Raïssi appelle Washington à « faire preuve de bonne volonté » pour l’accord nucléaire
Le président iranien accuse les États-Unis d'aggraver la guerre en Ukraine; l'envoyé d'Israël quitte la salle et brandit une pancarte réclamant le droit à la liberté des Iraniennes

Dans un discours prononcé mardi devant l’Assemblée générale des Nations unies, le président iranien Ebrahim Raïssi a appelé les États-Unis à faire preuve de « bonne volonté » pour relancer l’accord nucléaire abandonné par Washington en 2018.
« En se retirant du JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action) [l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien], les États-Unis ont violé l’accord et le principe de bonne foi. L’Amérique doit faire preuve de bonne volonté et de détermination », a déclaré Raïssi. « L’Amérique doit rétablir la confiance afin de prouver ses bonnes intentions et sa volonté sincère de remplir ses engagements et de conclure la voie à suivre ».
L’ancien président américain Donald Trump s’est retiré du JCPOA que son prédécesseur Barack Obama avait signé en 2015, le jugeant trop conciliant avec Téhéran, et a préféré mener une politique de sanctions à « pression maximale ». Depuis, l’Iran a considérablement accéléré son enrichissement d’uranium, en violation du JCPOA.
Le successeur de Trump, Joe Biden, avait promis de relancer l’accord, mais son administration soutient que l’Iran a non seulement durci sa position, mais qu’il vend également des drones à la Russie, que Moscou utilise pour ses frappes contre l’Ukraine, raisons pour lesquelles Washington refuse d’envisager un retour au JCPOA pour le moment.
Dans le même discours, Raïssi a accusé les États-Unis d’aggraver la guerre en Ukraine, tout en soulignant que Téhéran soutiendrait un accord de paix.
« Les États-Unis d’Amérique ont attisé les flammes de la violence en Ukraine afin d’affaiblir les pays européens. Il s’agit là hélas d’un plan à long terme », a-t-il déclaré devant l’Assemblée générale des Nations unies.

Plus tôt dans la journée de mardi, les États-Unis ont imposé des sanctions à sept personnes et quatre entreprises en Chine, en Russie et en Turquie qui, selon les autorités, seraient liées au développement du programme iranien de drones.
Raïssi a nié que son pays avait envoyé des drones à la Russie pour que celle-ci les utilise dans la guerre qu’elle mène en Ukraine.
Dans son discours à l’Assemblée générale des Nations unies, il a insisté sur la neutralité de l’Iran, qui s’est en grande partie abstenu de voter des résolutions sur la guerre en Ukraine.
« Nous soutenons toute initiative pour une cessation des hostilités et de la guerre », a déclaré Raissi.
L’envoyé israélien quitte la salle
Peu après le début du discours de Raïssi, l’ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan s’est levé de son siège dans cette assemblée et a brandi une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Les femmes iraniennes ont droit à la liberté ! » et où figurait la photo de Mahsa Amini, morte en garde à vue en Iran après son arrestation parce qu’elle aurait enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique à l’égard des femmes.
Tenant la photo au-dessus de sa tête, Erdan s’est dirigé vers le pupitre où parlait Raïssi avant de sortir de l’hémicycle. Mais avant qu’il n’atteigne la sortie, il a été arrêté par des agents de sécurité de l’ONU qui l’ont escorté hors de l’auditorium.
שגריר ישראל באו"ם גלעד ארדן הניף כרזה עם תמונתה של מהסא אמיני במהלך נאומו של נשיא איראן ראיסי. לאחר מכן יצא ארדן מהאולם יחד עם הדיפלומטים הישראלים pic.twitter.com/6pBPHFF9mM
— Barak Ravid (@BarakRavid) September 19, 2023
L’équipe de sécurité l’a retenu pendant plusieurs minutes à l’extérieur de l’hémicycle avant de le relâcher.
« Un ignoble meurtrier qui appelle à la destruction d’Israël ne devrait pas bénéficier d’une tribune aux Nations unies. Les Nations unies ont une fois de plus atteint des records de bassesse morale », a déclaré Erdan dans un communiqué.
« Pendant que le boucher de Téhéran s’exprime à l’ONU et est respecté par la communauté internationale, des centaines d’Iraniens manifestent, crient et appellent la communauté internationale à se réveiller et à les aider. C’est une honte que les États membres restent pour écouter un meurtrier de masse », a-t-il déclaré.

Erdan a organisé environ une demi-douzaine de walkouts protestataires pendant les discours des dirigeants iraniens, palestiniens et turcs au cours de son mandat d’ambassadeur, son bureau filmant et publiant chaque événement. L’année dernière, il avait également quitté la salle lors du discours de Raïssi.
Des centaines de personnes ont participé à une manifestation devant le siège de l’ONU plus tôt mardi contre Raïssi, appelant à sa destitution en raison de son bilan en matière de droits de l’homme et de celui de son régime.