Israël en guerre - Jour 529

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Quand un Palestinien gay trouve asile en Norvège

Après avoir longtemps vécu à Tel Aviv illégalement, Luy Vito a choisi de reconstruire sa vie en Scandinavie

Luy Vito dans le film de Yariv Mozer 'The Invisible Men' (Crédit : Mozer Films)
Luy Vito dans le film de Yariv Mozer 'The Invisible Men' (Crédit : Mozer Films)

Il peut faire très froid en Norvège, surtout à cette période de l’année, mais Luy Vito, un demandeur d’asile palestinien et gay, a reçu un accueil chaleureux aux pays des fjords.

Il y a quatre ans, Vito, avec l’aide d’une organisation LGBT israélienne, a trouvé refuge à Oslo, la capitale norvégienne, après avoir vécu illégalement à Tel Aviv pendant une décennie. Travaillant sur des chantiers de construction et vivant partout où il pouvait, Vito a essayé de ne pas éveiller les soupçons afin de ne pas être arrêté par la police israélienne et expulsé vers Naplouse.

Être forcé de retourner dans les territoires palestiniens était la dernière chose qu’il voulait après avoir subi des abus sexuels prolongés quand il était enfant et avoir été presque massacré par son père quand un ami a voulu se venger et lui a montré des images avec son téléphone portable de son fils ivre ayant des relations sexuelles avec un autre homme.

Vito, qui arbore une profonde cicatrice sur sa joue droite qui lui rappelle l’attaque de son père, n’a plus à craindre d’avoir à revenir dans une société où il ne pourrait pas s’établir en sécurité et surtout vivre ouvertement comme un homosexuel.

En septembre dernier, Vito, habillé élégamment dans un costume est, non sans une certaine fierté, devenu citoyen norvégien lors d’une cérémonie en présence de hauts responsables de ce pays.

Dans une conversation récente avec le Times of Israel, Vito, 36 ans, semblait beaucoup plus détendu qu’il y a deux ans et demi, dans une interview donnée à propos des «The Invisible Men», un documentaire du cinéaste israélien Yariv Mozer dans lequel il a fait une apparition.

Le film, d’ailleurs bien accueilli, montrait la situation désespérée de certains gays palestiniens qui entrent illégalement en Israël et vivent dans l’ombre de Tel-Aviv.

« Au début, la neige et le froid ici à Oslo ont été des choses très difficiles pour moi, » a déclaré Vito. La première année a été très difficile, mais maintenant tout est rentré dans l’ordre. »

Cela ne veut pas dire que le Moyen-Orient ne lui manque pas, son ensoleillement, son atmosphère sociale chaude, ses plats méditerranéens.

« L’huile d’olive et l’arak [une liqueur aromatisée à l’anis] me manquent. J’ai pris l’habitude de manger beaucoup de poisson, comme les Norvégiens, mais je le fais cuire à la manière israélienne » confie-t-il.

Vito a beaucoup parlé du fait qu’Israël lui manquait ainsi que ses amis, mais pas son domicile en Cisjordanie. Il n’a presque plus de liens avec sa famille et avec Naplouse, sa sœur étant la seule personne avec qui il est en contact. Il a même changé son nom de famille de l’arabe Nofl à Vito quand il est devenu citoyen norvégien.

« L’huile d’olive et l’arak me manquent. J’ai pris l’habitude de manger beaucoup de poisson, comme les Norvégiens, mais je le fais cuire à la manière israélienne « 

Après un an et demi de cours de langue pris en charge par le gouvernement, Vito, dont la langue maternelle est l’arabe et qui parle aussi bien l’hébreu, parle désormais le norvégien couramment. Il utilise cette langue dans sa vie quotidienne, y compris dans son travail de plâtrier.

« Je travaille dans le plâtre et dans le bâtiment. J’aime ce travail. J’aime construire des maisons pour les gens » explique-t-il.

Il a un voisin israélien et connaît quelques Palestiniens dans le pays, mais la majorité de ses amis sont désormais Norvégiens.

Vito se sent libre maintenant de divulguer son emplacement et de parler de sa vie, mais cela n’était pas le cas en 2012, lorsque le Times of Israel l’a interviewé pour la première fois.

A cette époque, il avait reçu des menaces après que sa famille a entendu parler de « The Invisible Men » et vu la bande-annonce du film sur Facebook.

« Cela a causé un grand Balagan, » a-t-il dit à l’époque, en utilisant ce mot hébreu qui veut dire «désordre».

Il a d’ailleurs été tellement stressé que cela lui a valu d’être hospitalisé pendant un certain temps.

Le film, quand il a été montré à la télévision norvégienne, a également causé un certain émoi parmi les Palestiniens vivant en Norvège.

« Ils pensaient que je travaillais pour le Shin Bet [Service de sécurité intérieure d’Israël], et certaines personnes me reconnaissaient dans la rue, mais je n’avais pas peur, » a-t-il expliqué.

Selon Vito, la police d’Oslo était en contact avec lui et a installé une caméra de sécurité devant la porte de son appartement.

Même s’il a beaucoup d’amis, certains qui vont en moto avec lui jusqu’à Amsterdam, Vito n’a pas encore trouvé l’amour. Il estime que les Norvégiens sont par nature réservés et qu’ils gardent leurs sentiments pour eux, ce qui rend difficile pour lui la connaissance de partenaires de vie potentiels.

« J’ai deux chats. Ils sont mieux que la famille », lance-t-il, en essayant d’en rire.

« Ils pensaient que je travaillais pour le Shin Bet, et certaines personnes me reconnaissaient dans la rue, mais je n’avais pas peur »

Vito, qui a renoncé à son statut en tant que Palestinien sous l’Autorité palestinienne, a été informé par l’ambassade d’Israël à Oslo qu’il pouvait retourner à Tel Aviv en tant que touriste à partir de fin 2015 ou début 2016.

« Mais pour vous dire la vérité, étant donné la situation actuelle, je ne suis pas sûr que j’ai envie d’y aller », a déclaré le nouvellement Norvégien qui suit les nouvelles d’Israël en ligne et via les médias sociaux.

« C’est toujours le Balagan en Israël, et cela me fait vraiment mal de voir ça. Ces coups de couteau dans la rue sont dégoûtants et effrayants » regrette-t-il, se référant à une récente hausse des attaques terroristes palestiniennes contre des Israéliens.

Cela est douloureux pour Vito, qui dit croire en Dieu, mais ne s’identifie ni avec l’Islam ni avec les autres religions. Il regarde tout cela de loin. Et la situation actuelle en Israël et dans l’Autorité palestinienne font qu’il est finalement heureux là où il est.

« Je me sens en sécurité comme un homme gay en Norvège. C’est véritablement un pays démocratique et libre. »

Note de l’éditeur : Dans une version antérieure de cet article, Luy Vito a été mentionné par son nom de naissance, Luy Nofl. L’histoire a été corrigée afin de l’appeller Luy Vito, le nom qu’il utilise en Norvège. Une déclaration inexacte au sujet du nom Nofl a été retiré de cet article.

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