Saar à Netanyahu : Pas de coup d’Etat ; il faut un nouveau leader à Israël
Le député dit que les attaques irresponsables et destructrices contre les forces chargées de l'application de la loi mènent au "chaos"

Le haut-responsable du Likud, Gideon Saar, a fustigé samedi le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour avoir qualifié les mises en examen décidées à son encontre de tentative de coup d’Etat et il a demandé l’organisation immédiate de Primaires au sein du Likud, clamant qu’il pourrait « facilement former un gouvernement ».
Le député du Likud a averti que la réponse de Netanyahu aux inculpations criminelles qui ont été annoncées jeudi par le procureur-général Avichai Mandelblit était « irresponsable » et « dangereuse ».
Le Premier ministre a en effet clamé que les dossiers ont été fabriqués de toutes pièces et que l’affaire nécessitait l’ouverture d’une enquête sur les enquêteurs.
« Ce n’est pas un coup d’Etat. Ce n’est pas juste », a dit Saar. « Ce n’est pas responsable de dire cela. Cela nuit à la stature du Likud en tant que parti d’Etat. De tels propos visent, non à réformer, mais bien à détruire la hiérarchie des forces chargées de l’application de la loi ».
« On ne peut pas qualifier la décision prise par le procureur-général de tentative de coup d’Etat », a-t-il insisté, notant que Mandelblit est un « homme intègre » et qu’il a été nommé par Netanyahu.
« Cela entraînera le chaos dans le pays », a-t-il mis en garde.
Il a également déploré « ce poison, cette diabolisation de sections de la population ».
Saar a souligné que Netanyahu bénéficiait de la présomption d’innocence et expliqué qu’il espérait que le Premier ministre pourrait blanchir son nom. Il a aussi noté qu’il n’y avait aucune contre-indication légale à ce que Netanyahu reste Premier ministre pour le moment.
« Le problème n’est pas légal, il est politique », a-t-il dit.
Il a expliqué que Netanyahu avait donné la preuve au cours des deux derniers scrutins qu’il était incapable de former une majorité et qu’il devait démissionner pour donner sa chance à quelqu’un d’autre à la tête du Likud.
Avec un nouveau leader seulement – comme Saar lui-même – le Likud sera en mesure de rester au pouvoir, de mettre un terme à l’impasse politique et de « sauver la terre d’Israël », a-t-il asséné.
« Lors des deux scrutins précédents, Netanyahu n’est pas parvenu à rassembler un gouvernement. Il avait le soutien total de chacun d’entre nous [au Likud] même s’il avait fait des erreurs, comme la dissolution de la Knesset [au mois de mai] », a expliqué Saar.
« Est-ce que quelqu’un pense vraiment que lors d’un troisième, quatrième, cinquième ou sixième vote, il pourra créer un gouvernement ? Soit cette crise politique va continuer ou, dieu nous en préserve, nous perdrons le pouvoir au profit de nos adversaires », a-t-il affirmé.
La seule manière de sauver l’Etat et de permettre une sortie de crise tout en maintenant le Likud à la tête du pays, a poursuivi Saar, est d’organiser immédiatement des Primaires à la tête du Likud.
« Je le recommande vivement au Premier ministre : Autorisez la tenue de Primaires anticipées, autorisez une compétition libre de manière à ce que nous puissions garantir que le Likud restera au pouvoir, et trouvons la solution pour nous sortir de cette impasse politique qui, vous le dites à juste titre, fait de nous la risée du monde », a-t-il dit.
Il a ajouté que des Primaires devaient absolument être organisées d’ici deux semaines et qu’il faisait appel au député Haim Katz, président du comité central du parti, pour tenter d’obtenir son soutien. Ce qui permettrait au nouveau leader de tenter de former un gouvernement dans la période de 21 jours allouée à la Knesset pour choisir un nouveau législateur chargé de rassembler une majorité – avant que l’Etat juif ne se trouve dans l’obligation de retourner une nouvelle fois aux urnes.

« Si nous sommes en mesure d’aller rapidement à des Primaires, nous pourrons avoir un résultat démocratique, nous pourrons sauver le gouvernement du Likud », a-t-il clamé, prédisant avec confiance qu’il pourrait « facilement former un gouvernement et unir la nation ».
« Il peut y avoir d’autres personnalités qui pensent également pouvoir le faire », a-t-il reconnu. « Et si les électeurs pensent que Netanyahu doit continuer en tant que leader du Likud, ce sera alors la décision des membres du parti ».
Suite à ses propos – tenus lors d’un entretien avec la Douzième chaîne – le parti du Likud a diffusé un communiqué disant que Saar était, comme toujours, déloyal.
« Il est triste de voir qu’au moment où le Premier ministre protège le pays sur tous les fronts, où il oeuvre à préserver la gouvernance du Likud, Gideon Saar, comme à l’ordinaire, n’affiche aucune loyauté et montre une force de subversion maximale », a dit le communiqué.
Saar, jusqu’à présent, a été le seul haut-membre du Likud à défier ouvertement Netanyahu. Il a expliqué samedi qu’il avait été pris pour cible, depuis des années, par Netanyahu et sa famille : « Mais cela ne m’affecte pas. Mon intérêt, c’est le bien-être de l’Etat et du mouvement du Likud ».

La télévision israélienne a toutefois annoncé vendredi que plusieurs éminents députés du Likud s’étaient rencontrés en coulisses pour tenter de trouver un moyen d’écarter Netanyahu.
Saar n’a pas confirmé cette information mais il a indiqué que des propos tenus en privés ne se reflétaient pas nécessairement dans les déclarations publiques.
Selon un reportage diffusé vendredi par la Douzième chaîne, qui n’a pas cité ses sources, ces hauts-responsables du Likud estiment que « l’ère Netanyahu est terminée » et ils sont décidés à essayer de le détrôner à la tête de la formation au cours de la période de 21 jours à venir.
La Treizième chaîne a fait état de discussions similaires à l’écart des projecteurs, une personnalité ayant requis l’anonymat disant que « Nous tentons de trouver un moyen d’arracher le parti de ses mains ».
La Douzième chaîne a fait savoir que d’importants membres du Likud avaient conscience du fait que le seul moyen de renverser Netanyahu, qui tient la formation d’une main de fer depuis plus d’une décennie et a intégré à ses rangs de nombreux loyalistes, était de s’unir derrière un seul candidat – mais ils ne montrent aucun signe d’être en capacité de le faire.
Après le scrutin du mois de septembre et les initiatives manquées de Netanyahu et de son rival, Benny Gantz, à la tête du parti Kakhol lavan, de rassembler une majorité, la Knesset a seulement trois semaines pour trouver un candidat au poste de Premier ministre bénéficiant du soutien de 61 législateurs.
Tandis que le parti Yisrael Beytenu, qui tient un rôle d’arbitre dans l’assemblement d’une majorité, a fait savoir qu’il ne soutiendrait aucun gouvernement limité, et que l’annonce de la mise en examen de Netanyahu semble tuer toute chance d’un accord de partage du pouvoir entre Kakhol lavan et Netanyahu, un nouveau scrutin national – le troisième en moins d’un an – semble presque inévitable.
Mais les législateurs du Likud, qui ont gardé l’anonymat, espèrent dorénavant qu’ils pourront prendre le contrôle de la situation et ils feraient actuellement des sondages pour déterminer la personnalité la plus apte à remplacer Netanyahu.
Le reportage de la Douzième chaîne n’a pas nommé les députés impliqués mais il a néanmoins noté le « silence assourdissant » de plusieurs hautes-personnalités du Likud comme le président de la Knesset, Yuli Edelstein, le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan et Saar.

Selon le reportage diffusé à la télévision, les chances de réussite de ces initiatives sont faibles et il a souligné qu’il serait difficile pour les membres de la haute-hiérarchie du Likud de mettre de côté leurs egos et de s’accorder sur la personnalité la plus apte à diriger le parti.
Selon des analystes de la Douzième chaîne, il faudrait un plongeon spectaculaire dans les sondages ou un jugement émanant du procureur-général qui statuerait l’impossibilité, pour Netanyahu, de prendre la tête d’un gouvernement pour unir les prétendants à son trône.