Poutine limoge l’homme qui avait dit que les Habad étaient un « culte suprématiste »
Aucune raison n'a été donnée pour le renvoi du secrétaire-adjoint du Conseil de sécurité russe Aleksey Pavlov, mais des médias ont rappelé sa déclaration controversée
Le président russe Vladimir Poutine a limogé un haut-responsable sécuritaire qui avait suscité l’indignation, à une date récente, pour avoir qualifié le mouvement hassidique ‘Habad-Loubavitch en Ukraine de « culte suprématiste », ont fait savoir les médias russes.
Aucune raison officielle n’a été donnée pour le renvoi, vendredi, du secrétaire-adjoint du Conseil de sécurité russe, Aleksey Pavlov. Un porte-parole du Conseil de sécurité a confié à l’agence de presse russe Tass que Pavlov avait été nommé à une autre fonction. Il n’a donné aucun détail supplémentaire.
Toutefois, certains médias ont noté l’article qu’il avait écrit au mois d’octobre et dans lequel il appelait à la « désatanisation » de l’Ukraine, en affirmant que le pays hébergeait des centaines de cultes néo-païens.
Il avait inclus dans sa liste le mouvement Habad-Loubavitch, lancé au 18e siècle en Russie et qui est aujourd’hui une force religieuse majeure dans toute l’ex-Union soviétique – mais en Russie et en Ukraine en particulier.
« Le principe régissant les Hassidiques Loubavitch est de croire à la supériorité des membres de la secte sur toutes les nations et sur tous les peuples », avait écrit Pavlov.
Même si l’invasion de l’Ukraine par la Russie est largement considérée sous son aspect géopolitique, la guerre contient également des éléments religieux avec le responsable de l’église russe qui apporte un soutien ferme à la guerre, s’y référant comme à une sorte de croisade.
Dans son article, Pavlov semblait épouser ce point de vue religieux du conflit. « Je crois qu’avec la continuation de l’opération militaire spéciale, il devient de plus en plus urgent de procéder à la désatanisation de l’Ukraine », avait-il écrit.
Depuis que la Russie a lancé son offensive en Ukraine, au mois de février dernier, le mouvement Habad, en Russie, a tenté de se tenir hors de la ligne de mire de toutes les parties en lice. Ses rabbins, en Russie, ont dénoncé le conflit et les effusions de sang, appelant à ce qu’il se termine, mais ils se sont aussi abstenus de blâmer directement Moscou, conservant dans le vague la question des responsabilités des belligérants.
Les membres de l’organisation ont également critiqué de manière moins subtile l’ancien grand rabbin de Moscou Pinchas Goldschmidt, qui n’est pas membre du mouvement, pour sa décision de quitter la Russie et sa communauté dans le but de pouvoir critiquer plus librement la guerre et le leader russe Vladimir Poutine.
En réponse à l’article, Lazar, le grand rabbin de Russie, qui était dans le passé considéré comme un proche de Poutine, avait écrit une lettre ouverte aux autorités russes, leur demandant de condamner les propos de Pavlov.
Suite à cette vague de critiques contre Pavlov, son supérieur, Nikolai Patrushev, secrétaire du Conseil de sécurité, avait fait une déclaration qualifiant de « mensongers » les propos tenus par son adjoint au sujet du mouvement Habad.
Judah Ari Gross a contribué à la rédaction de cet article.