Réactions internationales après les frappes israéliennes en Iran
Tsahal a mené des frappes aériennes contre l'Iran, touchant des bases militaires, des sites de missiles et d'autres systèmes dans plusieurs régions
Les dirigeants occidentaux ont exhorté samedi l’Iran à ne pas répondre aux frappes menées, dans la nuit de vendredi à samedi, contre des sites de fabrication de missiles en Iran par Israël sur son territoire, en riposte aux attaques du régime islamique sur l’État juif en avril et au début du mois.
Dans le même temps, les nations arabes et musulmanes et le groupe terroriste palestinien du Hamas ont condamné l’opération israélienne baptisée « Jour de Rédemption » et ont estimé qu’il contribuait à l’instabilité régionale.
« Nous demandons instamment à l’Iran de cesser ses attaques contre Israël afin que ce cycle de combats puisse se terminer sans nouvelle escalade », a déclaré à la presse le porte-parole du Conseil national de sécurité (NSC) des Etats-Unis, Sean Savett, dans une position reprise par Londres et Berlin.
L’armée israélienne a mené des frappes aériennes contre l’Iran tôt samedi, touchant des bases militaires, des sites de missiles et d’autres systèmes dans plusieurs régions.
« Leur réponse était un exercice d’autodéfense et a spécifiquement évité les zones peuplées et s’est concentrée uniquement sur des cibles militaires, contrairement à l’attaque de l’Iran contre Israël qui visait la ville la plus peuplée du pays », a ajouté Savett.
Soulignant que les Etats-Unis n’ont pas participé à l’opération, il a déclaré que « notre objectif est d’accélérer la diplomatie et de désamorcer les tensions dans la région du Moyen-Orient ».
Un haut responsable de l’administration du président américain Joe Biden a approuvé les frappes israéliennes « ciblées et proportionnelles » lors d’une conférence de presse, déclarant que le président et son équipe de sécurité nationale avaient travaillé avec les « Israéliens au cours des dernières semaines pour encourager Israël à mener une réponse ciblée et proportionnelle avec un faible risque de dommages aux civils ».
« Il semble que ce soit précisément ce qui s’est passé ce soir », a déclaré le responsable à la presse.
Biden avait encouragé le Premier ministre Benjamin Netanyahu « à concevoir une réponse qui permette de dissuader de nouvelles attaques contre Israël tout en réduisant les risques d’une nouvelle escalade, et c’est là notre objectif ».
Biden a déclaré samedi espérer que ce soit « la fin ». « J’étais avec les services de renseignement (…). On dirait qu’ils (les Israéliens) n’ont pas frappé autre chose que des cibles militaires. J’espère que c’est la fin », a déclaré le président américain à des journalistes.
Voici les principales réactions :
Iran
Téhéran a condamné les frappes sur son territoire en affirmant que l’Iran avait « le droit et le devoir de se défendre ».
« L’Iran considère qu’il a le droit et le devoir de se défendre contre les actes d’agression étrangers, sur la base du droit inhérent de légitime défense qui figure à l’article 51 de la Charte des Nations unies », selon un communiqué de la diplomatie iranienne.
« Il n’y a pas de limites à notre détermination à nous défendre », a indiqué le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi.
Hezbollah
Le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par Téhéran, a qualifié « d’escalade dangereuse au niveau de toute la région » les frappes israéliennes, affirmant que les Etats-Unis « portaient l’entière responsabilité des massacres, des tragédies et de la douleur » causés par Israël.
Nations unies
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres est « profondément inquiet de la poursuite de l’escalade au Moyen-Orient », a déclaré samedi son porte-parole dans un communiqué, en appelant à « toutes les parties pour qu’elles cessent toutes les actions militaires, y compris [contre le groupe terroriste palestinien du Hamas] à Gaza et au Liban, déploient tous les efforts possibles pour empêcher une guerre régionale totale et reviennent sur la voie de la diplomatie ».
Russie
Moscou s’est inquiétée d’une « escalade explosive en cours entre Israël et la République islamique, qui fait peser de réelles menaces sur la stabilité et la sécurité de la région ».
« Nous demandons à toutes les parties concernées de faire preuve de retenue », a ajouté dans un communiqué la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova.
Union européenne
« Le cycle dangereux d’attaques et de représailles risque de provoquer une nouvelle extension du conflit régional », a mis en garde l’UE dans un communiqué.
« Tout en reconnaissant le droit d’Israël à l’autodéfense, l’UE appelle toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue pour éviter une escalade incontrôlable », selon le texte.
Turquie
La diplomatie turque a appelé à « mettre fin à la terreur créée par Israël dans la région » et « condamné » les frappes israéliennes.
« Nous condamnons avec la plus grande fermeté l’attaque israélienne contre l’Iran. En commettant un génocide à Gaza, en se préparant à annexer la Cisjordanie et en tuant des civils chaque jour au Liban, Israël a amené notre région au bord d’une plus grande guerre », selon Ankara.
Arabie saoudite
Ryad a condamné la première les frappes israéliennes en Iran, mettant en garde contre toute extension du conflit dans la région, où Israël est en guerre contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban.
« Le Royaume d’Arabie saoudite condamne » les frappes israéliennes en Iran et réitère sa « position ferme de rejet de l’escalade du conflit dans la région », qui « menace la sécurité et la stabilité des pays et des peuples » au Moyen-Orient, a indiqué le ministère des Affaires étrangères sur X.
Pakistan
Le Pakistan a également « condamné » les frappes israéliennes, faisant porter « l’entière responsabilité de l’escalade et de l’extension du conflit » à Israël, qu’il ne reconnaît pas.
Le Pakistan, grand allié régional des Etats-Unis, partage une longue frontière avec l’Iran.
Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif s’est dit sur X « très inquiet de l’agression israélienne contre l’Iran ».
« Israël porte l’entière responsabilité du cycle actuel d’escalade et d’expansion du conflit. Nous appelons le Conseil de sécurité des Nations unies à jouer son rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à l’insouciance d’Israël dans la région et à son comportement criminel. »
Irak
L’Irak a dénoncé l’inaction mondiale à l’égard d’Israël, qu’il accuse d’étendre le conflit au Moyen-Orient.
Le gouvernement irakien a mis en garde contre les « conséquences dangereuses » résultant du « silence de la communauté internationale » face au « comportement brutal » d’Israël.
« L’entité sioniste occupante [Israël] poursuit ses politiques agressives et aggrave le conflit dans la région par des attaques flagrantes qu’elle mène en toute impunité », y compris contre des cibles iraniennes, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Basim Alawadi, dans un communiqué dénonçant « le silence de la communauté internationale » sur les actions israéliennes.
Syrie
Exprimant sa « solidarité » avec Téhéran, la Syrie a soutenu « le droit légitime de l’Iran à se défendre » contre « l’agression israélienne » qu’elle a condamnée.
Jordanie
La Jordanie a également « condamné » les frappes israéliennes. Le royaume a fait part de son « rejet absolu de l’escalade dangereuse dans la région et des violations du droit international ».
Afghanistan
Le gouvernement taliban en Afghanistan a condamné samedi les frappes israéliennes en Iran, y voyant « une tentative d’aggraver » la situation au Moyen-Orient.
Ces frappes sont « une tentative d’aggraver la violence dans la région, ce qui intensifie et complique un peu plus la situation défavorable de la région », affirme le ministère des Affaires étrangères, dans un communiqué.
Royaume-Uni
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré que l’Iran ne devait « pas répondre » aux frappes israéliennes.
« Il est clair qu’Israël a le droit de se défendre contre l’agression iranienne, et il est tout aussi clair que nous devons éviter une nouvelle escalade régionale, et j’exhorte toutes les parties à faire preuve de retenue », a-t-il indiqué.
« L’Iran ne devrait pas répondre », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Samoa, où il participait à une réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth.
France
La France a appelé les parties en présence « à s’abstenir de toute escalade et action susceptibles d’aggraver le contexte d’extrême tension » au Moyen-Orient, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Allemagne
Le chancelier allemand Olaf Scholz a aussi mis en garde samedi Téhéran contre toute « escalade ». « Cela doit cesser maintenant. C’est alors que s’ouvrira la possibilité d’une évolution pacifique au Proche-Orient », a dit Scholz sur X.
Venezuela
Le Venezuela « rejette et condamne les attaques perpétrées par le régime sioniste du [Premier ministre Benjamin] Netanyahu […] qui constituent un nouvel acte d’agression injustifié », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, dénonçant des « actions terroristes et génocidaires contre la Palestine et le Liban » d’Israël.
Algérie
L’Algérie a exprimé « sa solidarité avec ses frères d’Iran après cette agression odieuse » menée « par l’armée d’occupation israélienne », laquelle a plongé la région « dans un cycle sans fin d’insécurité, d’instabilité et d’absence de paix ».
Tunisie
La Tunisie a mis en garde « contre les graves conséquences des attaques menées par l’entité sioniste […] dans une tentative effrénée de déclencher une guerre régionale dévastatrice ».
Espagne
Le gouvernement espagnol a appelé samedi « les parties à la retenue » et réitéré son « appel à arrêter l’escalade et la montée de la violence » au Moyen-Orient.
Brésil
Le gouvernement brésilien a exprimé sa « préoccupation », condamné « l’escalade du conflit » et appelé « au maximum de retenue de la part de toutes les parties impliquées », réitérant « sa conviction de la nécessité d’un large cessez-le-feu dans tout le Moyen-Orient ».
Egypte
L’Egypte s’est déclarée « gravement préoccupée » par l’escalade au Moyen-Orient et a condamné toutes les mesures qui menacent la sécurité et la stabilité régionales, a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Emirats arabes unis
Les Emirats arabes unis, alliés d’Israël, ont déclaré qu’ils « condamnaient fermement le ciblage militaire de la République islamique d’Iran et ont exprimé leur profonde inquiétude face à la poursuite de l’escalade et à son impact sur la sécurité et la stabilité régionales ».
Le ministère a souligné « l’importance de faire preuve des plus hauts niveaux de retenue et de sagesse pour éviter les risques et l’extension du conflit ».
Qatar
Le Qatar, allié de l’Iran, qui a joué un rôle clé de médiateur entre Israël et le Hamas pendant la guerre à Gaza, a condamné les frappes aériennes israéliennes et a appelé à la retenue et au dialogue pour éviter l’instabilité régionale.
Des frappes généralisées
Israël a frappé des sites militaires en Iran tôt samedi, affirmant avoir atteint ses objectifs et avertissant l’Iran de ne pas réagir. Une agence de presse iranienne semi-officielle a promis une « réaction proportionnelle » aux actions israéliennes contre Téhéran.
Les médias iraniens ont fait état de multiples explosions survenues pendant plusieurs heures dans la capitale et dans les bases militaires voisines, à partir de 2h du matin.
Tsahal a indiqué plus tard avoir achevé ses attaques « ciblées » en Iran, frappant des installations de fabrication et des sites de lancement de missiles et de drones, ainsi que des réseaux de missiles sol-air (SAM).
Les cibles n’incluaient ni infrastructures énergétiques ni les installations nucléaires iraniennes.
L’Iran a affirmé que ses systèmes de défense aérienne avaient réussi à contrer l’attaque d’Israël, avec des « dégâts limités » sur certains sites.
Le Moyen-Orient a été mis à rude épreuve dans l’attente des représailles d’Israël à la suite d’un tir de barrage de missiles balistiques effectué par l’Iran le 1er octobre. L’Iran a tiré 201 missiles sur Israël, envoyant des millions d’Israéliens dans des abris, mais ne tuant qu’un seul Palestinien en Cisjordanie, tout en causant des dégâts mineurs à des bases aériennes.
Cette rapide escalade de la violence a ravivé les craintes, dans toute la région et au-delà, d’une guerre plus vaste, opposant Israël à l’Iran et à ses alliés qu’il surnomme « l’axe de la résistance » sur de multiples fronts.
« L’axe de la résistance », est le terme utilisé par les responsables iraniens pour désigner la République islamique et ses alliés anti-Israël, tels que le Hezbollah, les Houthis du Yémen et d’autres milices chiites en Irak et en Syrie.
Ces dernières semaines, l’Iran a prévenu que toute attaque contre ses infrastructures provoquerait une « réponse encore plus forte », tandis que le général du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé de l’Iran, Rassul Sanairad, a déclaré qu’une attaque contre des sites nucléaires ou énergétiques franchirait une ligne rouge.
Savett a déclaré que « si l’Iran choisit de répondre, nous sommes entièrement prêts à défendre à nouveau contre toute attaque », rappelant le récent déploiement par les Etats-Unis de batteries de défense antimissile THAAD en Israël.
« Cela devrait être la fin de cet échange direct de tirs entre Israël et l’Iran » , a déclaré le responsable américain, ajoutant « qu’Israël a clairement fait savoir au monde que sa réponse était désormais complète ».
« En conséquence, nous demanderons à tous les pays influents de faire pression sur l’Iran pour qu’il mette fin à ces attaques contre Israël. »