« Prenez soin de ce pays », dit un survivant de la Shoah aux jeunes à la Knesset
A la veille de Yom HaShoah, le Parlement a tenu son tout premier Zikaron BaSalon, qui invite les survivants à raconter leur histoire aux jeunes
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.

Toutes lumières tamisées et dans une ambiance empreinte de gravité, la Knesset a accueilli mardi soir un survivant de la Shoah et des dizaines de jeunes pour un événement commémoratif, en prélude à la journée annuelle de commémoration de la Shoah, à partir de mercredi soir.
L’événement, voulu comme une discussion intime sur le modèle popularisé en Israël sous le nom de Zikaron BaSalon, avait pour principal témoin le survivant [de la Shoah], Yosef Hershkovitz. Ce dernier a imploré le public, majoritairement composé de jeunes, de protéger ce qu’ils avaient de plus cher et évoqué son expérience de la Shoah.
« Prenez soin de ce pays. Vous n’imaginez pas ce que cela représente de l’avoir », a affirmé Hershkovitz à l’auditoire lors de ce qui a été présenté comme le tout premier évènement Zikaron BaSalon de la Knesset.
Le président de la Knesset, Mickey Levy, a animé la conférence, ouvrant le premier événement commémoratif de la semaine à la Knesset.
Jeudi, la présidente du Bundestag, l’Allemande Bärbel Bas, participera à « Chaque personne a un nom », la cérémonie officielle de la Journée de commémoration de la Shoah à la Knesset.
Bas sera la toute première responsable allemande à effectuer le déplacement à Jérusalem pour participer aux commémorations, deux mois seulement après le discours en hébreu et le Kaddish – une prière pour les morts – prononcés par Levy à l’assemblée législative allemande à l’occasion de la Journée internationale de commémoration de la Shoah.

Les événements Zikaron BaSalon se sont popularisés en Israël ces dernières années. Ils consistent à inviter les survivants de la Shoah à raconter leur histoire en petits comités, tant qu’il est encore possible de recueillir les témoignages directs de personnes qui ont survécu au génocide juif.
« Le projet Zikaron Basalon joue un rôle important dans la préservation des preuves. C’est la toute dernière occasion d’entendre l’histoire des survivants racontée par eux-mêmes et de la transmettre aux générations futures, et à toute l’humanité », a déclaré Levy depuis le salon Chagall à la Knesset.
Levy leur a demandé de se souvenir, leur disant : « Vous êtes l’avenir d’Israël. »
Durant une heure, Hershkovitz a raconté son histoire, depuis sa naissance dans la ville roumaine de Sighet et son enfance aux côtés de son camarade Elie Wiesel jusqu’à son arrivée en Israël en 1947 sans occulter son transfert et sa vie dans le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, dans la Pologne annexée par les Nazis, et son sauvetage par les soldats américains.
À son arrivée à Birkenau « quelques heures avant Shabbat », l’ex-étudiant de yeshiva Hershkovitz est rapidement transféré à Auschwitz, où il partage un bâtiment avec « au moins 1 000 personnes ».

Sa première matinée est un choc et reste un souvenir des plus vifs.
« À 5 heures du matin, il y avait l’appel. Tous les jours à 5 heures du matin. On restait là pendant trois heures, sans bouger, sans rien, rien. Si le chapeau de quelqu’un tombait, s’il bougeait, malheur à lui. »
Hershkovitz a également évoqué son souvenir d’un kapo cruel – un codétenu chargé de superviser ses pairs – et du manque de nourriture.
« Quand on part, on ne sait pas si on va revenir. On nous a transportés, jetés dans un train, sans savoir si et comment on allait revenir un jour », s’est-il confié, mêlant sa gratitude envers Israël au regret de sa vie d’avant la Seconde Guerre mondiale.
Lorsque Hershkovitz, Levy et le public se sont levés pour entonner Hatikva, l’hymne national israélien, la voix de Herskovitz – où percent encore ses racines roumaines – a mené le chant.