Huffington Post comment les fans de Mélenchon se sont mis en ordre de bataille.
Les « Insoumis » se retrouvent sur une plate-forme nommée Discord où, prêts à l’emploi, des textes, photos, gif, et vidéos les attendent pour être repostés en un clic sur les réseaux sociaux.
Sur un forum les militants peuvent discuter, et signalent les « comptes à convaincre », vers qui ils convergent alors tous en meute pour faire entendre « la bonne parole ».
Sfar le note dans un message du 4 avril : « Ce qui est nouveau, et c’est la première campagne présidentielle française où ça se produit, c’est le poids des community managers, sockpuppets et autres relais internet. C’est affreux. L’armée bien huilée qui réagit au quart de tour et va porter la bonne parole sur les pages Facebook des uns et des autres. »
« Quand je vois, conclut le dessinateur, ce que certains militants font des réseaux sociaux, je ne crois pas que j’aimerais leur confier une police, ou un état. »
Malgré tout, cette communauté « est autonome », expliquait Sophia Chikirou la directrice de la communication de Jean-Luc Mélenchon à RTL, repris par le HuffPost, « mais il nous arrive de reprendre leur production. C’est comme avoir une équipe de communication bis. »
Au passage, un tweet antisémite, condamné rapidement certes par la « mélenchonsphère » est apparu sur Twitter :