« Profonde inquiétude » de Blinken sur la « montée des tensions» en Cisjordanie
Antony Blinken s’est entretenu avec Yaïr Lapid afin de "féliciter Israël pour ses élections libres et impartiales et remercier le Premier ministre pour son partenariat"

Le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a appelé, jeudi soir, le Premier ministre sortant Yair Lapid pour le remercier de son partenariat et lui exprimer son inquiétude face à la montée des tensions en Cisjordanie.
M. Blinken a contacté Lapid pour « féliciter Israël pour ses élections libres et impartiales, et remercier le Premier ministre pour son partenariat », a déclaré le Département d’Etat dans un communiqué.
M. Blinken a dit « sa profonde inquiétude quant-à la situation en Cisjordanie, notamment les tensions croissantes, la violence et les morts, tant israéliennes que palestiniennes, et souligné la nécessité pour toutes les parties de faire en sorte d’apaiser les tensions de toute urgence « .
Ses propos font suite à la victoire de l’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu, sur le point de revenir au pouvoir à la tête de ce qui sera probablement l’un des gouvernements les plus à droite qu’Israël ait jamais connu, susceptible de générer des tensions avec l’administration Biden.
M. Lapid, qui a admis sa défaite, avait rassemblé l’année dernière une coalition disparate unie dans son rejet de Benjamin Netanyahu.
Également ministre des Affaires étrangères, M. Lapid a donné la priorité à des relations harmonieuses avec les Etats-Unis, avertissant que M. Netanyahu, quand il était à la tête du gouvernement, s’était aliéné les alliés historiques d’Israël au sein du parti Démocrate du président Biden.
M. Netanyahu avait en revanche travaillé en étroite collaboration avec l’ex-président Républicain Donald Trump et entretenu des relations tendues avec le précédent président Démocrate, Barack Obama.
Il s’était par ailleurs opposé à l’accord sur le nucléaire avec l’Iran conclu en 2015, aujourd’hui moribond.
Le Likud de Netanyahu et ses alliés d’extrême droite ont triomphé mardi lors des cinquièmes élections du pays en l’espace de quatre ans et il est probable que le député d’extrême droite Itamar Ben Gvir obtienne un poste de ministre au sein du prochain gouvernement.
M. Ben Gvir se décrit lui-même comme un disciple du rabbin extrémiste et ancien député Meir Kahane, dont le parti Kach a été interdit et déclaré groupe terroriste dans les années 1980, en Israël comme aux États-Unis.
Comme feu Kahane, M. Ben Gvir a été condamné pour avoir soutenu une organisation terroriste, même s’il fait savoir qu’il est devenu plus modéré avec le temps et qu’il n’a pas les mêmes convictions que le fondateur de Kach.

Une information publiée par Axios mercredi indique que l’administration Biden boycotterait sans doute Ben Gvir s’il était nommé à un poste ministériel.
Citant deux responsables américains qui ont tenu à garder l’anonymat, Axios ajoute que l’administration Biden travaillera avec le futur gouvernement de Netanyahu, mais pourrait refuser de traiter directement avec le provocateur d’extrême droite.
L’ex-ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Martin Indyk, a pour sa part déclaré que le prochain gouvernement Netanyahu pourrait entretenir une relation « houleuse » avec l’administration Biden.
« L’administration Biden n’a pas une bonne expérience de Netanyahu, et si elle doit travailler avec des extrémistes d’extrême droite, je crains que nous n’allions au devant de grosses difficultés », a déclaré Indyk sur la Douzième chaine.
L’année écoulée a été marquée par un regain des violences en Cisjordanie avec des raids militaires quasi quotidiens et une augmentation des affrontements et des attaques contre les soldats israéliens.
Jeudi, quatre Palestiniens, dont un terroriste et un combattant islamiste impliqué dans des actes de terrorisme ont été tués par des frappes selon des secouristes et des responsables des forces de l’ordre.
Une offensive antiterroriste lancée plus tôt cette année, axée sur le nord de la Cisjordanie, a occasionné plus de 2 000 arrestations lors de raids quasi nocturnes et fait plus de 125 morts palestiniens, la plupart lors d’attaques ou d’affrontements avec les forces de l’ordre.
L’offensive antiterroriste de Tsahal en Cisjordanie a fait suite à une série d’attentats palestiniens qui ont tué 19 personnes au début de l’année.