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Restitution de biens: Yair Lapid riposte au Premier ministre polonais

Mateusz Morawiecki a juré que la Pologne ne paierait jamais les restitutions de biens Juifs volés pendant la Shoah ; la polémique enfle autour d'une nouvelle loi dans le pays

Le drapeau polonais. (Crédit : Pixabay)
Le drapeau polonais. (Crédit : Pixabay)

Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a riposté au Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, qui a juré que la Pologne ne paierait jamais les restitutions de biens Juifs volés pendant la Shoah.

Le chef du gouvernement de la Pologne a tenu ces propos lorsqu’il a été interrogé sur la condamnation, par Lapid, d’une législation polonaise qui interdirait les paiements d’indemnisation. Le chef de la diplomatie israélienne a estimé que le texte était « immoral ».

« Le Premier ministre polonais devrait se pencher sur les faits une nouvelle fois. Des millions de Juifs ont été assassinés sur le sol polonais et aucune loi ne saura effacer leur mémoire. L’argent polonais ne nous intéresse pas et l’allusion qui est faite est antisémite », a déclaré Lapid dans un communiqué.

Il a ajouté que « nous luttons pour maintenir le souvenir des victimes de la Shoah, pour la fierté de notre nation et nous ne permettrons à aucun parlement d’adopter une législation dont l’objectif est de nier la Shoah ».

La Pologne a annoncé dimanche avoir convoqué la chargée d’affaires israélienne à Varsovie après que l’ambassade d’Israël a qualifié d' »immorale » une nouvelle loi polonaise qui pourrait bloquer des restitutions de biens juifs spoliés par les nazis allemands pendant la Seconde guerre mondiale.

Le vice-ministre polonais des Affaires étrangères Pawel Jablonski a indiqué à la télévision publique TVP qu’au cours de la rencontre prévue lundi, le gouvernement polonais expliquerait à la chargée d’affaires Tal Ben-Ari Yaalon « d’une manière factuelle de quoi il est question ».

« Nous croyons que malheureusement nous avons affaire ici à une situation que certains hommes politiques israéliens exploitent à des fins politiques intérieures », a-t-il ajouté.

De son côté, le ministère des Affaires étrangères israélien a annoncé qu’il a convoqué l’ambassadeur polonais Marek Magierowski au sujet de cette loi.

Magierowski a été convoqué pour une conversation avec Alon Bar, le directeur politique du ministère.

Bar a dit à Magierowski que cette loi « y aura un impact sur les relations entre les pays et a souligné qu’il n’était pas trop tard pour que la Pologne arrête les processus qui impliquent un manquement à ses obligations, et qu’elle reprenne le dialogue sur la question de la restitution des biens », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

L’ambassadeur de Pologne en Israël, Marek Magierowski. (Photo de l’ambassade de Pologne)

« Il ne s’agit pas d’un argument historique sur la responsabilité de la Shoah, mais plutôt de l’obligation morale de la Pologne », a-t-il ajouté.

L’ambassade israélienne avait tweeté jeudi, après l’adoption du texte par les députés polonais, que « cette loi immorale » allait « sérieusement frapper les relations entre » les deux pays.

Elle « rendra en effet impossible la restitution des biens juifs ou la demande d’indemnisation pour les survivants de la Shoah et leurs descendants, ainsi que pour la communauté juive dont la Pologne a été la patrie pendant des siècles. C’est incompréhensible », avait ajouté l’ambassade.

Les auteurs de la proposition l’estiment nécessaire pour mettre la législation en accord avec une décision du Tribunal Constitutionnel. Celui-ci avait estimé en 2015 qu’une date limite devait être imposée à toute contestation d’une décision administrative. La loi prévoit donc une limite allant de 10 ans jusqu’à 30 ans, selon les cas.

Vendredi, le ministère polonais des Affaires étrangères avait déclaré que l’introduction de délais conduirait « à l’élimination des abus et des irrégularités qui se sont largement produits dans les processus de reprivatisation » après la fin de l’ère communiste.

« Les nouvelles dispositions ne limitent en rien la possibilité d’engager des actions civiles en réparation, quelle que soit la nationalité ou l’origine du demandeur », avait encore souligné le ministère.

« La Pologne n’est en aucun cas responsable de la Shoah, une atrocité commise par l’occupant allemand également à l’encontre des citoyens polonais d’origine juive », avait-il ajouté.

En Pologne, où six millions de citoyens dont trois millions d’origine juive ont été assassinés pendant la Deuxième guerre mondiale par les nazis allemands, la question des restitutions n’a toujours pas été réglée.

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