Rima Hassan, accusée de soutenir le Hamas, sur la liste LFI aux Européennes
L’activiste n’avait jusqu'alors jamais milité au sein de LFI ; ses combats concernent uniquement les Palestiniens et la lutte contre Israël, sans position sur la France ou l’Europe
Rima Hassan, 31 ans, juriste et activiste française d’origine palestinienne qui a grandi dans le camp de réfugiés palestiniens de Neyrab, en Syrie, a profité de la guerre actuelle pour se faire connaitre du grand public, multipliant ces derniers mois les polémiques et les prises de position extrêmes.
En novembre, elle avait notamment donné une interview controversée au média Le Crayon, dans laquelle on entend trois questions : « Le Hamas mène-t-il une action légitime ? L’État d’Israël a-t-il un droit de défense ? La solution à deux États est-elle possible ? ». « Vrai, faux, faux », répond-elle.
Alors que la France insoumise (extrême-gauche) a présenté mercredi sa liste pour les élections européennes à venir, qui sera menée par Manon Aubry, le parti a fait la surprise de placer en septième place l’activiste controversée.
« Je ne crois pas que [Rima Hassan] soit une personnalité clivante », a défendu le coordinateur de LFI Manuel Bompard, assurant que c’était « un honneur de l’avoir sur notre liste ». Elle est accusée d’avoir soutenu le Hamas ? « Nous aussi, c’est pas pour ça que c’est vrai », a-t-il répondu.
Défendre la cause palestinienne est une chose, soutenir le Hamas en est une autre.
L'activiste Rima Hassan ressemble à une progressiste, parle comme une progressiste mais suit l'agenda des intégristes du Hamas et justifie les exactions du 7 Octobre.
Forbes s'honorerait à ce… pic.twitter.com/aOEIyy14RL
— Yonathan Arfi (@Yonathan_Arfi) January 29, 2024
« C’est une liste à la hauteur de tous les combats que nous allons mener » et « à l’image du peuple », a déclaré Manon Aubry, réitérant son appel au rassemblement de « tous les orphelins de la Nupes ».
Au total, la liste compte actuellement 79 candidats, et elle est désormais soumise à la consultation des militants insoumis jusqu’au 15 mars midi, veille d’une convention de l’Union populaire à Villepinte, qui lancera officiellement la campagne du parti. Deux derniers candidats en position non-éligible, dont sans doute Jean-Luc Mélenchon, seront présentés lors de la Convention du 16 mars.
Certains noms, dont celui de Rima Hassan en septième position, pourraient être des décisions remises en question par les militants : l’activiste n’a en effet jusqu’alors jamais milité au sein de LFI et ses combats concernent uniquement les Palestiniens et la lutte contre Israël, sans aucune position connue sur la France ou l’Europe, alors que l’inflation et le pouvoir d’achat seraient, de très loin, les priorités des Français, devant les questions de sécurité, de protection sociale et d’immigration, selon un récent sondage publié par Le Figaro. Aussi, les positions de Rima Hassan sur le Proche-Orient divergent même de celles de LFI : quand le parti dit vouloir une solution à deux États, elle rejette cette idée, voulant un seul État, avec Palestiniens et Juifs, qui mettrait ainsi fin au projet sioniste.
Le parti, depuis longtemps accusé d’antisémitisme et d’apologie du terrorisme, qui compte actuellement six sièges au Parlement européen, pourrait peut-être remporter sept ou huit sièges lors de ces élections des 9 et 16 juin 2024, selon les derniers sondages. Rima Hassan se trouve ainsi en position éligible, à la limite, ce qui laisse à penser que LFI a voulu, dans le cadre de sa campagne pour les élections européennes, profiter de sa large notoriété dans les milieux anti-Israël vindicatifs, sans pour autant lui garantir à 100 % un siège de députée.
Une telle nomination semble poursuivre la stratégie de « bordélisation » du parti : si elle est élue, il est à craindre que l’hémicycle européen ne subisse lui aussi un certain chaos, comme à l’Assemblée nationale française, où les débats n’ont jamais été aussi houleux et véhéments, voire même violents, avec des polémiques quasi hebdomadaires provoquées par LFI.
Si Rima Hassan a condamné « les crimes de guerre du Hamas », elle a aussi dénoncé « l’impunité d’Israël » et le « génocide » des Palestiniens. « From the river to the sea. On veut libérer TOUS les palestiniens. Ceux des camps, ceux de Gaza, ceux de Jérusalem, ceux de la Cisjordanie, ceux d’Israël et tout ceux de la diaspora », avait-elle notamment écrit sur X, provoquant la polémique et mettant dans une situation délicate L’Oréal qui l’engageait en tant que « membre experte du conseil global pour la diversité et l’inclusion » et qui l’a depuis suspendue.
« From the river to the sea » est un slogan interprété comme antisémite, car il rejette le droit à toute présence juive entre le fleuve Jourdain et la mer Méditerranée, là où se trouve l’État d’Israël.
Rima Hassan a fondé le collectif Action Palestine France et l’ONG Observatoire des camps de réfugiés et a été par le passé rapporteure à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).
Parfois présentée comme « pro-Hamas » en raison de ses positions extrêmes, elle a été classée parmi les quarante femmes « d’exception » du magazine américain Forbes en 2023 – ce qui a là aussi causé une large polémique. Dans ce cadre, l’animateur Arthur l’a accusée sur Instagram de faire « l’apologie du terrorisme du Hamas », allant jusqu’à la qualifier « d’antisémite ».
L’AFP a participé à cet article.