Sharansky : le projet de loi de l’état juif va « séparer » Israël de la Diaspora
Mentionnant des clauses qui pourraient exclure les Arabes de certaines communautés, réduire leur statut, le chef sortant de l’Agence juive invite la coalition à revoir sa copie
Le président de l’Agence juive Natan Sharansky a fustigé mercredi une clause controversée dans ce que l’on a appelé le projet de loi de l’état juif qui est perçu comme l’ouverture d’une porte pour la création des communautés israéliennes où la résidence serait limitée à ceux qui suivent un certain style de vie religieux ou culturel.
Dans une lettre envoyée au député du Likud Amir Ohana, qui préside le comité spécial avec la charge de finaliser le projet de loi, Sharansky a écrit que s’il est d’accord avec l’idée générale de la loi proposée, certains points vont conduire à creuser le fossé entre les juifs américains – la majorité d’entre eux étant non orthodoxes – et Israël.
« L’Etat d’Israël est le foyer de tout le peuple juif et, pour moi, il est clair qu’il n’y a pas de conflit entre aucun parti ou le mouvement sioniste, a-t-il écrit. Alors que la loi de l’état-nation visait à l’origine à renforcer ce principe, les modifications les plus récentes sont très préoccupantes parce qu’elles séparent les Juifs en Israël et dans la Diaspora ».
La Clause 7B de la loi soutenue par le Likud, que le gouvernement espère voir approuvée à la fin du mois, permettrait à l’état « d’autoriser une communauté composée de personne ayant la même foi et nationalité de maintenir le caractère exclusif de cette communauté ».
Cette partie du texte est vue comme permettant d’exclure des citoyens arabes, ou même d’autres groupes juifs, et a été fortement critiquée en Israël.
« Il est regrettable que des modifications dans le texte du projet de loi renforcent la polémique qui a entouré la question au cours des récentes années concernant la place qu’il faudrait accorder aux différents courants du Judaïsme dans la sphère publique », a déclaré le président sortant de l’Agence juive.
Sharansky a appelé les membres du comité à modifier la loi pour « empêcher une nouvelle séparation » entre les juifs américains et Israël.
Il a aussi souligné que la loi proposée, y compris sa « révocation du statut spécial de la langue arabe », servirait ceux qui soutiennent un boycott d’Israël. Alors que le gouvernement s’efforce de combattre le boycott, a-t-il averti, il serait honteux de donner, dans le même temps, des minution aux mouvements BDS.
« Récemment la Knesset a passé un certain nombre de loi dont l’objectif déclaré était de renforcer la lutte contre le boycott d’Israël, mais elles ont été rédigées et adoptées sans l’opinion de ceux qui combattent véritablement le boycott quotidiennement dans la Diaspora », a-t-il écrit.
Il a conclu avec un appel pour que la Knesset consulte les représentants de la diaspora juive avant de formuler la version finale de la loi.