Retour sur la venue de la délégation officielle émiratie en Israël
Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, impliqué dans le processus de normalisation, a accompagné la délégation sur un vol de la compagnie Etihad Airways
Une délégation des Émirats arabes unis s’est rendue mardi en Israël, pour une première visite officielle de cinq heures, depuis la normalisation entre les deux pays, annoncée le 13 août.
Le ministre d’État aux Affaires financières Obaid Al-Tayer et le ministre de l’Économie Abdallah ben Touq Al-Mari ont été accueillis à l’aéroport international Ben Gurion à Tel Aviv par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre des Affaires Étrangères Gabi Ashkenazi et le conseiller à la sécurité nationale Meir Ben-Shabbat. Ce dernier aurait activement participé à la signature de l’accord.
Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, impliqué dans le processus de normalisation, a accompagné la délégation sur un vol de la compagnie émiratie Etihad Airways.
Les Emirats et Israël ont signé le 15 septembre à Washington, sous la houlette du président Donald Trump, l’accord de normalisation. Bahreïn a signé le même jour un accord similaire. Ces deux États du Golfe sont les premiers pays arabes à normaliser les relations avec l’État hébreu depuis l’Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994.
Le gouvernement émirati a ratifié lundi l’accord, validé la semaine dernière par le Parlement israélien.
« Les Émirats se préparent à envoyer leur première délégation officielle en Israël », avait tweeté Hend Al-Otaiba, directrice de la communication stratégique au ministère émirati des Affaires étrangères.
Selon le site d’information Walla, de hauts fonctionnaires du bureau du Premier ministre étaient également à bord du vol en provenance d’Abou Dhabi.
Les fonctionnaires étaient à Manama lundi pour la signature de l’accord de normalisation avec Bahreïn, et au lieu de retourner en Israël, se sont rendus secrètement à Abou Dhabi pour des entretiens avec des fonctionnaires émiratis.
À bord du vol EY8014 d’Abu Dhabi à Tel Aviv, le capitaine Naeem Alameri a salué les passagers : « C’est un moment historique pour les Émirats arabes unis et Israël, et nous sommes impatients de voir salaam [la paix] dans notre région ».
https://twitter.com/aviberkow45/status/1318440057003409408
البعثة الإماراتية وصلت إلى إسرائيل! pic.twitter.com/1L6RqoSw5t
— Ofir Gendelman (@ofirgendelman) October 20, 2020
Après l’atterrissage, la délégation a signé quatre accords bilatéraux avec Israël, dont une exemption de visas.
Durant la cérémonie d’accueil à Ben Gurion, les États-Unis, Israël et les Émirats arabes unis ont également annoncé la création d’un fonds trilatéral destiné à la coopération et la prospérité régionales.
Après la rencontre officielle sur le tarmac, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a pris la parole, de même que le secrétaire au Trésor américain Mnuchin, le ministre d’État aux affaires financières des Émirats arabes unis Obaid Humaid Al Tayer et le PDG de la Société financière de développement international des États-Unis Adam S. Boehler.
« Aujourd’hui, nous entrons dans l’Histoire », a déclaré le Premier ministre quelques minutes après que l’avion d’Etihad s’est posé sur le sol israélien. « L’enthousiasme vis-à-vis de cet accord de paix au sein de notre peuple est énorme. Il est réel, il est vaste, il est profond et il reflète le potentiel de ce que nous accomplissons aujourd’hui. »
Netanyahu a énuméré les quatre domaines de coopération entre Jérusalem et Abou Dhabi : l’exemption de visas, la protection des investissements, l’aviation et la coopération scientifique. Il a promis que cela bénéficiera aux peuples des deux nations, notamment grâce à l’établissement de vols réguliers.
The dawn of a new era.
???????? ???????? pic.twitter.com/5Xdg6jw356— Etihad Airways (@etihad) October 20, 2020
Israël et les Émirats doivent signer un accord autorisant 28 vols commerciaux hebdomadaires entre les deux pays, selon un responsable du ministère israélien des Transports.
Un premier vol commercial direct s’était rendu de Tel-Aviv à Abou Dhabi fin août, avec à son bord une délégation officielle israélienne.
« La visite d’une éminente délégation émiratie et les accords que nous sommes sur le point de signer montrera à nos peuples, à la région et au monde entier les avantages qu’il y a à entretenir des échanges amicaux, pacifiques et normalisées », a-t-il dit. « Je pense que de plus en plus de gouvernements du Moyen-Orient comprennent, comme nous aujourd’hui, que nous sommes plus efficaces quand nous sommes ensembles, amis. »
Juifs et Arabes descendent du patriarche biblique Abraham et « c’est d’après lui que nous avons nommé cette initiative de paix historique. Fidèles à son esprit, nous espérons développer un Moyen-Orient où règnent la coexistence et la coopération, l’entente et le respect mutuel. »
Netanyahu a remercié le président américain Donald Trump et le prince héritier Mohammed bin Zayed al-Nahyan pour avoir rendu le rapprochement émirati-israélien possible.
« Nous nous souviendrons de ce jour comme d’un jour glorieux pour la paix. »
Netanyahu a souligné qu’en raison des restrictions liées au coronavirus, ses invités émiratis devront rester à l’aéroport et ne pourront pas visiter le pays. Il les a toutefois invités à renouveler leurs visites une fois que les restrictions seront levées.
Le secrétaire d’État américain au Trésor Steven Mnuchin représentait l’administration Trump durant la cérémonie.
« Les accords d’Abraham permettent d’établir des liens économiques directs entre les deux économies les plus prospères et les plus avancées du Moyen-Orient. Ces liens posent les bases d’une croissance économique, les opportunités, l’innovation et la prospérité », a-t-il déclaré.
« La prospérité économique permettra de renforcer la sécurité. Aux côtés des États-Unis, Israël et les Émirats arabes unis partagent une même vision concernant les menaces et les opportunités dans la région. »
Le ministre émirati aux Finances Obaid Al-Tayer s’est quant à lui dit honoré d’être en Israël pour une « visite informative et productive, [destinée] à approfondir la compréhension bilatérale et tirer profit du leadership des deux pays et des grandes opportunités qui s’offrent à nous ».
Al Tayer a déclaré que Jérusalem et Abou Dhabi avait fait des « progrès significatifs depuis la signature des Accords d’Abraham à Washington, le 15 septembre.
Durant la cérémonie d’accueil, le Premier ministre israélien a également évoqué la création d’un fonds trilatéral destiné à la coopération et la prospérité régionales.
Le Fonds Abraham sera basé à Jérusalem.
« Le fonds d’investissement Abraham permettra de renforcer encore davantage le changement historique que nous sommes en train de faire. C’est un investissement dans l’infrastructure. C’est, en réalité, un investissement dans le futur et dans de nombreux projets », a annoncé Netanyahu.
Exemptions de visas
Israël et les Émirats arabes unis ont décidé d’exempter leurs ressortissants de visas, une première pour des citoyens d’un pays arabe.
Cette exemption devra être ratifiée par les deux pays avant d’entrer en vigueur.
« Nous exemptons nos ressortissants de visas », a fait savoir Netanyahu sur le tarmac de l’aéroport Ben Gurion de Tel-Aviv.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a confirmé à l’AFP que les Émiratis étaient désormais les seuls ressortissants d’un pays arabe à pouvoir se rendre en Israël sans visa.
Avec des économies durement touchées par les conséquences de la pandémie de Covid-19, Israël et les Emirats espèrent recueillir rapidement les fruits de leurs nouvelles relations, qui ont rompu un « consensus arabe » conditionnant toute normalisation avec Israël à un règlement du conflit israélo-palestinien.
Face à l’Iran
Les accords entre les Emirats et Israël vont contribuer à améliorer la sécurité régionale et « à assurer la prospérité économique pour toutes les nations concernées », a déclaré lundi M. Mnuchin après avoir discuté à Abou Dhabi des « opportunités de coopération prometteuses attendant les deux pays », selon l’agence émiratie WAM.
Les Émirats et Bahreïn, des monarchies arabes sunnites du Golfe, n’ont jamais été en conflit avec l’Etat hébreu mais partagent avec Israël une animosité envers l’Iran chiite, l’ennemi numéro un de Washington dans la région.
Ils sont des alliés de l’Arabie saoudite, chef de file des monarchies du Golfe et rival régional de l’Iran.
L’administration Trump tente de convaincre d’autres pays arabes, comme l’Arabie saoudite et le Soudan, de se rapprocher d’Israël.
Une reconnaissance d’Israël par le royaume saoudien constituerait un véritable tournant au Moyen-Orient. Mais les responsables saoudiens ont fait savoir qu’ils n’avaient pas l’intention de suivre l’exemple des Émirats et de Bahreïn.