Israël en guerre - Jour 622

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Analyse

Que s’est-il passé pour qu’Israël se retrouve au bord du précipice ?

Des querelles politiques, la réouverture rapide de l'économie, la poursuite des rassemblements des ultra-orthodoxes... Le tout combiné au refus des Israéliens d'être des "pigeons"

Des membres de la "Hevra Kadisha", la société officielle d'enterrement des Juifs en Israël, préparent un corps avant les funérailles dans une morgue spéciale pour les victimes de COVID-19 à Holon, 23 septembre 2020 (AP Photo/Oded Balilty)
Des membres de la "Hevra Kadisha", la société officielle d'enterrement des Juifs en Israël, préparent un corps avant les funérailles dans une morgue spéciale pour les victimes de COVID-19 à Holon, 23 septembre 2020 (AP Photo/Oded Balilty)

JTA – Israël est connu comme un pays capable de faire face à une crise – généralement de nature militaire – de façon rapide et efficace.

La réponse du pays à la pandémie de coronavirus au cours des premiers mois a suscité des louanges internationales, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’était même vanté à un moment donné que « le monde apprenne de nous ».

Mais aujourd’hui, Israël est devenu le principal sujet de préoccupation du monde, coincé dans l’une des pires deuxièmes vagues de cas de la planète, qui ne montre aucun signe de ralentissement.

Jeudi matin, le ministère de la Santé a signalé un record de près de 9 000 cas de COVID-19 au cours des 24 heures précédentes – l’équivalent de bien plus de 300 000 aux États-Unis.

Un conteneur réfrigéré préparé par la société funéraire de Haifa pour contenir les corps des patients victimes du coronavirus, en prévision d’une hausse prévue du nombre de décès dus à la pandémie, le 22 septembre 2020. (Capture d’écran : Treizième chaîne)

Les hôpitaux sont remplis à pleine capacité et menacent de fermer, et le gouvernement a considérablement resserré un deuxième confinement qui a commencé le jour de la fête de Rosh HaShana. Les Israéliens sont désormais limités à des déplacements à un kilomètre de leur domicile.

Cela empire : la semaine dernière, les médias israéliens ont rapporté que la Hevra Kadisha de Haïfa, ou service funéraire, préparait des conteneurs réfrigérés dans lesquels les corps des morts seraient entreposés jusqu’à leur mise en terre, et que d’autres villes se préparaient à faire de même.

Comment Israël en est-il arrivé là ? Il y a de nombreux facteurs.

Un gouvernement faible ne pouvait pas agir fermement

En mars, Benny Gantz, l’homme qui a failli destituer Netanyahu lors de trois élections consécutives en moins d’un an, a déposé ses armes proverbiales et a conclu un accord avec le Premier ministre pour former une coalition gouvernementale. Gantz, que certains ont qualifié de patriote et d’autres de politiquement naïf, a jugé qu’il s’agissait d’un gouvernement d’unité « d’urgence » et a déclaré qu’il « combattrait le coronavirus et veillerait sur tous les citoyens israéliens ».

Au bout du compte, il n’a fait ni l’un ni l’autre efficacement.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, et le ministre de la Défense Benny Gantz tiennent une conférence de presse à Tel Aviv, le 27 juillet 2020. (Tal Shahar/Pool/Flash90)

Les deux principaux partis du gouvernement – le parti du Likud de Netanyahu et la coalition Kakhol lavan de Gantz, qui s’est scindée et rétrécie après son accord avec Netanyahu – ont travaillé à contre-courant depuis le début. Ils se sont affrontés sur presque tous les aspects du gouvernement et n’ont pas réussi à adopter un budget national pour 2020 – qui est bien sûr dépassé des trois quarts.

Si un budget n’est pas approuvé d’ici le 23 décembre, un nouveau tour de scrutin sera déclenché. Et Netanyahu n’est pas tout à fait contre, pour plusieurs raisons. Dans l’accord qu’il a signé avec Gantz, il a accepté de se retirer pour permettre à Gantz de devenir Premier ministre après 18 mois. Netanyahu aimerait que l’accord ne dure pas aussi longtemps, et garder son emprise sur le poste.

La coalition de Gantz, comme nous l’avons mentionné, est également en morceaux, laissant moins de poids à Netanyahu lorsqu’il s’agira de consolider son pouvoir de manière significative lors des prochaines élections.

Dans l’intervalle, le gouvernement inefficace n’a nommé personne à plusieurs postes de haut fonctionnaire, dont celui du procureur général et du chef de la police. Le responsable de la gestion de la pandémie, Ronni Gamzu, a été nommé sans l’autorité de base dont il a besoin pour mettre en œuvre ses programmes, et ses plans ont été affaiblis par une soumission constante du gouvernement à la pression des différents secteurs de la population.

Des manifestants bloquent une route alors qu’ils protestent contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, le 30 septembre 2020. (Miriam Alster/Flash90)

« Le même gouvernement qui a nommé Ronni Gamzu n’a aucun problème à modifier ou à éroder certaines de ses principales recommandations et à les édulcorer », a déclaré Yohanan Plesner, président de l’Institut israélien pour la démocratie. Au lieu de fonctionner comme elle le devrait, la coalition agit à bien des égards comme un gouvernement intérimaire et comme si elle « glissait vers une campagne électorale », a ajouté Plesner.

Le regard de Netanyahu était ailleurs, même pendant les manifestations devant chez lui.

Début mai, Israël a commencé à sortir de sa première période de confinement, ouvrant des entreprises, des restaurants et des écoles. Le pays a eu quatre mois pour se préparer aux défis d’une éventuelle deuxième vague.

Mais outre la politique intérieure, Netanyahu était également préoccupé par des initiatives plus importantes qu’il savait susceptibles d’ajouter à son héritage diplomatique. Il a flirté avec l’idée d’annexer des zones de la Cisjordanie avant le 1er juillet, une idée qui a suscité les critiques d’un éventail inhabituellement large de parties prenantes – y compris l’administration Trump et même certains habitants des implantations, que Netanyahu a courtisés avec succès pendant des années.

Puis, à l’automne, avec l’aide de l’équipe Trump, Israël a signé des accords de normalisation avec les Émirats arabes unis et le Bahreïn, deux des voisins arabes d’Israël. Netanyahu a assisté à la cérémonie de signature des accords dits d’Abraham à Washington, quelques jours avant le début du deuxième confinement en Israël, ce qui lui a permis d’avoir les bonnes cartes pour monter une nouvelle campagne électorale, le cas échéant.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, le président américain Donald Trump, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn Khalid bin Ahmed Al Khalifa et le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis Abdullah bin Zayed al-Nahyan posent pour une photo après avoir signé les accords d’Abraham lors d’une cérémonie sur la pelouse sud de la Maison Blanche, à Washington, le 15 septembre 2020. (AP Photo/Alex Brandon)

On pourrait y opposer, bien sûr, les images des manifestations anti-Netanyahu qui se sont multipliées au cours de l’été et de l’automne.

Les détracteurs du Premier ministre se sont rassemblés devant son domicile à Jérusalem pour attirer l’attention sur sa mauvaise gestion de la crise du coronavirus et sur son exercice de pouvoir alors qu’il est accusé de corruption. Les manifestations se sont étendues à des segments disparates de la société israélienne et ont parfois donné lieu à de violents affrontements entre la police et les manifestants.

La semaine dernière, le gouvernement a mis en place des restrictions sévères sur les manifestations dans le cadre de sa réponse à la pandémie, tentant de freiner le mouvement.

L’économie s’est ouverte trop rapidement

La réouverture rapide apparemment réussie de l’économie israélienne, qui a suscité tant d’éloges, s’est avérée dangereuse, et toutes les parties du gouvernement l’ont admis.

Israël a commencé à sortir de son premier confinement à la fin du mois d’avril. Certains commerces au détail ont été autorisés à ouvrir, avec un nombre limité de clients à la fois. Les écoles ont ensuite rouvert, suivies des hôtels, des centres commerciaux et des salles de sport, puis des restaurants, des lieux culturels et des salles d’événements, qui n’ont pas tous fonctionné à pleine capacité.

Mais en juillet, certaines restrictions – notamment pour les gymnases, les piscines publiques, les salles de spectacle, les bars, les clubs et les spectacles culturels – ont été réimposées, car les cas de coronavirus ont recommencé à augmenter. Les Israéliens s’étaient rendus sur les plages et dans les restaurants, démasqués, trop tôt, encouragés par un gouvernement qui pensait avoir vaincu le virus.

Des gens assis dans un restaurant du marché Carmel à Tel Aviv, le 26 mai 2020. (Miriam Alster/FLASH90)

Dans les heures précédant le début de Yom Kippour, Netanyahu a reconnu que le pays s’était ouvert trop vite après le premier confinement.

« Avons-nous commis des erreurs dans le passé ? Bien sûr », a déclaré Netanyahu dans une vidéo en hébreu diffusée sur les réseaux sociaux.

« Notre décision d’ouvrir les salles d’évènements a été trop rapide. Peut-être aussi la décision de rouvrir toutes les écoles. »

Gantz a abondé dans le même sens, affirmant que le pays était également trop lent à mettre en place un tracking à grande échelle.

Dans une interview pour l’émission « Rencontre avec la presse » de la Douzième chaîne, Gantz s’est excusé, affirmant que le gouvernement avait été trop impliqué dans des querelles politiques pour pouvoir faire son travail.

Malgré le nombre de cas de COVID aujourd’hui significatif, il y a toujours une opposition au deuxième confinement strict – de la part de Gamzu, le responsable de la gestion du coronavirus.

Gamzu a déclaré la semaine dernière qu’il préférait l’idée d’un « léger durcissement du confinement, pour éviter de graves dommages à l’économie ». Il a qualifié de « dégoûtante » la décision du gouvernement de mettre en place un confinement total, ajoutant qu’il devrait prendre une « pilule anti-nausée ».

Les écoles continuent d’être montrées du doigt

Lorsque les écoles israéliennes ont rouvert pour la première fois en mai, les choses ne se sont pas vraiment bien passées.

L’annonce de l’ouverture des écoles a été faite quelques jours avant la date prévue de réouverture. Un patchwork de mesures et de directives a laissé les administrateurs dans le brouillard. Des centaines d’enseignants, d’élèves et de membres de leur famille ont rapidement contracté le virus. En moins de deux semaines, des dizaines de villes ont fermé leur système scolaire.

Pourtant, alors que de nombreux parents israéliens en avaient assez de l’enseignement et de la supervision à domicile, réclamant à cor et à cri le retour de leurs enfants à l’école, le ministre de l’Education Yoav Gallant a tenu en juillet à ce que la prochaine année scolaire commence à temps le 1er septembre – ce qui s’est passé, malgré les nombreuses objections des enseignants.

Le maire de Jérusalem rencontre des jeunes jumeaux israéliens entrant en première année dans une école de Jérusalem, le 1er septembre 2020. (Noam Revkin Fenton/Flash90)

Cela n’a pas duré longtemps non plus. Presque immédiatement, les clusters ont été associés aux écoles, et des classes et même des écoles entières ont été mises en quarantaine.

Alors même que les élèves étaient regroupés dans des « capsules » pour limiter l’exposition des uns aux autres, les enseignants se déplaçaient d’une capsule à l’autre, risquant de propager la maladie entre eux. (Le pays avait trop peu d’enseignants pour réduire la taille des classes de façon significative et avait essayé de mettre en place un effort de recrutement rapide.) La situation est devenue si grave que les écoles ont fini par fermer avant le confinement général de Rosh HaShana.

L’accent mis sur le retour des élèves à l’école signifiait que peu d’attention avait été accordée à ce qui se passerait s’ils devaient de nouveau étudier de chez eux.

« Je pense que nous avons fait une erreur et manqué une occasion de développer les composantes de l’enseignement à distance », a déclaré Zimra Vigoda, un parent dont l’école de sa fille est passée à l’apprentissage virtuel au début du mois de septembre, alors qu’il y avait trop peu d’enseignants non exposés pour opérer en présentiel.

« L’administration et les enseignants ont travaillé dur pour développer l’apprentissage par podcasts et ont ajouté une multitude de cours intéressants mais, ici en Israël, terre d’un optimisme apparemment perpétuel, personne, y compris moi-même, ne voulait vraiment croire que l’apprentissage en personne ne serait pas possible cette année », a déclaré Zimra Vigoda.

Quand les ultra-orthodoxes modèlent la réponse

Le mois dernier, le gouvernement a désigné une quarantaine de villes, pour la plupart ultra-orthodoxes et arabes, comme des communautés « rouges », c’est-à-dire des zones où le taux d’infection est plus élevé et qui seraient frappées de restrictions individualisées et plus strictes que le reste du pays. Ce système de catégorisation par « feux de signalisation » a été utilisé avec succès dans d’autres pays, et Gamzu en est l’un des partisans.

Mais après que des politiciens religieux orthodoxes ont menacé d’abandonner Netanyahu et sa coalition gouvernementale au sujet des règles relatives à ce système de « feux de signalisation », qui auraient inclus un confinement strict, les communautés ont reçu l’ordre de mettre seulement en place des couvre-feux nocturnes.

Des Juifs ultra-orthodoxes prient pour le pardon (Selichot) sur le lieu de sépulture du rabbin Shimon bar Yochai à Meron, dans le nord d’Israël, le 12 septembre 2020. (David Cohen/Flash90)

L’incident a mis en lumière l’importance politique des ultra-orthodoxes pour Netanyahu et sa volonté d’infléchir les règles pour eux. Il a également montré comment le COVID-19 s’est répandu dans certaines communautés orthodoxes, où le fait de continuer à se rassembler en grands groupes pour prier a pris le pas sur les précautions.

Il s’agit d’une tendance dans les communautés orthodoxes du monde entier, y compris à Brooklyn, où les taux d’infection sont élevés et où les autorités locales prévoient de renforcer les directives.

Un symbole de cette tension a été Yaakov Litzman, l’ancien ministre haredi de la Santé. Il a démissionné de ce poste en avril, après des informations selon lesquelles il avait contracté le virus en participant à un groupe de prière que son ministère avait interdit. Litzman est devenu ministre du Logement, mais il a également démissionné de ce poste pour protester contre les nouvelles restrictions de confinement imposées pour Rosh HaShana.

Aryeh Deri, président du parti Shas et ministre de l’Intérieur, à gauche, s’entretient avec Yaakov Litzman, leader du parti Yahadut Hatorah, alors ministre de la Santé, à la Knesset, le 4 mars 2020. (Yonatan Sindel/ Flash90)

Cependant, tous les ultra-orthodoxes n’ont pas rejeté les règles – par exemple, Aryeh Deri, le ministre de l’Intérieur israélien qui dirige également le parti séfarade orthodoxe Shas, a comparé au début du mois la négligence des règles de confinement à un meurtre. Et le Conseil des Sages de la Torah du Shas a demandé que les offices de prière se tiennent uniquement à l’extérieur et selon les réglementations actuelles dues au coronavirus.

Actuellement, les Israéliens Haredim représentent environ 40 % des nouveaux cas, alors qu’ils ne représentent que 12 % de la population. Cette proportion a continué à susciter des critiques de la part d’Israéliens plus laïcs sur les raisons pour lesquelles le pays tout entier se trouvait en quarantaine. Mais même sans ces cas, le pays aurait un taux d’infection qui dépasse ce que les experts de la santé publique considèrent comme sûr.

« Ne me traitez pas de plus freier (pigeon) » – la psychologie des Israéliens

Le mot freier en hébreu se traduit par « pigeon » – quelqu’un qui se fait exploiter. Éviter d’être un pigeon est de nos jours une priorité absolue dans la culture israélienne – un concept qui est loin de la culture socialiste des kibboutzim, qui régnait dans les premiers temps du pays.

Dans le contexte de la pandémie et de la distanciation sociale, la ligne de pensée anti-freier dit : pourquoi devrais-je respecter les restrictions concernant le coronavirus quand je vois mes voisins et mes amis bafouer les règles ? Pourquoi devraient-ils profiter de l’économie ouverte et de la vie sans masque, et pas moi ?

Des citoyens, dont certains portent des masques, font leurs achats au marché Mahane Yehuda de Jérusalem, le 25 septembre 2020, lors du confinement national visant à empêcher la propagation du COVID-19. (Yonatan Sindel/Flash90)

Cette culture peut nuire à la capacité d’Israël à contenir le virus. Dans le quotidien Haaretz, Anshel Pfeffer a écrit que les Israéliens avaient été « trop occupés à examiner d’autres secteurs et à exiger des droits ‘égaux’ pour être infectés ». Dans le Jerusalem Post, Liat Collins a écrit : « Il est temps de craindre la propagation du corona, et non la peur des Israéliens d’être considérés comme des ‘freiers’. »

Il y a aussi l’inconvénient psychologique de cette réputation de savoir gérer une crise. Bien plus d’Israéliens sont morts du COVID-19 cette année que dans des attaques terroristes, mais avec la maladie et la mort cachées dans les hôpitaux, la pandémie ne suscite pas la même réaction.

« Les Israéliens sont parfois un peu trop résistants », a déclaré Alison Kaplan Sommer, journaliste à Haaretz, lors d’une récente table ronde. « Notre seuil de peur est très élevé. Nous avons vécu tous ces traumatismes et toutes ces guerres, et cela nous a empêchés de prendre ce virus au sérieux… La psychologie nationale est une grande partie de l’histoire. »

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