Procès Barbie : des témoins et des conférences pour “résister”
“A l'époque, le Front national, un parti extrémiste, était à moins de 5 %. Aujourd'hui, tout le monde sait ce qui s'est passé et il est presque à 35 %”, a déploré Serge Klarsfeld
D’anciens protagonistes du procès du criminel nazi Klaus Barbie, qui débutait il y a trente ans à Lyon, ont lancé jeudi une série de manifestations invitant le public à cultiver « un esprit critique » pour « résister » au « fanatisme, à la barbarie ».
« L’état d’esprit de cette commémoration, ce n’est pas une commémoration à connotation purement historique. C’est une connotation à destination pédagogique », a souligné Jean-Olivier Viout, magistrat honoraire qui assista le procureur général au procès en 1987, lors d’une conférence de presse à l’Hôtel de Ville. « Pour les jeunes, le procès Barbie, quelles leçons en tirer ? ».
« Il faut avoir l’esprit critique, il faut pouvoir résister à la tentation de voter pour un parti extrémiste. Il ne faut pas se laisser manger par les démagogues », a affirmé pour sa part Serge Klarsfeld, 81 ans, aux côtés de son épouse Beate.
« Au moment du procès Barbie, le public était peu au courant […] sur ces heures sombres. Mais à l’époque, le Front national, un parti extrémiste, était à moins de 5 %. Aujourd’hui, tout le monde sait ce qui s’est passé et il est presque à 35 % », a-t-il déploré.
Aux côtés d’autres acteurs majeurs du procès dont Jacques Védrinne, 83 ans, expert-psychiatre ayant examiné celui qui dirigeait la gestapo de Lyon, Serge Klarsfeld devait ensuite participer à deux tables rondes dont une avec 500 collégiens et lycéens.
Évoquant les criminels nazis comme Barbie, « ce sont des hommes que l’on peut qualifier d’ordinaires, qui se sont retrouvés plongés dans une actualité collective avec des événements tels qu’ils se sont mis à passer à l’acte », a témoigné le Pr Védrinne.
Ces rencontres lancent jusqu’au printemps 2018 une série de conférences, d’expositions, de projections et de commémorations dont celle du 3 juillet, jour anniversaire du verdict rendu il y a 30 ans, au palais de justice de Lyon. Une journée de rencontres et d’échanges a lieu dimanche au mémorial de la Maison d’Izieu (Ain) où périrent 44 enfants juifs.
En fuite pendant 40 ans, puis extradé de Bolivie en 1983 grâce au travail des époux Klarsfeld, Klaus Barbie, « surnommé le boucher de Lyon », a été condamné à perpétuité pour « crimes contre l’humanité » par la cour d’assises du Rhône. Une première en France.
Il a été notamment responsable de la mort des enfants d’Izieu, ainsi que de la torture et de la déportation du résistant Jean Moulin. Barbie est décédé en prison à Lyon le 25 septembre 1991.