Rouen : Un grand nettoyage de Stolpersteine en hommage aux victimes de la Shoah
Cinq parcours étaient proposés, menant les 40 participants de pavé en pavé, permettant aux 83 Stolpersteine de la ville d’être remis à neuf
Un grand nettoyage de Stolpersteine a été organisé ce dimanche 15 janvier à Rouen et dans son agglomération, en hommage aux victimes de la Shoah.
Une quarantaine de personnes ont ainsi participé à l’évènement, remettant à neuf ces pavés de la mémoire, a rapporté Le Parisien. Cinq parcours étaient proposés à travers la ville, les menant de pavé en pavé. Les 83 Stolpersteine de la ville, inaugurés entre 2020 et 2022 et disposés à 20 adresses différentes de la ville, ont ainsi pu être nettoyés (Rouen est la ville française qui en compte le plus). S’ils sont régulièrement entretenus par les bénévoles de l’association porteuse du projet, Pavés de mémoire Rouen métropole, la pollution de la ville salit rapidement les inscriptions des pavés.
Parmi les participants, se trouvaient une famille de victimes et des élèves venus avec leur professeur d’histoire, tous rassemblés pour faire vivre la mémoire des victimes. Environ 1 000 élèves de Rouen ont déjà été associés à ce devoir de mémoire, via ces pavés.
La date du 15 janvier n’a pas été choisie par hasard : elle commémorait le 80e anniversaire de la grande rafle des Juifs des 15-17 janvier 1943, lors de laquelle 222 personnes ont été déportées en Seine Inférieure, ex-nom de la Seine-Maritime – dont 146 personnes à Rouen et les communes limitrophes.
« À Rouen et dans sa banlieue, les arrestations ont principalement lieu dans la nuit du 15 au 16 janvier 1943, après le couvre-feu, au domicile des victimes. Les personnes arrêtées sont alors rassemblées dans le centre d’internement et de regroupement avant d’être emmenées à la gare où elles prennent le train de 5h45 pour Paris. Elles sont acheminées vers le camp de Drancy. De Drancy, la plupart des victimes de la rafle sont déportées à Auschwitz où elles sont assassinées, la majorité est gazée immédiatement », a expliqué l’association Pavés de mémoire, dirigée par Corinne Bouillot, maître de conférences à l’université de Rouen.
Des poses de pavés de la mémoire sont régulièrement organisées en France, comme partout en Europe.
Créés par l’artiste allemand Gunter Demnig, ils visent à rendre hommage aux personnes mortes dans les camps de concentration nazis. On compte aujourd’hui près de 85 000 pavés recouverts d’une plaque de laiton posés à travers 25 pays d’Europe depuis les années 1990.
Ils viennent rappeler le destin des victimes du nazisme, qu’elles soient Juives, Tziganes, homosexuelles, handicapées ou opposants politiques. Gravés à la main par le sculpteur Michael Friedrichs-Friedlander, ils sont généralement posés devant le dernier domicile des personnes, avant leur expulsion et leur déportation, et citent leurs noms, leur année de naissance, et leur parcours de déportation.
Fin 2020, la mairie de Paris avait refusé la pose de ces petits pavés de la mémoire dans les rues de la capitale, affirmant qu’ils n’étaient « pas adaptés au travail de mémoire parisien ».
En France, outre Rouen, on trouve des pavés de la mémoire notamment dans les villes de Strasbourg et Bordeaux ou encore en Vendée.