Refonte judiciaire : Mise en garde des répercussions sur la santé mentale
Des dizaines de psychiatres ont averti Netanyahu et Herzog, que tôt ou tard, tout les Israéliens ressentiront des "dommages irréversibles" dus à l'impact de la réforme
Des dizaines de psychiatres de renom ont mis en garde contre les dangers pour la santé mentale que pourrait entraîner le projet de refonte radicale du système judiciaire du gouvernement, affirmant qu’il aurait des répercussions étendues et persistantes pendant des années.
Cette mise en garde a été formulée dans une lettre envoyée au Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui mène une campagne éclair pour légiférer sur ces projets, et au président Isaac Herzog, qui a appelé à un ralentissement et à un compromis avec ceux qui s’y opposent, a rapporté la Douzième chaîne.
La lettre a été signée par Zvi Fishel, ancien président de l’Association psychiatrique israélienne, et par des dizaines d’autres experts de premier plan dans ce domaine, qui ont déclaré qu’ils s’étaient eux aussi joints aux manifestations de masse contre les changements proposés.
« Il n’y a personne dans le pays qui puisse rester indifférent à un tel tremblement de terre », ont-ils écrit. « Certains réagiront plus tôt et d’autres plus tard, mais la structure mentale de tous ceux qui vivent dans le pays subira un choc. »
Ce résultat se manifestera de diverses manières, selon les experts.
« Les réactions intériorisées pousseront les gens à se lever et à partir pour d’autres pays, tandis que d’autres s’enfermeront chez eux et développeront des réactions d’anxiété et de dépression », ont-ils prédit. « Les réactions extraverties, plus visibles, comprennent la rage et la violence au sein de divers cercles qui estiment que tout est désormais permis avec le soutien du gouvernement – y compris se déchaîner et blesser d’autres personnes. »
La lettre prévient en outre que « le traumatisme croissant qui en résultera nous accompagnera pendant de nombreuses années et affectera également les générations futures – et les dommages seront irréversibles ».
Selon la Douzième chaîne, il serait irresponsable et impardonnable de ne pas prendre en compte les conséquences d’un changement de régime aussi radical sur la vie des gens.
La lettre affirme en outre, sans preuve, que les membres des forces de sécurité commettent des actes de violence à l’encontre des manifestants en raison du chaos et de la confusion qui règnent en leur sein.
La coalition de Netanyahu, composée de partis de droite, d’extrême droite et d’ultra-orthodoxes, a mis en place une législation visant à affaiblir la Cour suprême d’Israël et à lui donner le contrôle de la nomination des juges du pays.
Les partis ultra-nationalistes et ultra-orthodoxes assurent qu’il s’agit d’une mesure attendue depuis longtemps pour limiter ce qu’ils considèrent comme une influence démesurée de la part de juges non élus. Mais les critiques affirment que ce plan détruira le fragile système israélien d’équilibre des pouvoirs en concentrant le pouvoir entre les mains de Netanyahu et de sa majorité parlementaire. Ils estiment également qu’il s’agit d’une tentative de la part de Netanyahu, qui fait l’objet d’un procès pour corruption, d’échapper à la justice.
Des centaines de milliers d’Israéliens sont descendus dans la rue au cours des deux derniers mois pour protester contre cette réforme radicale.
Des leaders de la high-tech, des économistes lauréats du Prix Nobel et d’éminents responsables de la sécurité se sont exprimés contre ce projet, des réservistes ne se présentent plus au travail et même certains des plus proches alliés d’Israël, dont les États-Unis, ont exhorté Netanyahu à ralentir le processus. Les efforts répétés de Herzog pour parvenir à un compromis n’ont pas porté leurs fruits.
Samedi soir, des centaines de milliers d’Israéliens ont participé à des manifestations dans tout le pays contre le plan judiciaire.
Les organisateurs ont promis d’intensifier les manifestations si la coalition n’interrompt pas le processus législatif, déclarant que jeudi prochain serait une « journée nationale de paralysie ».