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Quatre situations où John McCain s’est montré non-conformiste avec ses amis juifs

Le sénateur de l'Arizona, qui souffre d'un cancer, a entretenu une relation forte avec les Juifs sur Israël, l'Iran, la campagne sur la réforme des finances et même sur la casheroute

Le Sénateur américain John McCain en visite à Jérusalem, 4 janvier 2014 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le Sénateur américain John McCain en visite à Jérusalem, 4 janvier 2014 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

JTA – John McCain, sénateur républicain de l’Arizona – héros de guerre, candidat à la présidence et force de la nature – est atteint d’un cancer du cerveau, a fait savoir sa famille dans la soirée de mercredi.

Il a recueilli des voeux de rétablissement venus de l’ensemble de l’échiquier politique.

Plusieurs émanaient de Juifs.

Ainsi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié McCain de « héros. Un combattant. Un ami ».

Norm Eisen, responsable de l’éthique dans l’administration de Barack Obama et qui s’est depuis distingué comme étant l’un des critiques les plus féroces de Trump, a travaillé dans le passé aux côtés de McCain sur la réforme du Lobbying. « Je vous envoie des munitions, John : Nos prières ».

Certains des encouragements les plus sincères sont venus des collègues de McCain de l’autre côté de l’aile du Sénat – ce qui représente une rare démonstration de respect dans un Washington divisé, à l’image des messages envoyés par le leader des minorités Chuck Schumer de New York et d’Al Franken du Minnesota :

L’acteur Jason Alexander, ancien de « Seinfield » politiquement engagé, s’est lui aussi manifesté :

McCain, un franc-tireur qui a résisté avec obstination aux divers revirements des orientations politiques et qui a adopté une politique étrangère interventionniste enracinée dans l’idée d’une Amérique, tel un exemple éclatant aux yeux du monde, a toujours eu une affinité naturelle avec les Juifs. Il est un ardent défenseur d’Israël, s’est rendu dans le pays un nombre incalculable de fois et a rejoint les centristes pro-israéliens dans l’opposition à l’accord sur le nucléaire passé en 2015. Sa campagne à la présidence en 2008 comptait de nombreux conseillers juifs, notamment dans le secteur de la sécurité nationale.

Voilà quatre occasions au cours desquelles il a rejoint, contre toute attente, des personnalités juives :

McCain-Feingold, ou l’approbation du message

McCain a rejoint le sénateur Russ Feingold du Wisconsin, qui était alors l’un des démocrates les plus libéraux, pour interdire l’entrée de l’argent provenant des entreprises dans les financements de campagne.

Les républicains avaient détesté cette législation – Sa première remise en cause légale avait été initiée par le sénateur Mitch McConnell, aujourd’hui leader de la majorité – et elle avait été finalement repoussée. Interdites de financement direct des candidats, les entreprises avaient toutefois exploité une faille qui autorise le financement contre les candidats et ainsi, ce qu’on appelle « soft money » – des dons en argent liquide – se sont avérés encore plus difficiles à tracer. La Cour suprême a estimé en 2010 que des parties essentielles du projet McCain-Feingold étaient inconstitutionnelles, contrevenant à la liberté d’expression. La loi a finalement été repoussée.

La législation McCain-Feingold s’était tellement enlisée dans l’acrimonie et les querelles internes que le dessin animé « Family Guy » s’en était amusé en 2010. Il a laissé un héritage notable : Celui de « Je suis Jane Doe et j’approuve ce message » qui sert d’accroche aux publicités politiques, et qui a été créé pour réduire les éventuelles vitupérations entre candidats.

Initiative vaine ? Oui. Mais ce membre conservateur de l’église épiscopalienne au vocabulaire fleuri et ce Juif à la voix douce du Wisconsin sont restés des amis et Feingold a fait parvenir mercredi tous ses voeux de guérison à McCain.

Vice-Président Joe Lieberman, Deuxième partie

Les deux amis les plus proches de McCain au Sénat ont été Lindsey Graham, Républicain de Caroline du Sud et Joe Lieberman, Démocrate – et auparavant indépendant – du Connecticut. Ils avaient fait avancer aux côtés des républicains la politique étrangère robuste et dorénavant démodée de visites fréquentes effectuées dans les zones de conflit. Ils s’étaient donnés le surnom de « Tres Amigos ».

La mention « et indépendant auparavant » dans la biographie de Lieberman est déterminante. Lieberman et McCain ont toujours été proches — comme McCain, Lieberman est resté un défenseur de la guerre en Irak longtemps après que d’autres soutiens de la guerre à l’époque ont changé d’avis. Mais la défaite encaissée par Lieberman lors des primaires démocrates en 2006 et la victoire en indépendant qui avaient suivi lui avaient permis de soutenir ouvertement McCain lors des élections de 2008, même s’il avait continué à se placer dans le comité électoral démocrate.

McCain désirait que Lieberman soit son candidat à la vice-présidence mais l’establishment républicain — sous la forme de Karl Rove — avait férocement résisté, disant qu’il aurait l’assurance de perdre les élections s’il devait faire appel à un démocrate, même s’il n’en avait pas le titre. (Et tout ça pour ça : le choix finalement fait par McCain de Sarah Palin, gouverneure de l’Alaska, avait plu à la base de l’électorat mais avait contribué à éloigner les modérés, offrant la victoire aux élections à Barack Obama.)

Or, Lieberman s’était déjà distingué en l’an 2000 comme étant le tout premier candidat Juif à un ticket national, lorsque le candidat Démocrate Al Gore l’avait choisi comme vice-président. Si McCain avait su s’imposer, il serait devenu – une autre première dans l’histoire – le premier politicien désigné au poste de vice-président par les deux partis.

Cinq rabbins libéraux dans le bureau d’un républicain

McCain avait résisté à la présidence de George W. Bush en s’opposant au recours à la torture suite aux attentats du 11 novembre (Il a également affronté le président Donald Trump sur le même sujet). C’était une affaire personnelle pour McCain : Lui-même prisonnier de guerre au Vietnam, il avait subi la torture, et l’idée même que son pays bien-aimé puisse la pratiquer lui semblait impensable.

Parmi ses partenaires pour exiger l’interdiction de la torture, les Rabbins pour les Droits de l’Homme (association qui s’appelle dorénavant Truah), qui l’avaient rencontré en 2005. Il ne s’agissait pas d’une simple visite de courtoisie : Le groupe avait donné des informations à McCain sur l’interdiction décidée par la Cour suprême israélienne en 1999 des « pressions physiques même modérées » et le fait qu’Israël soit capable de combattre le terrorisme sans torture était devenu un sujet de conversation du Sénateur.

Casher parce que… Pourquoi pas ?

McCain, qui s’était exprimé lors d’un événement organisé à l’ambassade israélienne en 2012 pour rendre hommage à Lieberman – qui prenait alors sa retraite de sénateur – avait choqué l’assistance en disant qu’il songeait à se convertir au judaïsme. Non pas parce qu’il aimait les pratiques de cette foi mais parce qu’il en avait subi une si grande part en voyageant avec Lieberman, Juif orthodoxe, qu’il s’imaginait être dorénavant prêt à le faire.

Il plaisantait, bien sûr, mais la soirée avait été mémorable – et salée – comme l’un de nos articles l’avait décrit à l’époque :

« J’ai dû pendant tant d’années tolérer ces c…es », s’était exclamé McCain. « Je pourrais aussi bien me convertir dès maintenant ».

Il avait commencé avec les ascenseurs du Shabbat, auxquels il avait dit n’avoir jamais rien compris : « Appuyer sur tous ces boutons – et rien ! »

Puis McCain était passé au repas. « Pourquoi, dans tous ces fichus menus casher, on a du saumon ? » s’était-il interrogé, provoquant les rires. « Et je vais solliciter vos applaudissements ce soir, parce que nous n’avons pas de saumon ». (Le plat principal était un rôti de boeuf).

Puis il y avait eu l’évocation des longues marches pendant le Shabbat, l’hiver, alors qu’il accompagnait Lieberman qui rentrait chez lui depuis le Sénat. Le sénateur s’était rappelé qu’à cette époque, McCain s’était endormi lors d’un trajet en avion. « J’ai entendu ce marmonnement, j’ai regardé et j’ai vu un gars qui portait un châle – je me suis dit que ça y est, je suis peut-être mort ».

McCain s’était enorgueilli de savoir dorénavant ce qu’est un « tallit » [châle de prière juif] et avait même cité deux mots « hébreux » dans son lexique, « Mensch et Oy Vey ».

Mais Lieberman, dans son propre discours, avait répliqué : « John, votre entrée dans l’accord a été bien moins douloureuse que la mienne. »

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