Qu’une coalition se forme ou non, le scrutin marque une victoire pour l’annexion
Même si Netanyahu ne peut pas trouver 61 députés pour consolider son bloc, le gouvernement intérimaire aura toujours une majorité pour faire avancer la souveraineté en Cisjordanie
Le dirigeant de la formation Yamina Naftali Bennett et le négociateur en chef palestinien Saeb Erekat en ont tous les deux convenu lundi soir : les résultats des sondages de sortie des urnes ont révélé une droite sur le point de connaître une victoire totale qui serait susceptible de permettre la formation d’une coalition sans pour autant devoir en appeler à l’autre bord de la sphère politique.
« Avec l’aide de Dieu, c’est le gouvernement de la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie qui vient d’être établi », a clamé Bennett dans un discours de victoire prononcé devant ses partisans à Ramat Gan.
« Le camp de la droite a gagné et Yamina s’assurera que c’est la voie qui a été ouverte par la droite qui l’emportera aussi », a-t-il ajouté, faisant allusion à son intention de garantir que le Premier ministre Benjamin Netanyahu tiendrait bien ses promesses faites aux électeurs de droite – particulièrement celles portant sur l’annexion.
Et, de l’autre côté de la Ligne verte, Erekat a tiré une conclusion similaire – même s’il ne s’est pas montré aussi positif que Bennett.
« Les implantations, l’annexion et l’apartheid ont remporté les élections israéliennes », a commenté le haut responsable palestinien sur Twitter. « La campagne de Netanyahu a été consacrée à la continuation de l’occupation et du conflit ».
Les projets d’annexion se seront trouvés encouragés de manière considérable si les résultats des sondages de sortie des urnes – qui ont accordé de 59 à 60 sièges au bloc de droite de Netanyahu – s’avèrent exacts.
Mais pas nécessairement parce que le leader du Likud se trouverait ainsi en capacité de former une coalition : tandis qu’il pourrait bien ne pas y avoir 61 députés qui soient désireux de siéger aux côtés de Netanyahu, il y a toutefois, dans les faits, une majorité de parlementaires qui sont désireux et même plutôt impatients de décréter la souveraineté israélienne sur de vastes zones de la Cisjordanie.
Et heureusement pour les soutiens de la politique controversée au-delà de la Ligne verte, une coalition n’est pas nécessaire pour la mener à bien.
Le projet de Jérusalem visant à déclarer la souveraineté israélienne sur toutes les implantations de Cisjordanie, ainsi que sur la vallée du Jourdain, avait semblé déjà sur le point d’aboutir au mois de janvier, à la suite de la publication par le président américain Donald Trump du plan de paix mis au point par son administration.
« Israël fera appliquer sa loi dans la vallée du Jourdain, dans toutes les communautés juives de Judée-Samarie et dans les autres secteurs qui, selon votre plan, feront partie d’Israël et que les États-Unis ont accepté de reconnaître comme faisant partie d’Israël », avait commenté Netanyahu, Trump à ses côtés, après la révélation du contenu du plan.
Mais quelques heures plus tard, le haut conseiller de Trump qui est également son gendre, Jared Kushner, avait paru vouloir freiner l’idée d’une souveraineté immédiate, disant à CNN qu’il ne pensait pas qu’Israël procéderait à une annexion quelle qu’elle soit dans les jours qui suivraient.
Il avait alors fermé la porte à une initiative rapide en ce sens, clamant, le mois dernier, que Jérusalem ne bénéficierait d’aucun soutien de la part de Washington pour l’annexion en Cisjordanie avant la fin des travaux d’une équipe de cartographie israélo-américaine qui serait chargée de transformer la « carte conceptuelle » en carte détaillée, avec pour objectif de garantir un « territoire contigu » pour accueillir un État palestinien – une procédure qui prendrait environ « deux mois ».
Cette équipe israélo-américaine était déjà au travail la semaine dernière au sein de l’État juif, rencontrant Netanyahu et d’autres hauts responsables (mais aucun Palestinien) pour mener à bien le projet dans les meilleurs délais.
Interrogé sur le délai nécessaire entre l’achèvement des travaux de cartographie et l’application effective de la souveraineté, Netanyahu avait alors répondu : « En ce qui nous concerne, immédiatement ». Il avait ajouté qu’il présenterait sans attendre davantage la question devant le cabinet.
Les responsables à Washington qui se sont opposés à l’annexion immédiate ont conditionné leur soutien à la fin des activités de l’équipe chargée de cartographier les secteurs à annexer – et non à l’éventuelle formation par Netanyahu d’un gouvernement.
Alors même s’il échoue à rassembler une coalition et qu’un gouvernement par intérim conserve le pouvoir dans les prochains mois, les soutiens de l’annexion disposeront d’une majorité à la Knesset grâce au parti Yisrael Beytenu qui a clairement indiqué s’opposer à Netanyahu, mais sûrement pas à la souveraineté israélienne.
Avidgor Liberman, leader de ce parti laïc de droite, a même souligné samedi que sa formation avait montré qu’il était prêt depuis des mois à soutenir cette mesure en soumettant une législation sur l’annexion à la Knesset que Netanyahu, a clamé Liberman, avait torpillée pour éviter de provoquer l’ire de l’administration Trump.
Cette initiative d’envergure devrait d’abord franchir l’étape du procureur général Avichai Mandelblit, qui a mis en garde les députés du gouvernement transitoire, pendant toute l’année passée, contre l’adoption de telles mesures d’ampleur. Il ne s’est toutefois pas exprimé en défaveur de l’annexion quand la question a été soulevée ces derniers mois, et il pourrait choisir de sauver son capital pour les procès de Netanyahu – qui l’auraient placé sur un siège éjectable.
Par conséquence, s’il est certainement trop tôt pour que les partisans de Netanyahu puissent vraiment se réjouir, les soutiens de l’annexion, eux, ont plus d’une raison de sabrer le champagne.
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