Propos homophobes de deux membres influents du conseil municipal de Jérusalem
Lors d'une réunion festive marquant l'unification de la ville, un maire-adjoint et un membre du Conseil de droite ont dit que les LGBTQ souffraient d'une maladie psychique
Une réunion spéciale du Conseil municipal de Jérusalem, organisée pour célébrer l’unification de la ville en 1967, a été marquée par une série de déclarations qui ont remis en cause les droits des membres de la communauté LGBTQ dans la capitale – un adjoint au maire et un membre du Conseil ayant notamment laissé entendre que les membres de la communauté souffraient d’une maladie psychique.
Le maire de Jérusalem, Moshe Lion, qui présidait cette réunion, a été critiqué pour ne pas avoir immédiatement imposé le silence à Aryeh King, son adjoint, et à Yonatan Yosef, membre du Conseil municipal, a fait savoir la Douzième chaîne dans la journée de lundi.
Un petit nombre de membres de la communauté LGBTQ, accompagnés de leurs soutiens, se sont regroupés devant la mairie pour manifester contre Yosef.
Si la capture de Jérusalem-Est pendant la guerre des Six jours, en 1967, avait été officiellement célébrée jeudi dernier, journée de Yom Yeroushalayim, cette réunion spéciale avait été organisée dimanche, devant les murs de la Vieille Ville.
Pendant la rencontre, Adir Schwartz, membre du Conseil municipal et leader du parti Hitorerut, a proposé des mesures venant soutenir la communauté LGBTQ dans la ville – avec notamment l’envoi d’un représentant municipal officiel lors de la prochaine Marche des fiertés et la formation des fournisseurs de services municipaux pour qu’ils puissent répondre au mieux aux besoins de cette partie de la population.
Il a alors été interrompu par Yosef, membre de droite de la formation ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, qui a indiqué que « c’est un sujet qui n’intéresse pas la majorité des habitants de la ville ».
Une querelle a suivi, Yosef continuant à insister sur le fait que Jérusalem était une ville sainte. « Il y a des psychologues, il y a des psychiatres », a-t-il déclaré, laissant entendre que les membres de la communauté souffraient d’une maladie mentale.
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Sur des images qui ont filtré de la réunion, une autre personne présente ajoute que les membres de la communauté LGBTQ doivent chercher de l’aide auprès des services sociaux et « dans les lieux appropriés ».
« Pourquoi faut-il que tout le monde ait besoin de quelque chose de particulier ? », s’interroge alors Yosef qui ajoute avec sarcasme : « N’existe-t-il que des traitements consistant à couper ou à ajouter quelque chose dans le but de changer le sexe des fillettes de neuf ans ? »
King, maire-adjoint et activiste de droite, rejoint la discussion en disant : « Si les membres de la communauté LGBTQ sont normaux, pourquoi ont-ils besoin d’un budget distinct ? »
Alors que le débat s’anime, Yovav Tzur, membre du conseil appartenant au parti Hitorerut, s’en prend à Lion, disant qu’en l’absence d’une réaction face aux propos tenus par son adjoint et par Yosef, le maire apporte un soutien implicite aux points de vue exprimés par ces derniers.
« J’aurais préféré que ces paroles ne soient pas prononcées », dit Lion, qui est également orthodoxe.
« Des mots infâmes et remplis d’ignorance ont été prononcés par des membres du conseil qui sont supposés être au service de tous les résidents de la ville », a déclaré Schwarz dans un communiqué, lundi. « Et dans la mesure où ces gens sont des membres de la coalition de Moshe Lion, il ne faut pas s’étonner de la situation actuelle à Jérusalem alors qu’il y a encore seulement huit ans, Shira Banki était tuée de manière choquante en résultat de la haine et des incitations ».
Banki, 16 ans, avait été poignardée à mort alors qu’elle prenait part à la Marche des fiertés dans la ville, en 2015. Son meurtrier, Yishai Schlissel, un extrémiste ultra-orthodoxe, avait tué l’adolescente seulement quelques semaines après être sorti de prison où il avait purgé une peine de dix ans d’incarcération pour avoir attaqué au couteau et blessé des participants au défilé, en 2005.
Il a depuis été condamné à la prison à vie.
Alon Shachar, directeur de l’Open House for Pride and Tolerance de Jérusalem, a indiqué dans un communiqué que « nous, résidents LGBT de Jérusalem, ne sommes inférieurs à personne et nous continuerons à nous battre pour notre droit à exister dans cette ville et ailleurs ».
« Les membres de la communauté LGBTQ ont toute leur place à Jérusalem ; nous lutterons pour cela et nous n’abandonnerons pas », a-t-il promis, exhortant le public à se joindre à la Marche des fiertés qui aura lieu le 1er juin en signe de solidarité.
Le député Yesh Atid Yorai Lahav-Hertzano, qui est homosexuel, a déclaré devant les caméras de la Douzième chaîne que « nous ne sommes pas anormaux, nous ne sommes pas malades et nous n’avons pas besoin d’être soignés ».
Il a appelé Lion à condamner « les déclarations choquantes faites par son adjoint en sa présence ».